JO 2024 : Pour Alexander Popov, « Paris n’est pas handicapée » par l’absence d’un Centre Aquatique

A chaque grand événement relatif à la natation – Championnats de France, Championnats d’Europe, Championnats du Monde… – la question de l’aménagement d’un Centre Aquatique Olympique en Île-de-France refait surface.

L’organisation des Mondiaux 2015 à Kazan (Russie) ne déroge pas à la règle. L’occasion de revenir sur les propos tenus il y a un an par Louis-Frédéric Doyez, Directeur Général de la Fédération Française de Natation (FFN).

En interview exclusive pour « Sport & Société », ce dernier avait notamment rappelé le fait que « la dernière construction d’un bassin olympique de grande capacité remonte aux Jeux de 1924 ».

Malgré l’année écoulée et les engagements sans cesse renouvelés des pouvoirs publics, les choses n’ont pas évolué.

Désormais, seule la perspective de la candidature olympique de Paris 2024 pourrait donc relancer le projet d’Aubervilliers, déjà présent dans la candidature de Paris 2012 et ce, sans compter les précédents projets des candidatures aux JO 1992 et 2008.

Alexander Popov lors de la 128e Session du CIO, la semaine dernière (Crédits - CIO / Ian Jones)
Alexander Popov lors de la 128e Session du CIO, la semaine dernière (Crédits – CIO / Ian Jones)

Mais en l’absence d’un tel équipement structurant pour le territoire et pour la natation, l’Hexagone ne souffrirait pas d’un handicap à en croire l’ancien nageur russe, aujourd’hui membre du Comité International Olympique (CIO), Alexander Popov.

« On voit bien ici avec le stade de football du Rubin Kazan ou le Vélodrome de Berlin l’année dernière, qu’un grand Championnat peut être organisé n’importe où avec des installations temporaires.

Paris n’est donc pas handicapée par rapport à ses concurrents.

La liste des candidats n’est pas encore close. On ne sait pas quelle ville américaine va se lancer. Mais Paris, Budapest, ou Hambourg sont toutes des villes fantastiques. Ce sera une compétition passionnante et très serrée ».

Deux points méritent d’être soulevés dans l’extrait de cette interview accordée au « Journal du Dimanche » par l’ancienne gloire des bassins et référence mondiale de la discipline.

(Crédits - Paris 2012)
Projet de Centre Aquatique à Aubervilliers (Crédits – Paris 2012)
  • Paris ne serait pas handicapée par rapport à ses concurrentes : Oui et non.

En effet, la capitale française ne dispose pas d’une enceinte aquatique capable d’accueillir les JO.

Ce constat peut également être fait avec Hambourg. La cité allemande possède un bassin aquatique mais a prévu de construire un Centre Aquatique près du Stade Olympique sur l’île de Kleiner Grasbrook.

En revanche, les deux autres villes déclarées possèdent chacune un Centre Aquatique : Rome a hérité des installations de 1960 et a d’ailleurs utilisé son site du Foro Italico pour organiser les Mondiaux en 2009, tandis que Budapest dispose des bassins de l’île Marguerite et envisage l’aménagement d’un nouveau complexe ultra-moderne dans la perspective des Mondiaux 2017.

  • Un grand Championnat peut être organisé dans une installation temporaire : Oui et non dans le cadre de Paris.

Hormis l’Odyssée de Chartres – qui accueillera les 15 et 16 août, la Coupe du Monde de natation – aucun bassin en France ne semble en mesure de pouvoir aujourd’hui répondre aux exigences de la Fédération Internationale de Natation (FINA) en ce qui concerne l’accueil d’un grand événement.

A Paris, bien que de nombreuses piscines municipales existent, aucune ne pourrait être aménagée pour un tel projet.

Dès lors, la construction d’un bassin permanent ou semi-permanent apparaît comme une nécessité, sinon une priorité des pouvoirs publics en matière d’équipements sportifs.

Compte-tenu du rang occupé depuis plus de dix ans par la natation française dans les grands Championnats européens et internationaux, il est absolument impensable que Paris ne dispose pas dans les prochaines années d’un Centre Aquatique d’une capacité supérieure à 5 000 places.

Surtout, l’attente des nageurs tricolores perdure depuis de trop nombreuses années et ce, alors que les trois précédentes candidatures parisiennes avaient apporté la garantie d’édifier un Centre Aquatique digne de ce nom.

