JO 2024 : Marcel Aubut, Président du Comité Olympique Canadien, va « promouvoir la candidature de Toronto »

Dans un peu plus d’un mois, les villes intéressées par l’organisation des Jeux d’été de 2024 devront avoir envoyé une lettre d’intention au siège du Comité International Olympique (CIO).

D’ores et déjà, cinq villes se sont déclarées candidates : Rome (Italie), Hambourg (Allemagne), Budapest (Hongrie), Paris (France) et Boston (États-Unis), mais cette dernière pourrait toutefois être recalée par le Comité Olympique des Etats-Unis (USOC) dès demain.

D’autres villes pourraient également se déclarer d’ici le 15 septembre, à l’image de Bakou (Azerbaïdjan), récente hôte de la première édition des Jeux Européens.

Mais une autre ville pourrait rapidement faire son entrée dans la course et profiter du retrait éventuel de Boston – et même d’une candidature en provenance des États-Unis – pour présenter un nouveau projet après ses échecs* pour les JO 1996 et 2008 : Toronto (Canada).

Vue de la baie de Toronto avec au premier plan le projet de Stade Olympique pour les Jeux de 2008 (Crédits - Stadium Consultants International / Architect Design by BBB Architects)
Vue de la baie de Toronto avec au premier plan le projet de Stade Olympique pour les Jeux de 2008 (Crédits – Stadium Consultants International / Architect Design by BBB Architects)

La principale ville de l’Ontario avait déjà fait part de son intérêt pour l’accueil des Jeux d’été de 2024, mais à la suite d’une étude de faisabilité et face à la réticence affichée par la précédente mandature municipale, il semblait impensable que Toronto puisse se positionner dans un délai aussi court.

Or, deux éléments semblent avoir replacer Toronto sur le devant de la scène : l’organisation des Jeux Panaméricains 2015, dont certaines installations pourraient être utilisées dans le cadre du projet olympique, et la volonté farouche du Président du Comité Olympique du Canada, Marcel Aubut. Ce dernier est en effet un partisan acharné d’une nouvelle candidature olympique canadienne et milite en ce sens depuis plusieurs années, en particulier sur le terrain des Jeux d’été, dont le Canada n’a plus accueilli d’édition depuis 1976 et les JO de Montréal.

De fait, dans le cadre d’une entrevue accordée ce week-end à Radio Canada, Marcel Aubut a réaffirmé son ambition olympique pour son pays et est même allé plus loin.

Portrait de Marcel Aubut (Crédits - BCF Avocats d'Affaires)
Portrait de Marcel Aubut (Crédits – BCF Avocats d’Affaires)

« Demain, je vais annoncer officiellement que je vais être à la tête d’un groupe de travail pour promouvoir la candidature de Toronto 2024.

Nous avons jusqu’au 15 septembre, avec bien sûr la coopération du Maire de la Ville qui doit vraiment partie prenante et qui a dit qu’il y avait un intérêt. Nous allons également consulter les autres partenaires, autant privés que publics, pour que tout le monde embarque derrière cette ambition.

A mon avis, Toronto peut gagner les Jeux de 2024″ a ainsi déclaré Marcel Aubut.

Mais face à l’imminence de la date limite du dépôt des candidatures et compte-tenu de la nécessaire préparation qui doit être effectuée au préalable, Marcel Aubut a – un sourire en coin – répondu à une question opportune de Marie-José Turcotte, concernant cette échéance à venir et surtout les chances de succès d’une telle entreprise.

« Vous nous dites cela fin juillet, c’est parce que vous avez déjà des réponses positives ? »

« Vous savez bien que je ne peux pas dévoiler tous mes secrets ! »

Toutefois, même si la démarche olympique canadienne repose sur des chances potentielles de succès, il n’en demeure pas moins que Toronto devra surmonter plusieurs difficultés ou problématiques au cours des semaines et des mois à venir.

Carte des principales installations des Jeux Panaméricains 2015 (Crédits - Toronto 2015)
Carte des principales installations des Jeux Panaméricains 2015 (Crédits – Toronto 2015)

Ainsi, l’impact des Jeux Panaméricains ne peut être évalué aujourd’hui et il faudra donc attendre quelques temps avant de pouvoir réellement mesurer l’apport éventuel de cette manifestation d’envergure pour la ville, son économie multi-facette et son territoire.

De plus, les Jeux de Vancouver 2010 restent présents dans les mémoires et le Comité International Olympique (CIO) pourraient être tentés de s’orienter vers une ville attendant depuis plus longtemps la flamme des Jeux. Sur ce point, toutes les rivales de Toronto et du Canada peuvent prétendre à cette ambition.

Enfin, Marcel Aubut et ses collaborateurs devront convaincre la Municipalité de Toronto ainsi que toutes les autorités régionales et fédérales de soutenir la candidature et de s’engager derrière un projet dont la campagne promotionnelle n’a pas encore été estimé, de même que le projet technique en lui-même.

