JO 2024 : Candidature des États-Unis : Et maintenant ?

Ce lundi, l’annonce du Maire de Boston, Marty Walsh, n’a fait que préfigurer la décision finale prise par le Comité Olympique des États-Unis (USOC), à savoir le retrait de la candidature olympique de la principale ville du Massachusetts.

Aujourd’hui, à un peu plus d’un mois de la date limite du dépôt des candidatures pour les Jeux d’été de 2024 – le 15 septembre – l’institution américaine se retrouve confrontée à deux options : ne pas présenter une candidature et renoncer de fait à l’ambition d’accueillir à nouveau les Jeux sur le sol américain ou sélectionner une nouvelle ville et miser sur un succès dans les deux ans à venir.

Selon toute vraisemblance, l’USOC devrait choisir la deuxième option et partir rapidement à la recherche de cette ville qui viendra sauver les espoirs du Mouvement olympique américain. C’est en tous cas ce que l’USOC a annoncé hier soir, précisant par ailleurs qu’aucune communication officielle n’interviendrait avant le mois d’août et le choix éventuel d’une nouvelle candidature.

Vasque olympique de Los Angeles, le 1er septembre 1984 (Crédits - CIO)
Vasque olympique de Los Angeles, le 1er septembre 1984 (Crédits – CIO)

Après le retrait de Boston, trois villes apparaissent comme de potentielles requérantes pour porter les couleurs des États-Unis dans la course à l’organisation des JO 2024.

Ces trois villes ne sont autres que les trois cités qui furent pourtant éliminées en janvier 2015 au profit de Boston : Los Angeles (Californie), San Francisco (Californie) et Washington (District of Columbia).

Si les deux dernières peuvent légitimement prétendre à porter les couleurs américaines et à organiser, le cas échéant, la grand messe du sport mondial, la première est incontestablement favorite et devrait par conséquent être retenue par l’USOC.

Ainsi, Los Angeles deviendrait la solution alternative – la roue de rechange diront certains – d’une candidature nationale qui n’a pas débuté sa campagne sous les meilleures auspices. De fait, « La Cité des Anges » devra redoubler d’efforts pour convaincre les membres du Comité International Olympique (CIO). Mais si les efforts sont certes nécessaires, ils ne devraient toutefois pas être insurmontables, loin de là.

Los Angeles dispose en effet de plusieurs atouts pour concourir à l’organisation des Jeux et même pour les obtenir.

Trois de ces atouts peuvent d’ores et déjà être présentés.

1 / L’engagement de la classe politique régionale et le soutien d’Anita DeFrantz (membre du CIO)

(Crédits - Page officielle Facebook / Eric Garcetti)
(Crédits – Page officielle Facebook / Eric Garcetti)

Le Maire de Los Angeles, Eric Garcetti, demeure un fidèle partisan d’une candidature olympique pour 2024. Après avoir « mouillé la chemise » en fin d’année 2014 pour sa ville, l’élu Démocrate devrait revenir dans l’arène olympique et soumettre la candidature de Los Angeles à l’USOC.

Ce mardi, dans le cadre d’une brève déclaration, Eric Garcetti a ainsi affirmé :

« Je suis heureux de pouvoir engager des discussions avec l’USOC afin de présenter l’offre la plus forte et la plus responsable, au nom de notre ville et de notre nation ».

Si Los Angeles peut se targuer d’avoir l’appui du Maire ainsi que des élus locaux et régionaux, il ne manque plus que le soutien des membres du CIO aux États-Unis, parmi lesquels Anita DeFrantz.

Récemment, cette dernière affirmait que « Los Angeles est une ville prête en permanence.

Elle n’aurait besoin que d’un préavis de deux ans pour pouvoir accueillir les Jeux ».

Indiscutablement, il est difficile de faire meilleure déclaration de soutien à une ville !

Dans les prochains jours, et en marge de la 128e Session du CIO réunie à Kuala Lumpur (Malaisie), l’USOC devrait donc avancer ses pions pour se refaire une santé après le fiasco de Boston 2024.

