JO 2024 : « Chaque proposition de Rome 2024 a pour objectif de laisser un héritage positif et durable »

Candidate à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024, Rome (Italie) a fait preuve d’une relative discrétion jusqu’à présent.

Avec l’ouverture de ses comptes sur les réseaux sociaux, puis le lancement de son site officiel et d’une première vidéo promotionnelle, la « Ville Éternelle » entend bien accélérer la cadence et ce, en dépit des polémiques locales ayant suivi la démission du Maire, Ignazio Marino.

Aujourd’hui, en exclusivité, la Directrice Générale du Comité de Candidature de Rome 2024, a accepté de répondre aux questions de « Sport & Société ».

Claudia Bugno revient sur les points forts de la candidature ainsi que sur les défis qu’elle devra surmonter au cours des deux ans à venir, jusqu’à l’élection de la Ville Hôte en septembre 2017.

(Crédits - Rome 2024)
(Crédits – Rome 2024)

– Rome a décidé de se porter candidate à l’organisation des Jeux d’été de 2024. En quoi cette candidature est-elle différente de celle – finalement retirée – pour les Jeux de 2020 ?

Les nouvelles lignes directrices approuvées par le Comité International Olympique (CIO) dans le cadre de l’Agenda 2020 ont permis de renouveler le processus de candidature et de réduire les coûts susceptibles d’être supportés par les Comités d’Organisation et les Villes Hôtes pour la tenue des Jeux.

Cela rend l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 beaucoup plus abordable par rapport aux dernières éditions.

En plus de cela, la situation économique du pays a considérablement changé depuis le jour où l’Italie a dû se retirer de la course aux Jeux de 2020. L’Italie a entrepris un processus de réformes et est maintenant en bonne voie pour sortir de la crise.

– Aujourd’hui, quelle est la part d’infrastructures sportives déjà existantes et potentiellement mobilisables pour les compétitions olympiques et paralympiques ?

Grâce à l’incroyable héritage des Jeux extraordinaires de 1960, la ville de Rome peut actuellement fournir entre 70% et 80% des infrastructures sportives nécessaires pour accueillir les Jeux de 2024.

Au-delà de ces chiffres, et au regard des points-clés de l’Agenda 2020, le Comité de Candidature de Rome 2024 est fermement engagé à respecter les deux lignes directrices que sont la durabilité économique et la durabilité environnementale. Il veillera en ce sens à ce que toutes les installations sportives répondant aux exigences techniques du CIO soient utilisées et que toute infrastructure supplémentaire soit temporaire ou génératrice d’un héritage clairement défini.

Le Foro Italico comprend le Stade Olympique des JO 1960, mais également la Piscine en plein air, le Centre de tennis et divers équipements sportifs (Crédits - Rome 2024)
Le Foro Italico comprend le Stade Olympique des JO 1960, mais également la Piscine en plein air, le Centre de tennis et divers équipements sportifs (Crédits – Rome 2024)

– Quels sont les principaux postes de dépenses que le Comité de Candidature a d’ores et déjà identifié dans le cadre des équipements sportifs, mais également de l’aménagement urbain ?

Le Comité est en train d’élaborer le Plan Directeur des Sites et ce, afin de délimiter le positionnement et l’implantation de chaque discipline. Être capable d’utiliser les installations existantes signifie intervenir avec des travaux de rénovation qui peuvent améliorer les structures pour l’organisation des compétitions olympiques et paralympiques.

Sur le front des aménagements urbains, le Comité et la Ville de Rome ont œuvré ensemble afin de formuler et d’élaborer un Plan d’Urbanisme cohérent qui peut inclure la modernisation dans les transports, ainsi que les aménagements qui peuvent être accélérés grâce aux Jeux.

– Récemment, il a été mentionné le fait que le budget de candidature ne dépasserait pas 10 millions d’euros d’argent public. La participation du secteur privé pourrait donc être plus importante. Avez-vous déjà des contacts et des garanties à ce niveau ?

Bien que le Comité de Candidature de Rome 2024 croit fermement à la nécessité de structurer l’offre de manière économiquement durable, il est vrai que le financement public fourni n’est pas suffisant.

A cet égard, sous la direction du Président du Comité, Luca di Montezemolo, nous sommes activement impliqués dans un processus de collecte de fonds et de commandites afin de renforcer davantage les capacités financières de la candidature, selon les règles et les directives édictées par le CIO.

Luca di Montezemolo, ancien Président de Ferrari, désormais Président du Comité de Candidature (Crédits - Rome 2024)
Luca di Montezemolo, ancien Président de Ferrari, désormais Président du Comité de Candidature (Crédits – Rome 2024)

– La planification des Jeux et l’héritage olympique sont régulièrement pointés du doigt par les détracteurs de l’événement international. Que répondez-vous à ceux qui s’inquiètent d’un possible dérapage budgétaire, notamment lorsque l’on constate l’inachèvement de certains projets sportifs italiens, comme par exemple la Citta dello Sport à Tor Vergata ? Comptez-vous utiliser ce site dans le cadre du projet de Rome 2024 ?

Les dernières directives du CIO, au travers de l’Agenda 2020, ont mis un accent fort sur la question de l’héritage et de la durabilité des Jeux.

De ce point de vue, et depuis le début du processus de candidature, chaque projet et chaque proposition de Rome 2024 a pour objectif de laisser un héritage positif et durable à la Ville de Rome, au pays et au Mouvement sportif italien, en termes d’éducation, de valeurs, d’internationalisation et d’infrastructures.

En ce qui concerne le quartier de Tor Vergata, la zone proche entourant le campus de l’Université de Tor Vergata a été identifiée comme emplacement pour le Village Olympique, ce qui pourrait éventuellement permettre la transformation des chambres des athlètes en logements pour les étudiants, ainsi qu’un accroissement de la capacité d’accueil du campus.