Carte du projet olympique de Toronto 2008 dédié à l'aménagement de la baie (Crédits - Toronto 2008 / Games Bids)
Carte du projet olympique de Toronto 2008 dédié à l’aménagement de la baie (Crédits – Toronto 2008 / Games Bids)

Mais au-delà des autorités politiques et institutionnelles, la partie la plus délicate pourrait se jouer sur le terrain de l’opinion publique.

Les citoyens n’ont pas oublié les deux derniers échecs de leur ville face à Atlanta (1996) et Pékin (2008), mais ils n’ont pas non plus oublié la dette importante laissée par l’organisation et la mauvaise planification des Jeux de 1976 à Montréal.

Une dette qui n’a été épongée qu’au bout de 30 longues années, mais qui reste ancrée dans le quotidien d’une cité qui peine à assurer la reconversion de ses infrastructures, à l’instar du Stade Olympique.

* Pour les Jeux d’été de 1996, Toronto fut éliminée au 4e tour de scrutin, recueillant 22 suffrages, contre 30 pour Athènes (Grèce) et 34 pour Atlanta (États-Unis), cette dernière étant par la suite élue par 51 voix contre 35 pour la capitale grecque et berceau des Jeux.
Pour les Jeux de 2008, la cité de l’Ontario n’a pu résister à la dynamique de Pékin (Chine), élue avec 56 voix, mais fut néanmoins deuxième du 2e et dernier tour de scrutin, avec 22 suffrages, contre 18 pour Paris (France) et 9 pour Istanbul (Turquie).

14 pensées

  1. Comme je le disais dans un autre post, les obstacles sont nombreux. En voici un court résumé:

    – Délai de décision extrêmement court. Difficultés à monter un dossier adéquat en conséquence.

    – Besoin d’investissements importants pour améliorer les transports. Ces décisions ne se prennent pas sur un coin de table.

    – L’extrême dispersion des sites des Jeux Panaméricains fera en sorte que le dossier olympique serait sans doute bien différent. Cauchemar organisationnel en perspective.

    – Le succès des JP 2015 au point de vue des retombées économiques reste à démontrer.
    – 14 ans seulement après Vancouver. Sans compter que le Canada aura été servi 4 fois en moins de 50 ans si Toronto l’emportait en 2024, après 1976, 1988 et 2010. Je ne vois pas pourquoi le CIO déciderait de retourner à nouveau aussi rapidement en terre canadienne.

    – Élections fédérales en octobre de cette année. Pas le meilleur timing pour engager des dépenses incertaines, alors que l’économie canadienne tire de la langue.

    – Il n’est pas impossible qu’une opposition virulente se mette en place.

    – Comme pour les USA, l’alternance géographique ne favorisera en rien le Canada. Rio est en Amérique. Il n’y a pas deux anneaux pour les Amériques, un pour le nord et un pour le sud…Après une édition en Amérique et trois en Asie, il sera écoulé 10 ans entre 2014 et 2024. L’Europe aura ces jeux-là.

    Mais ce qui me frappe dans les propos de Marcel Aubut, c’est qu’il ne semble pas vraiment tenir compte du fait que c’est le maire de Toronto qui décidera ou non d’engager sa ville dans l’aventure. Aubut est coutumier du fait…Il avait fait exactement la même chose avec Québec, avant que le maire Régis Labeaume le rabroue en public, en repoussant une éventuelle candidature pour 2022 ou 2026. Le maire de la ville-reine ne semble pas plus convaincu que celui de Québec de se lancer dans la bataille.

    La ville-reine s’est déjà positionnée il y a plus d’un an contre le fait d’être candidate, via son conseil de ville. Organiser les JO ne se décide pas en claquant des doigts. Cela demande une mobilisation financière majeure de la ville et des paliers provinciaux et fédéraux.

    On sait que Thomas Bach pousse Toronto à se présenter. Mais l’on sait aussi que le CIO a intérêt à voir un maximum de candidates sur la ligne de départ.

      1. Oui tout est dit, et effectivement il n’y a pas photo, quand on compare le temps t’attente pour le jeux d’été concernant les villes (et donc pays) positionnées :

        Italie (1960) = 64 ans d’attente
        Allemagne (1972) = 52 ans
        Budapest = jamais
        Etats Unis (1996) = 38 ans
        Bakou = jamais
        Et….la FRANCE = 1 siècle

        On peut donc dire, que le Canada devra patienter encore un peu.
        Sans rapport avec le sujet, mais l’Italie et les E-U ont eu aussi des JO assez récemment Salt Lake City 2002 et Turin 2006.

    1. Toronto pourrait se lancer si l’objectif est de se positionner pour 2028 ou 2032. Mais comme ton commentaire le dit, il y a beaucoup d’obstacle à surmonter pour que la candidature de Toronto ait une chance.

      1. 2028 ou 2032 seraient des fenêtres de tir intéressantes et permettraient de retrouver d’anciennes nations olympiques comme l’Australie.

        Pour 2024, la candidature sera néanmoins redoutable. Souvenons-nous du projet 2008 arrivé deuxième, devant Paris notamment.

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