Sur ce point, la Session du CIO intervient au parfait moment. Les membres de l’institution olympique seront en effet rassemblés au Centre des Congrès de Kuala Lumpur et leurs collègues de l’USOC – trois membres du CIO aux États-Unis sont aujourd’hui en fonctions – devraient profiter de cette occasion pour soumettre l’idée d’une candidature de Los Angeles.

2 / Los Angeles a « sauvé » les Jeux en 1984 et possède une indéniable image de marque auprès du CIO

Vue du Memorial Coliseum de Los Angeles, à l'occasion de la Cérémonie d'ouverture 1984 (Crédits - CIO / Getty Images / Steve Powell)
Vue du Memorial Coliseum de Los Angeles, à l’occasion de la Cérémonie d’ouverture 1984 (Crédits – CIO / Getty Images / Steve Powell)

La ville reste une valeur sûre pour le CIO qui a en souvenir l’accueil des Jeux 1932, mais surtout ceux de 1984, période où les tensions entre les États-Unis et l’ex-URSS étaient encore grandes et où le sport était érigé non pas en modèle pour la société ou pour la ville, mais en outil de propagande politique et diplomatique.

En outre, seule Ville Candidate, Los Angeles a – d’une certaine manière – sauvé les Jeux Olympiques en 1984, une édition une nouvelle fois marquée par le boycott d’une partie des nations.

(Crédits - Boston 2024)
(Crédits – Boston 2024)

Mais au-delà de cette considération qui a toutefois permis d’établir l’image de marque de Los Angeles auprès du CIO, l’organisation des JO en Californie a aussi permis d’établir un nouveau modèle de financement des Jeux, avec une participation du secteur privé.

Les Jeux de 1984 restent également une référence olympique, puisqu’ils ont généré – pour la première fois de l’Histoire des Jeux – un bénéfice de l’ordre de 232,5 millions de dollars (210,26 millions d’euros).

3 / Le Stade Olympique existe déjà – ce n’était pas le cas à Boston – ainsi que de nombreux équipements nécessaires aux Jeux d’été

Projet de Parc Olympique pour les JO 2024 (Crédits - Los Angeles 2024 / SCCOG)
Projet du noyau de Downtown Cluster, avec au centre, le Memorial Coliseum rénové et le Centre Aquatique pour les JO 2024 (Crédits – Los Angeles 2024 / SCCOG)

Les Jeux de 1984 ont facilité la construction ou la modernisation de certains équipements sportifs et infrastructures de communication et de transport. Ils ont aussi permis de mobiliser des installations de très grande qualité, installations dont la renommée internationale n’est plus à faire à l’instar du Staples Center ou de l’impressionnant Memorial Coliseum, Stade Olympique en 1932 et en 1984.

Aujourd’hui, le Memorial Coliseum demeure d’ailleurs au cœur de l’actualité.

Outre l’accueil des Jeux Olympiques Spéciaux (pour les personnes en situation de déficience intellectuelle) du 25 juillet au 02 août, Los Angeles prévoit en effet d’engager un ambitieux plan pour rénover son stade mythique. Une opportunité pour héberger les Cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux pour la troisième fois de l’Histoire de la ville.

Au-delà de son grand stade, Los Angeles peut appuyer son projet pour 2024 sur 4 noyaux principaux et ce, comme elle a pu le faire lors de la présentation d’une première ébauche de son projet, en avril 2014.

Ces 4 noyaux pourraient intégrer des sites de compétitions distants de moins de 30 minutes du Village des Athlètes et pourraient de ce fait, permettre l’élaboration d’un nouveau projet compact par l’USOC.

Il y a un an, les prévisions d’utilisation des sites étaient les suivantes et témoignent du savoir-faire et de la qualité des installations de Los Angeles.