Dans ce cas là, les Jeux de 2024 seraient l’occasion de compléter les projets prévus et qui auront un impact social concret.

– La question des transports est une thématique récurrente dans l’organisation des Jeux. Rome est, à l’instar d’autres Villes Candidates, soumise à une forte pression du trafic automobile. En quoi les Jeux peuvent-ils améliorer cette situation ?

Accueillir les Jeux Olympiques en 2024 serait une chance unique pour innover et pour refondre notre réseau de transport avec une vision à long terme, notamment en vue de l’imminence du Jubilé de la Miséricorde en 2015-2016 et du Jubilé en 2025.

Les Jeux de 2024 auraient lieu idéalement pendant une période de grand changement et de modernisation des infrastructures d’hébergement et de sport de la ville. Indépendamment d’une victoire olympique, la ville de Rome sera en réalité inévitablement sur le devant de la scène internationale pendant plusieurs années et attirera un flux touristique exceptionnel. La réception et la gestion de ce flux devront donc être planifiées à l’avance.

Les transports sont clairement un thème majeur dans l’organisation des Jeux, mais ils sont en adéquation avec les nouvelles directives du CIO. Les Jeux de 2024 feraient dès lors partie d’un Plan Stratégique de Développement Urbain.

Si une telle approche stratégique et une vision à long terme sont adoptées, la question des transports fournira certainement un héritage positif à l’issue des Jeux, pour la ville de Rome et pour les citoyens.

(Crédits - Rome 2024)
(Crédits – Rome 2024)

– Pourquoi ne pas avoir décidé d’organiser un référendum ? Quelle est aujourd’hui la part de soutien à l’égard de la candidature au sein de l’opinion publique ?

Il est important de souligner que le Comité de Candidature de Rome 2024 a l’intention d’effectuer un travail très technique, fournissant des détails et des idées sur les retombées que peuvent générer les Jeux. La ville de Rome et l’ensemble du pays ne peuvent pas se permettre de perdre une telle occasion, unique, et cette approche technique vise à transcender des intérêts et des visions politiques à court terme.

Dans le même temps, et comme l’a démontré l’apport d’un large soutien institutionnel, le Comité de Rome 2024 croit fermement que les citoyens de Rome ont compris l’impact incroyable que pourrait avoir la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques vis-à-vis du développement de la ville.

L’héritage laissé par les Jeux de 1960 est toujours perceptible dans la ville, en termes de moyens de transport et d’installations sportives. La plupart des infrastructures sont d’ailleurs devenues des symboles emblématiques pour les Romains.

Le projet de candidature pour l’accueil des Jeux Olympiques de 2024 sera construit par le Comité en coopération avec ses partenaires et à travers un dialogue permanent avec les citoyens de Rome. En conséquence, au cours des deux prochaines années, nous allons évaluer, de temps à autre, la meilleure façon d’associer la Ville et les autres acteurs concernés, dans les activités et les décisions du Comité de Candidature.

– Ne pensez-vous pas que le scandale « Mafia Capitale » pourrait impacter de manière négative l’image et le projet olympique de Rome ?

Je pense que toute l’attention médiatique de ces derniers mois, autour de cette question, a contribué à sensibiliser l’opinion publique sur la nécessité de renouveler les pratiques dans la transparence, la fiabilité et l’éthique au sein de la municipalité de Rome.

De ce point de vue, le scandale pourrait être considéré comme le déclencheur d’un nouveau départ pour la Ville et pour les institutions locales.

Malheureusement, chaque ville et chaque pays – sans exception – est affecté par ses propres luttes internes, mais nous sommes déterminés à montrer que nous pouvons relever ce défi et construire une image nouvelle de notre ville et de notre pays.

Le Comité de Candidature de Rome 2024 favorise actuellement l’organisation de tables rondes, impliquant les parties prenantes au projet qui appuieront les activités du Comité sur des questions spécifiques. Parmi ces parties prenantes, le « Conseil de la légalité et de la transparence » jouera un rôle crucial et réunira les individus les plus distingués et les institutions dans le domaine de la transparence, de la légalité et de la lutte contre la corruption pour venir en soutien des activités du Comité de Candidature.

Les JO de 1960 avaient déjà la part belle au riche patrimoine architectural de la capitale italienne (Crédits - Rome 2024)
Les JO de 1960 avaient déjà la part belle au riche patrimoine architectural de la capitale italienne (Crédits – Rome 2024)

– Comme Paris, la ville de Rome semble se diriger vers un projet olympique valorisant son riche patrimoine culturel et architectural. Que peut apporter Rome pour faire la différence ?

Une des principales particularités de la candidature olympique de Rome réside dans la capacité unique de la ville à créer des synergies entre le sport, l’art, la culture et la religion.

Le Parc Olympique du Foro Italico, dans le nord de Rome, est un exemple du mélange d’infrastructures sportives – dont le Stade Olympique, la Piscine en plein air, le Centre de tennis et l’ancienne salle d’escrime – avec des éléments typiques de l’architecture des années 1930.

Accueillir les Jeux à Rome pourrait permettre de combiner le patrimoine culturel et historique, qui fait la beauté et le caractère unique à couper le souffle de la ville, avec l’Olympisme et ses valeurs afin de créer une célébration incroyable du sport.

17 pensées

  1. Le réalisme italien et la simplicité des arguments 2020 pausent question par rapport au positionnement stratégique que Paris 2024. Il est encore plus étrange de retrouver ce réalisme a l’italienne concernant la réutilisation de sites déjà existants et l’héritage financier durable dans la candidature française Paris 2025… A l’expo universelle! Est-ce que l’argent reste encore un sujet tabou pour les acteurs de paris 2024?

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