JO 2026 : Le Maire de Québec en déplacement au siège du CIO, le 11 avril

La Ville de Québec se lancera-t-elle dans la course olympique ? Après avoir écarté une candidature « à moyen terme » pour l’échéance hivernale de 2022, la cité canadienne pourrait cette fois tenter sa chance pour l’obtention des Jeux de 2026.

Critique à l’égard de l’ancien Président du Comité Olympique du Canada et réticent à l’idée d’une candidature canadienne aux JO d’été de 2024, le Maire de Québec semble avoir changé son fusil d’épaule.

(Crédits - Page officielle Facebook de Régis Labeaume)
(Crédits – Page officielle Facebook de Régis Labeaume)

Aujourd’hui, Régis Labeaume envisage en effet une candidature de sa ville pour l’accueil des JO d’hiver en 2026, une candidature qui pourrait être construite conjointement avec la ville américaine de Lake Placid, hôte des JO en 1932 et en 1980.

Deux autres villes pourraient s’allier à Québec : Whistler, hôte d’une partie des compétitions des Jeux d’hiver de Vancouver 2010 et Calgary, Ville Organisatrice des JO d’hiver 1988.

Dans les deux cas, la distance à parcourir pourrait être rédhibitoire : environ 4 800 kilomètres pour rejoindre la première en Colombie-Britannique et environ 3 800 kilomètres pour parvenir à la seconde en Alberta. Pour ce qui est d’une alliance avec Lake Placid, les deux cités seraient distantes de près de 420 kilomètres.

La perspective d’une telle entreprise est en tous cas confortée par la prochaine visite du Maire de Québec au siège du Comité International Olympique (CIO). Le 11 avril prochain, Régis Labeaume s’entretiendra ainsi avec une délégation de l’institution de Lausanne (Suisse) concernant une possible candidature hivernale, et rencontrera surtout le Président du CIO, Thomas Bach.

« Depuis quelques années, j’ai souvent mentionné que le gigantisme des Jeux Olympiques et les coûts astronomiques pour les organiser n’avaient plus de sens. A tel point que plus aucune grande ville ne serait intéressée à les organiser que cette situation amènerait peut-être le CIO à nous appeler.

Ce jour est arrivé le 04 décembre dernier, le CIO invitant Québec à une rencontre visant à présenter leur nouveau cadre de référence, l’Agenda olympique 2020. J’y rencontrerai le Président Thomas Bach et son équipe.

La population de Québec connaît ma position quant aux Jeux Olympiques, et jusqu’à nouvel ordre, elle n’a pas changé.

Nous serons à l’écoute du Président du CIO et vérifierons conjointement une hypothèse de travail pour les Jeux d’hiver de 2026. Une association avec une ou d’autres villes qui possèdent des équipements pour certaines disciplines que nous n’avons pas (bobsleigh et deux tremplins pour le saut à ski) n’est pas à exclure » a précisé Régis Labeaume.

Pour sa part, le Gouvernement du Québec semble lui aussi intéressé par l’opportunité offerte à la région grâce à la réforme olympique.

« Le Gouvernement du Québec voit d’un bon œil cette nouvelle approche du CIO qui semble ouverte à revoir à la baisse les coûts engendrés par la tenue des Jeux Olympiques.

Dans cette optique, Québec appuiera la Ville dans son analyse et sa réflexion à savoir si elle doit aller plus loin à la suite de sa rencontre avec le Président du Comité International Olympique » a ainsi affirmé Sam Hamad, Ministre en charge de l’Administration gouvernementale et responsable de la région de la Capitale Nationale.

En amont de cette visite, un sondage est également venu consolider l’idée d’un projet conjoint. Selon une enquête réalisée par Léger / Le Journal de Québec*, 57% des citoyens se déclarent favorables à une candidature de leur ville en association avec une ou plusieurs cité(s) canadienne(s) ou américaine(s).

Sur la tranche d’âge stratégique des 18-34 ans, le taux de soutien d’un tel projet grimpe à 71%. Mais preuve que l’argument d’une candidature conjointe est une pierre angulaire de la réflexion menée actuellement, seuls 46% des citoyens appuieraient une candidature unique de Québec.

Parmi les autres enseignements du sondage, les sondés perçoivent les Jeux Olympiques comme potentiels vecteurs de retombées économiques.

De fait, 49% des sondés partisans d’une candidature de Québec estiment que l’accueil des Jeux serait bénéfique pour la région. Cette proportion atteint même 73% du côté des sondés favorables à une candidature conjointe.

Résultats du sondage (Crédits - Léger / Le Journal de Québec)
Résultats du sondage (Crédits – Léger / Le Journal de Québec)

Autorisée par la Charte Olympique, le projet de candidature conjointe aux JO d’hiver avait déjà été au cœur de la réflexion puis de l’entreprise conduite par Cracovie (Pologne) dans la course aux JO 2022.

A l’époque, les partisans de la candidature polonaise avaient ainsi justifié l’alliance avec la Slovaquie et ses montagnes par cet extrait du texte fondamental du CIO :

« Pour les Jeux Olympiques d’hiver, lorsque pour des raisons géographiques ou topographiques, il est impossible d’organiser certaines épreuves ou disciplines d’un sport dans le pays d’une Ville Hôte, le CIO peut, à titre exceptionnel, en autoriser le déroulement dans un pays limitrophe ».

D’autres projets d’alliances ont aussi été évoqués depuis : Tijuana (Mexique) et San Diego (Californie / États-Unis) mais aussi Copenhague (Danemark) et Hambourg (Allemagne) pour les Jeux de 2024 mais encore la Malaisie et la Thaïlande pour les Jeux d’été de 2028.