Carte du projet de Los Angeles 2024 (Crédits - SCCOG)
Carte du projet de Los Angeles 2024 (Crédits – SCCOG)

– Downtown Cluster avec 12 sites en plus du Village des Athlètes

  • Cérémonies et athlétisme au sein du Stade Olympique (93 600 places) ;
  • Badminton, gymnastique rythmique, trampoline et tennis de table au Los Angeles Convention Center (67 000 m²) ;
  • Volleyball et gymnastique artistique au Staples Center (18 000 à 19 000 places) ;
  • Canoë-kayak en slalom dans la Los Angeles River ;
  • Plongeon au Uytengsu Aquatics Center de l’Université de Californie du Sud (1 700 places) ;
  • Escrime (finales) au Nokia Theater (7 100 places) ;
  • Basketball (première partie du tournoi et finales) au Farmers Field (76 000 places) ;
  • Natation et natation synchronisée au nouveau Centre Aquatique (transformé en stade de football de 20 000 places après les JO)…
  • Waterpolo au LA84 Foundation Swim Stadium (10 000 places) ;
  • Taekwondo (finales) au Walt Disney Concert Hall (2 300 places) ;
  • Haltérophilie au Shrine Auditorium (6 300 places).

– Westside Cluster avec 5 sites à 24 minutes du Village Olympique

  • Golf au Riviera Country Club ;
  • Tir-à-l’arc et BMX au Drake Stadium (11 700 places) ;
  • Basketball (deuxième partie) au Pauley Pavilion de l’Université de Californie (12 800 places) ;
  • Hockey-sur-gazon (deuxième partie) au Corsair Stadium du Santa Monica College (6 600 places) ;
  • Beach-volley et triathlon sur la plage mythique de Santa Monica.

– Avalon Cluster avec 4 sites à 23 minutes du Village Olympique

  • Cyclisme sur piste au Velo Sports Center (2 450 places) ;
  • Hockey-sur-gazon (première partie et finales) au StudHub Track Stadium (20 000 places) ;
  • Rugby et football au StubHub Soccer Stadium (27 000 places) ;
  • Tennis au StubHub Tennis Stadium (8 000 places) ;

– Harbor Cluster avec 5 sites à 29 minutes du Village Olympique

  • Canoë-kayak (sprint) et aviron au Long Beach Marine Stadium ;
  • Handball (première partie) à la Walter Pyramid de l’Université de Californie (5 000 places) ;
  • Handball (deuxième partie et finales) à la Long Beach Arena (13 500 places) ;
  • Judo, taekwondo (première partie) et lutte au Long Beach Convention Center ;
  • Voile dans la Long Beach Marina / Queen Mary.

En complément de ces 4 noyaux, un autre pôle fut présenté dans le cadre du projet initial de Los Angeles 2024, pôle où fut regroupées les disciplines de plein air ou celles qui nécessitent l’utilisation de sites plus éloignés du centre de la ville :

  • VTT au Griffith Park ;
  • Cyclisme sur route dans le célèbre quartier de Hollywood ;
  • Équitation au Santa Anita Park ;
  • Escrime (première partie) sur Hollywood Boulevard ;
  • Volleyball au Forum (17 500 places) ;
  • Pentathlon moderne et tir au Fairplex Fairgrounds ;
  • Triathlon sur la célèbre avenue de Beverly Hills, Rodeo Drive ;
  • Football (finales) au Rose Bowl Stadium (92 500 places) ;
  • Tournoi de football : Qualcomm Stadium de 71 300 places (San Diego / Californie), AT&T Stadium de 80 000 places (Arlington / Texas) et Sam Boyd Stadium de 40 000 places (Las Vegas / Nevada).
(Crédits - SCCOG)
Logo de Los Angeles 2024 (Crédits – SCCOG)

Au regard de ces multiples infrastructures et des atouts majeurs de Los Angeles, il est à penser qu’un projet olympique incarné par cette ville californienne sera particulièrement redoutable pour n’importe quelle autre Ville Requérante à l’organisation des Jeux d’été de 2024.

Los Angeles fut battue pour l’investiture américaine en janvier dernier. Elle peut aujourd’hui revenir sur le devant de la scène et s’imposer comme une prétendante sérieuse – davantage même que Boston – au Graal olympique.

