Brésil : Dilma Rousseff, le début de la fin

Embourbée dans une crise économique et politique sans précédent au Brésil, la Présidente Dilma Rousseff connaît une nouvelle semaine délicate pour son avenir à la tête de la puissance Sud-Américaine, quelques jours après des manifestations massive dans plusieurs centaines de villes.

Romero Jucá a annoncé ce mardi soir le retrait du PMDB des instances gouvernementales brésiliennes (Crédits - PMDB)
Le Sénateur Romero Jucá a officialisé ce mardi soir le retrait du PMDB des instances gouvernementales brésiliennes (Crédits – PMDB)

Ce mardi, le principal allié du Parti des Travailleurs (PT) a ainsi annoncé sa décision unanime de rompre immédiatement son accord avec le Gouvernement et de quitter celui-ci dans les plus brefs délais.

« A partir d’aujourd’hui, le PMDB se retire de la base gouvernementale de la Présidente Dilma Rousseff, et personne dans le pays n’est autorisé à exercer un mandat fédéral au nom du Parti.

La décision est prise » a déclaré le Sénateur Romero Jucá à l’issue de la réunion exceptionnelle du Bureau National du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien.

Le PMDB avait déjà ouvert la perspective d’un retrait de la coalition, en engageant notamment des discussions avec le chef de file de l’opposition à Dilma Rousseff, Aécio Neves.

Mais ce soir, le retrait du PMDB sonne véritablement comme le début de la fin pour la Présidente Brésilienne. Cette dernière pouvait en effet compter sur cet allié de poids pour présider aux destinées du Brésil.

Il faut dire que le PMDB est l’un des acteurs majeurs du pouvoir actuel, avec 69 des 513 députés ; 18 des 81 sénateurs et jusqu’à hier soir, 7 ministres.

Vice-Président du Brésil et leader du PMDB, Michel Temer se pose donc désormais en recours pour succéder à Dilma Rousseff. A court terme, il pourrait d’ailleurs remplacer cette dernière à la tête de l’État, et être aux commandes de la Cérémonie d’ouverture de Rio 2016, le 05 août prochain.

L'ancien Président Brésilien et mentor politique de Dilma Rousseff, Lula, et le Vice-Président du Brésil, Michel Temer au printemps 2015 (Crédits - Ricardo Stuckert)
L’ancien Président Brésilien et mentor politique de Dilma Rousseff, Lula, et le Vice-Président du Brésil, Michel Temer au printemps 2015 (Crédits – Ricardo Stuckert / Instituto Lula)

Signe que la crise politique s’étend chaque jour davantage, les Jeux d’été semblent sur le point d’être eux-aussi impliqués dans les scandales.

Cinq mois avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Rio 2016, le Gouvernement brésilien a ainsi vu la démission du Ministre des Sports, George Hilton, la semaine dernière, puis du Ministre du Tourisme membre du PMDB, Henrique Eduardo Alves, ce lundi.

Mais si cette démission est tout sauf un signe positif pour les organisateurs des Jeux, ce sont surtout les prochaines révélations autour du scandale de corruption « Petrobras » qui pourraient directement venir ébranler les fondations de l’organisation olympique.

Ainsi, les enquêteurs pourraient découvrir de nouveaux éléments à charge du côté de l’entreprise Odebrecht. Comme le rapporte le site de RFI, plusieurs dirigeants de ladite société – chargée d’une partie des travaux autour des JO 2016 – ont été arrêtés au cours des dernières semaines et son Président a même été condamné à 20 ans d’emprisonnement.

Depuis, l’ex-Secrétaire en charge des opérations structurelles de l’entreprise a affirmé aux enquêteurs l’existence d’un paiement de 1 million d’euros à un fonctionnaire travaillant sur le chantier du métro.

Mais ce paiement pourrait n’être qu’une partie infime du système de corruption mis en place au sein de la société. Les enquêteurs ont ainsi pris connaissance d’une liste comportant 200 noms de personnalités politiques brésiliennes, 200 responsables qui auraient potentiellement obtenu des versements de la part d’Odebrecht.

Vue intérieure du chantier du Centre Aquatique de Rio 2016 (Crédits - Prefeitura do Rio / Renato Sette Camara)
Vue intérieure du chantier du Centre Aquatique de Rio 2016 (Crédits – Prefeitura do Rio / Renato Sette Camara)

Les retards sur certains chantiers olympiques et les conditions d’attribution de l’événement pourraient aussi soulever des questions pour les enquêteurs. Des enquêteurs qui pourraient, le cas échéant, se rapprocher de la justice française qui aurait récemment ouvert des investigations concernant l’attribution des JO d’été de 2016 à Rio et au Brésil.

Du côté de Lausanne (Suisse), le Comité International Olympique (CIO) a fait savoir qu’il suivait de « très près les événements politiques » mais qu’il restait « très confiant » dans la capacité du Brésil à mettre en œuvre « des Jeux dont l’ensemble du pays sera fier ».

Cette confiance, mise à mal depuis le lancement des travaux, tiendra-t-elle encore cinq mois ?

Le CIO retient en tous cas son souffle. Tout comme le Comité d’Organisation de Rio 2016.

3 pensées

  1. Il est difficile de voir comment Dilma Roussef va pouvoir s’en sortir c’est sûr. Soit elle sort la tête plus ou moins haute en démissionnant ou bien elle va jusqu’à la procédure de destitution. Mais il est certain que ce « spectacle » donne une piètre image du Brésil.

    Pour les jeux, il faut qu’ils se tiennent. Le CIO n’a pas le choix de se montrer optimiste, au moins en façade. Il est certain que Rio doit donnait des sueurs froides au CIO. De toute façon il y a deux possibilités : soit les jeux ont lieu, soit ils sont annulés. Je ne pense pas que le Brésil en ressortira grandi dans ce dernier cas. En effet, des sommes importantes ont été dépensés et les populations accepteraient difficilement ce fait si les jeux sont annulés, et le pays aura du mal à obtenir de futur événements sportifs. Les derniers jeux annulés remontent à la Seconde Guerre mondiale.

    1. Pourquoi les JO devraient-ils être annulés? Cela est tout simplement impossible.

      Cependant, les difficultés de Rio vont avoir un impact direct sur le choix de la ville olympique pour 2024. Le CIO voudra sans doute s’assurer d’un choix sécuritaire, un peu comme pour Tokyo en 2020. À ce jeu-là, Los Angeles et Paris ressortent devant Rome et Budapest.

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