Paris 1992 prévoyait ainsi de bâtir la structure près du Village Olympique et du Palais Omnisports de Paris-Bercy. Paris 2008 envisageait pour sa part l’aménagement d’un Centre Aquatique dans le XIXe arrondissement de la capitale. Paris 2012 enfin, reste le projet le plus attendu puisqu’il prévoyait la construction du Centre à Aubervilliers, non loin du Stade de France.

9 pensées

  1. Le question n’est pas tant la construction d’un équipement de ce type que la gestion quotidienne post évènement.
    En ayant à l’esprit que le coût de la construction ne représente qu’environ 1/4 des coûts d’entretien sur 30 ans…
    Que la Fédération la gère si elle veut absolument un centre olympique.

    1. La France ne dispose pas d’un tel équipement. Or, compte-tenu de la position de la France sur la scène de la natation mondiale, il est nécessaire que le pays se dote d’un Centre Aquatique, sur le modèle d’ailleurs de celui aménagé par Londres pour les JO 2012 : Centre de 17 000 places pour les Jeux et réduction à 2 500 places après l’événement, avec possibilité de rajouter des sièges supplémentaires pour les grands Championnats.

      Le modèle londonien semble fonctionner. Le Centre Aquatique a récemment accueilli son millionième visiteur. Car outre de grands événements (Championnats d’Europe l’an prochain), le Centre accueille régulièrement stages et scolaires : http://sportetsociete.org/2015/07/18/le-centre-aquatique-de-londres-passe-le-cap-du-million-de-visiteurs/

  2. Il ne s’agit en aucun cas d’une faiblesse, car pourrions nous dire si toutes villes possèdent également un Grand Stade d’Athlétisme opérationnel dès maintenant ? Le Stade de France disposera d’une petite rénovation, déjà faite pourtant pour l’Euro de Foot. Rome devra rénovée, mais en profondeur tout comme Los Angeles, Budapest n’en n’a pas encore un, mais le construira grâce à l’Euro 2020 mais en 2018 soit un an après le vote, et enfin Toronto devra l’agrandir voir en construire aussi.

    Pour revenir à la piscine, il s’agit justement du seul équipemement manquant à notre candidature avec un village. Le CIO demandera effectivement, pourquoi cet équipement n’a toujours pas été édifié? Mais comprendra enfin espérons-le, que l’obtention de l’événement sera une grande avancé dans la construction du Grand Paris qui se veut également sportif.

      1. Oui il est certain que de ne pas avoir construit la piscine olympique peut handicaper la candidature parisienne. Cependant Pekin n’a pas tenu non plus ses promesses en ce qui concerne les droits de l’Homme ce qui n’a pas empécher la capitale chinoise à rafler les jeux de 2022.
        Après le comité de candidature de Paris pourront donner des excuses plus ou moins crédibles comme la crise qui perdure encore. A l’inverse, Paris a tenu ses promesses en ce qui concerne la base d’aviron et de canoé kayak de Vaires-sur-Marnes et le Vélodrome de Saint Quentin

        Après quelque soit le resultat en 2017, Paris devra construire sa piscine olympique. Et les autorités française, étatique, régionale et locale, devront se lancer dans un projet de construction de piscines olympiques en France notamment à Lyon, Marseilles et les villes possédant les grands clubs de natation français.

      2. L’exemple de Pékin ne tient pas forcément lorsque l’on sait la position du CIO sur cette question… D’autres intérêts entrent malheureusement en ligne de compte 🙂

    1. Ce sera un élément du dossier, parmi d’autres. Je ne pense pas que ce sera problématique pour Paris. Vraiment pas même. Toutes les villes font des promesses dans leurs dossiers de candidatures et ne les tiennent pas forcément (cf la saga du stade olympique de Tokyo). Le mieux serait de lancer la construction du projet de piscine avant la désignation, comme cela tout serait réglé sur ce point.

  3. Si Paris rate une nouvelle fois le coche pour 2024, ce ne sera pas à cause d’un centre aquatique manquant. C’est un véritable serpent de mer depuis des décennies. Après tout, le vélodrome, acté dans le projet de candidature de 2012 a bien été édifié. En matière d’infrastructures, Paris n’a rien à prouver! L’obtention des J.O 2024 clôturera enfin ce vieux dossier du centre aquatique, qui n’est pas un handicap pour Paris. Si le CIO n’accorde pas les Jeux à la France, il trouvera assurément d’autres excuses qu’une piscine non existante!

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