Une autre donnée, indépendante du choix de la ville, doit aussi être pris en considération lorsqu’il s’agit d’évoquer une candidature olympique américaine : l’apport des États-Unis pour les revenus du Mouvement olympique.

Lors de ses deux précédentes candidatures (New York 2012 et Chicago 2016), l’USOC s’était présenté devant le CIO dans une posture inconfortable, les deux institutions étant alors en froid concernant la répartition des droits, en particulier en ce qui concerne les droits de diffusion des Jeux.

Sur ce point, un chiffre a permis de mettre d’accord les deux parties. Un chiffre qui permet aujourd’hui, plus qu’hier, de prendre conscience des enjeux, à la fois pour le Pays de l’Oncle Sam et pour le CIO : 7,65 milliards de dollars, comme la somme déboursée par l’entreprise NBC Universal pour acquérir les droits de diffusion des Jeux aux États-Unis jusqu’en 2032.

Jamais, une telle somme n’avait été mobilisée par une entreprise de télévision à l’égard du Mouvement olympique.

11 pensées

  1. Oui, mais voilà sans le savoir le CIO s’est peut être mis dans une situation qui, quoi qu’il arrive lui coûtera très cher.

    Les tentatives habituelles des « présidents du CIO » sont d’obtenir le plus de candidatures possible, Bach ne déroge pas à la règle. Mais ce qui peut être embêtant pour le CIO surtout maintenant avec les problème économique, est que si ils choisissent Los Angeles (car il est quasi certain, qu’il se présenteront et qu’ils choisiront cette ville, je parle de l’USOC ou Toronto pour les Canadiens), et donc le continent Américain,les dernières « cartouches » européennes que sont (Paris, Rome, etc…), ne se représenteront plus de sitôt, car pour elles, beaucoup d’argent auront été perdus pour satisfaire la gloutonnerie des firmes américaines, grandes pourvoyeuses de monnaies pour les jeux.

    Le comité serait-il prêt à reproduire le même mini scandale qu’a put vivre Athènes pour 1996, sachant que pour 2022, ces derniers ont été plus que choqués de voir le nombre de candidatures européennes fondre comme neige au soleil et cherche par tous les moyens à ce refaire une belle image auprès des villes depuis les jeux astronomique de 2014 à Sotchi ?

    L’Amérique a une fenêtre de tir plus large que l’Europe : 2026, 2028, 2030, 2032; ne vont-ils pas non plus voir plus gros en cherchant à obtenir l’été mais aussi l’hiver car leur zone ne les aura plus eu depuis 2010 ?

    Je pense qu’il est aussi urgent pour cette compétition de ne pas tout le temps céder aux pressions des sponsors car sans le vouloir, ils condamnent un événement qui comme la Coupe de Monde risque de ne plus avoir de soutiens et d’intérêt à travers le monde.

    1. Une solution possible serait d’instaurer une rotation des continents, au moins pour l’été. Bien que cela risque d’être difficile à mettre en place. Et je doute que cette proposition obtienne un véritable soutien.

      1. Oui et certains continents comme l’Afrique ou l’Asie seraient d’accord à n’en pas douter, mais malheureusement, il ne s’agit pas de la FIFA, dont d’ailleurs leur système commence a connaitre quelques problèmes. Mais surtout le CIO ne voudra pas changer leur façon de faire, car pour eux il n’y a et il n’aura jamais de règle sur qui doit avoir les jeux…normalement.

  2. À part céder aux sponsors, il n’y a aucune justification à retourner aux États-Unis dès 2024.

    Toutefois, les déclarations de Thomas Bach qui pousse de façon grossière et peu subtile pour voir les États-Unis s’aligner devraient alerter les candidates européennes. D’ailleurs, si le CIO tient à se discréditer encore davantage et accorder 2024 aux E-U, qu’il le dise clairement. Cela sauvera du temps et de l’argent pour tout le monde.

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