Si à ce moment-là les règles fixées par le CIO étaient limitées aux JO d’hiver, la récente adoption de l’Agenda 2020 a permis d’intégrer les éléments suivants à la Charte Olympique.

Désormais, selon la Règle 34 relative à l’« Emplacement, lieux et sites des Jeux Olympiques », mentionne que « la Commission exécutive du CIO peut, à sa discrétion, autoriser :

– l’organisation de compétitions sportives préliminaires dans une (ou plusieurs) ville(s) autre(s) que la Ville Hôte ou, dans des circonstances exceptionnelles, située(s) en dehors du pays hôte, notamment pour des raisons de durabilité.

– l’organisation de sports entiers, disciplines ou épreuves dans une (ou plusieurs) ville(s) autre(s) que la Ville Hôte, ou, dans des cas exceptionnels, située(s) en dehors du pays hôte, notamment pour des raisons géographiques et de durabilité ».

Présentation de l'Agenda 2020 par Thomas Bach, lors de la 128e Session du CIO, le 02 août 2015 (Crédits - CIO / Ian Jones)
Présentation de l’Agenda 2020 par Thomas Bach, lors de la 128e Session du CIO, le 02 août 2015 (Crédits – CIO / Ian Jones)

Cette prise en compte du principe de durabilité s’entend aussi par la volonté du CIO de réduire le coût des Jeux et en particulier de la candidature à l’événement.

Pour exemple, les Villes Candidates aux JO d’été de 2024 devront débourser 250 000 dollars au titre du Droit de candidature. Jusqu’à présent, ce droit était fixé à 650 000 dollars.

Paris (France), Los Angeles (États-Unis), Rome (Italie) et Budapest (Hongrie) ont d’ores et déjà versé 50 000 dollars (octobre 2015). Dans quelques mois, 50 000 dollars supplémentaires seront versés au CIO (juillet 2016) avant un dernier versement de 150 000 dollars d’ici janvier 2017.

Autre engagement du CIO pour attirer à lui de nouvelles candidatures et surtout de nouveaux horizons, l’octroi d’une somme conséquente à destination de la Ville Hôte est désormais certifié à hauteur de 1,5 milliard de dollars (1,34 milliard d’euros).

Cérémonie d'ouverture des Jeux d'hiver de Lake Placid 1980 (Crédits - CIO / Tony Duffy / Allsport)
Cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de Lake Placid 1980 (Crédits – CIO / Tony Duffy / Allsport)

Si ces différents éléments sont de nature à plaider en faveur d’une candidature conjointe de Québec – soucieuse de ne pas supporter un coût trop conséquent – il demeure un triple obstacle à franchir.

Tout d’abord, les porteurs d’un tel projet devront s’assurer du soutien de la population et des autorités politiques à Québec mais aussi à Lake Placid. Sur ce point, le Maire de la ville américaine semble favorable à une candidature commune.

« Je suis flatté que le Maire Régis Labeaume intègre Lake Placid à sa réflexion, et je lui ai dit de poursuivre cette démarche dans l’optique d’utiliser des sites possibles à une candidature olympique » a ainsi déclaré Craig Randall dans une déclaration reprise par Associated Press.

Outre l’appui populaire et politique, il faudra obtenir le nécessaire soutien des Comités Nationaux du Canada et des États-Unis, seules institutions légitimes en mesure de présenter une candidature auprès des membres du CIO.

Côté canadien, la perspective des Jeux a régulièrement été soulevée au cours des dernières années. Côté américain, l’USOC est déjà lancé dans la course aux JO 2024 et plusieurs villes ont démontré un intérêt pour l’échéance hivernale de 2026, à l’instar de Anchorage (Alaska), Salt Lake City (Utah) ou Denver (Colorado).

Enfin, Québec et Lake Placid devront patienter jusqu’en septembre 2017 pour faire un pas décisif en direction d’une candidature.

A ce moment-là, le CIO désignera la Ville Hôte des JO d’été de 2024. Il sera alors temps de savoir si Los Angeles obtient ses troisièmes Jeux Olympiques.

Si tel devait être le cas, la perspective d’une candidature Nord-Américaine aux JO 2026 pourrait s’écarter, sauf à suivre l’exemple asiatique qui demeure sans précédent, avec l’attribution des JO 2018, 2020 et 2022, respectivement à PyeongChang (Corée du Sud), Tokyo (Japon) et Pékin (Chine).

* Sondage réalisé le 26 mars 2016, sur Internet, auprès d’un échantillon représentatif de 504 résidents de Québec âgés de 18 ans ou plus. Marge d’erreur de plus ou moins 4,4%.

4 pensées

  1. Oui Québec devra attendre 2017 pour savoir si la ville peut envisager l’organisation des jeux. Si L.A. obtient les jeux de 2024, je doute que l’USOC accepte cette coorganisation. De plus, pour 2026, la concurrence européenne s’annonce rude. Néanmoins, si candidature il y a, cela permettrait à Québec de se positionner pour les échéances suivantes.

    Il est également nécessaire de connaître la position de l’USOC dans cette alliance entre Québec et Lake Placid, surtout dans le cas où les USA souhaite se lancer également dans la course de 2026.

    Dans le cas de Copenhague, qui se trouve au Danemark et non aux Pays-Bas entre parenthèse, pourrait également s’associer avec Malmö (Suède).

    Il faudra également observer scruter la première organisation binationale. En effet, l’avenir de ce type d’organisation peut se jouer à ce moment là, surtout, dans le cas des jeux d’été. Dans le cas des jeux d’hiver, il est fort probable que ce soit un succès.

    1. Merci pour la correction sur Copenhague. Grossière erreur de ma part ! 🙂
      Des questions demeurent en effet. Sans doute de premiers éléments de réponses à compter de la visite de Régis Labeaume, le 11 avril.

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