JO 2024 : La Cour des Comptes de Hambourg met en garde contre les risques financiers d’une candidature

Coup dur pour la candidature olympique de Hambourg.

Alors que les soutiens sportifs se font jour et tandis que les milieux économiques semblent favorables à une candidature à l’organisation des Jeux d’été de 2024, la Cour des Comptes de Hambourg a publié ce jeudi un document qui pourrait engendrer une hausse des opposants dans les sondages et sur le terrain.

Pas du meilleur effet, à quelques jours du dépôt officiel de la candidature au siège du Comité International Olympique (CIO) et surtout, à quelques semaines du référendum du 29 novembre.

Les informations publiées aujourd’hui dans un rapport de 55 pages pointent ainsi trois éléments non-négligeables qui font pourtant parties intégrantes de la candidature allemande.

Visuel du quartier olympique de Kleiner Grasbrook au centre de Hambourg (Crédits - Hambourg 2024)
Visuel du quartier olympique de Kleiner Grasbrook au centre de Hambourg (Crédits – Hambourg 2024)

D’une part, la Cour estime que la publication prochaine d’une première estimation des coûts d’organisation ne permettra pas la tenue d’un réel débat avant le jour du référendum. Le délai entre la publication des prévisions budgétaires – mi-septembre – et l’organisation du référendum – le 29 novembre – serait donc trop court.

Il faut dire que plusieurs points restent aujourd’hui en suspens dans le cadre du projet olympique allemand.

Si l’on connaît les contours de celui-ci, on ignore en revanche le coût de la sécurité ou encore celui relatif à la construction du Village Olympique et des équipements nécessaires à la liaison entre les différents pôles olympiques.

Seul le coût d’aménagement des sites sportifs a été présenté jusqu’à présent : 2,09 milliards d’euros. Relativement peu lorsque l’on constate l’absence d’un Stade Olympique ou encore d’un Centre Aquatique de dimension olympique.

Esquisse du Centre Aquatique de Hambourg 2024 (Crédits - KCAP, Arup, Vogt, Kunst + Herbert |GMP, WES, Drees & Sommer)
Esquisse du Centre Aquatique de Hambourg 2024 (Crédits – KCAP, Arup, Vogt, Kunst + Herbert |GMP, WES, Drees & Sommer)

D’autre part et en lien avec le premier élément, la Cour des Comptes de Hambourg critique la rapidité avec laquelle les élus régionaux ont validé la tenue d’un référendum à valeur contraignante.

Car du fait d’un vote au Parlement, la Constitution de Hambourg a été modifiée afin de permettre l’organisation du scrutin référendaire, le 29 novembre 2015, scrutin qui engagera juridiquement – et du surcroît financièrement – la Ville de Hambourg en cas de résultats favorables.

Enfin, la Cour s’inquiète des modalités du Contrat Ville Hôte que Hambourg devra d’ores et déjà analyser et ratifier.

Même si l’institution de Lausanne (Suisse) a décidé de repensé la procédure des candidatures afin de réduire le coût des projets et même si la contribution financière dépassera 1,5 milliards d’euros en 2024, sans compter les revenus du Programme des Partenaires ainsi que de la billetterie, les pouvoirs publics devraient apporter une participation financière.

Une participation qui ne serait pas sans risque à en croire la Cour des Comptes et ce, sans oublier aussi la participation de la Ville pour l’élaboration du budget de candidature, aujourd’hui évalué à 50 millions d’euros.

De fait, la Cour estime que « le résultat, en prenant en compte l’ensemble des risques, pourrait mener à un déséquilibre important » pour la Ville de Hambourg.

Carte des principaux équipements existants (Crédits - Ville de Hambourg / Urbanista)
Carte des principaux équipements existants (Crédits – Ville de Hambourg / Urbanista)

Le rapport de la Cour des Comptes va certainement être utilisé par les opposants à la candidature olympique de Hambourg. Ces derniers vont probablement insister sur les points encore flous du projet pour convaincre les citoyens qu’une telle entreprise ne sera bénéfique pour la ville et pour son développement.

En avril dernier, Nicole Vrenegor, membre active du mouvement citoyen NOlympia Hamburg, avait d’ailleurs eu un jugement sévère sur l’ambition olympique de sa ville et de son pays. Dans une interview accordée à « Sport & Société », elle dressait alors le constat suivant :

« Hambourg n’a pas de Stade Olympique et l’infrastructure des transports est dans une situation catastrophique. L’aéroport actuel n’est pas prêt non plus pour accueillir la foule de spectateurs et de visiteurs.

Avec le projet de construction du nouvel aéroport de Berlin, nous avons appris que ces méga-projets sont marqués par des marges de conception et une explosion importante des coûts. A Hambourg aussi nous avons un tel exemple, avec le salle de concert, Elbphilharmonie : 789 millions d’euros à notre charge !

Les coûts d’aménagement et de développement de l’île de Kleiner Grasbrook sont immenses. Il s’agit d’un site inexploité par les transports publics et dont les sols sont extrêmement chargés. Les entreprises portuaires résidentes réclameraient 5 à 7 milliards d’euros pour le déménagement de leurs structures et l’implantation sur un site présentant des conditions similaires d’exploitation.

Actuellement, l’île est un terrain urbain. Dans le cadre des Jeux, l’île sera privatisée. Encore une fois, la ville payera le prix fort ».

Un argumentaire qui devrait, selon toute logique, être au cœur de la stratégie des opposants au cours des semaines à venir.

7 pensées

  1. En effet, il s’agit d’un coup dur pour Hambourg. Cependant, si le comité de candidature et la ville réagissent vite et bien avec une bonne communication, l’effet du rapport pourrait être minime. Même si ce dernier montre de nombreuses faiblesses. Les opposants auront du grain à moudre jusqu’au référendum.

    Honnêtement, je ne pensais absolument pas que le premier coup dur contre Hambourg serait si local et interviendrait si tôt.

      1. Oui, en effet, c’est très symbolique. Hasard du calendrier ou volonté politique. Je penche pour la seconde possibilité.

  2. Le manque d’infrastructures sportives et de transports handicape fortement cette candidature. Car il est presque assuré que les coûts seront largement dépassés.

    La sous-estimation par le comité pourrait amener à un échec au référendum. Le 2,9 G$ consacré aux installations sportives semble bien peu au vu des besoins en infrastructures de la ville. Face aux projets de Rome, Paris, Budapest, et possiblement Los Angeles, qui possèdent tous des équipements de renom, le projet allemand risque de paraître très très low cost. Sincèrement, je doute toujours de la véritable volonté du CIO de privilégier ce genre de candidature.

    1. Le manque d’infrastructure n’est pas un réel handicape je trouve. Il s’agit surtout des transports. En effet, comment Hambourg peut-il relier le cœur olympique au reste du réseau et le maintenir après les Jeux.
      Après oui le budget semble mince par rapport à la réalité des infrastructures sportives. Je crois bien que Paris envisage un montant similaire (mais je peux me tromper).
      Après Budapest manque également d’infrastructures sportives.
      Après tout dépend de ce qu’on entend par low cost aussi.

      Au final, ce rapport donne du grain à moudre aux opposants mais pourrait refroidir les membres du CIO.

      1. Budapest a programmé la construction d’une piscine et d’un stade aux normes olympiques. Quant à Paris, Rome, Los Angeles, chacune de ces villes disposent de plusieurs équipements majeurs. Pour Hambourg, l’essentiel des infrastructures n’existe pas. Tout ou presque est à construire.C’est donc un handicap majeur, au vu de la volonté nouvelle du CIO de privilégier les installations existantes.

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