JO 2022 : Présentation du projet de Pékin (Chine)

Ville Hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2008, Pékin (Chine) espère rééditer la performance… mais pour les Jeux d’hiver cette fois-ci. La capitale chinoise entend en effet devenir la première ville au monde à accueillir les événements olympiques d’été et d’hiver.

Avant elle, Munich (Allemagne), organisatrice des Jeux d’été 1972, avait tenté d’y parvenir mais avait toutefois dû renoncer à cette ambition après la défaite pour les JO d’hiver 2018 puis l’échec du référendum relatif à la candidature aux JO 2022.

L’expérience de Pékin est incontestablement un atout face à la ville kazakh d’Almaty (Kazakhstan), bien que les deux dossiers aient reçu un accueil enthousiaste de la part de la Commission d’évaluation du Comité International Olympique (CIO).

En visite à Pékin, les membres de ladite Commission avaient ainsi apprécié l’héritage des JO 2008, tandis qu’à Almaty, ils avaient été séduits par la compacité du projet.

(Crédits - Pékin 2022)
(Crédits – Pékin 2022)

Si Almaty a réussi à refaire son retard au cours des derniers mois, notamment sur le plan de la communication, Pékin semble disposer d’une courte avance dans la course aux JO du fait de ses réseaux développés au sein du Mouvement olympique depuis 2001, date d’obtention des Jeux de 2008 et du dynamisme de sa candidature, en Chine et à l’étranger.

Car si le pôle glace a été identifié dans Pékin intra-muros, les épreuves de neige auront lieu dans les régions de Zhangjiakou et Yanqing. Ce choix se fonde sur la stratégie nationale de développement des territoires de Pékin-Tianjin-Hebei, comme cela a d’ailleurs été rappelé par Zhang Jiandong, Maire-adjoint de Pékin, dans une récente interview exclusive pour « Sport & Société ».

Cette volonté – avant tout politique – vise à assurer « le développement de l’arc sportif, culturel et touristique de Pékin-Zhangjiakou ».

Pékin a donc les cartes en mains pour écrire encore un peu plus une page majeure de l’Olympisme et ce, à compter du 31 juillet 2015, date de l’élection de la Ville Hôte des JO 2022.

  • SOUTIEN POLITIQUE ET POPULAIRE

(Crédits - Pékin 2022)
(Crédits – Pékin 2022)

La candidature olympique de Pékin 2022 bénéficie – et ce n’est pas une surprise – d’un soutien massif, à la fois des autorités politiques locales et nationales, que de la population.

Pour son dossier de candidature, la capitale chinoise a réalisé un sondage en coopération avec l’institut IPSOS. Menée auprès d’un échantillon global de 2 500 personnes entre le 23 et le 26 janvier 2014, cette enquête d’opinion a révélé des scores sans appel : 94,8% de soutien populaire à l’échelle nationale, 91,8% à Pékin et même 99,5% à Zhangjiakou.

En somme, et pour faire mention d’une opposition, Pékin 2022 indique que « seuls quelques citoyens craignent que l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver n’exerce une pression plus forte sur l’environnement et que l’organisation des Jeux ne soit trop coûteuse ».

Le sondage officiel réalisé pour le compte du Comité International Olympique (CIO) par l’institut REPUCOM (décembre 2014 / 1 800 sondés) relativise quelque peu les données présentées ci-dessus et fait ainsi état d’un soutien de 92% au niveau de la Chine, 88% à Pékin et 93% à Zhangjiakou. Mais même plus faibles que les données de la candidature, ces chiffres demeurent particulièrement élevés pour un tel projet organisationnel.

Du côté de la classe politique, les neufs partis représentés sur le plan régional et national soutiennent la candidature de Pékin, et les principales autorités politiques ont eu l’occasion d’apporter un appui conséquent à la candidature et seront sans nul doute présentes lors du scrutin olympique, le 31 juillet 2015.

  • ENGAGEMENTS JURIDIQUES DE LA CANDIDATURE

Visite de la Commission d'évaluation du CIO à Zhangjiakou (Crédits - Pékin 2022)
Visite de la Commission d’évaluation du CIO à Zhangjiakou (Crédits – Pékin 2022)

L’organisation des JO d’été 2008 a permis à la Chine de se positionner sur la scène internationale et d’aménager des sites grandioses à Pékin, mais elle a aussi permis aux autorités de mettre en œuvre une stricte règlementation dans le domaine olympique.

Ainsi, comme l’énonce le dossier de candidature, « les préparatifs et la livraison des Jeux Olympiques de Beijing 2008 ont permis d’acquérir une grande expérience des questions juridiques.

En 2002, le gouvernement national chinois a promulgué les Règles pour la protection des symboles olympiques.

A partir de cette base, conformément aux exigences spécifiques du CIO, la Chine élaborera et promulguera de nouvelles lois et réglementations pour la protection des droits et des intérêts du CIO, afin de satisfaire les besoins des Jeux Olympiques d’hiver de 2022″.

L’instance olympique de Lausanne (Suisse) n’aurait donc aucune inquiétude à avoir concernant les garanties juridiques chinoises et ce, que ce soit dans le domaine marketing mais aussi opérationnel, les autorités garantissant les procédures liées à l’acquisition des terrains à bâtir et de surcroît, la bonne livraison des sites.

Mais les garanties juridiques héritées des JO 2008 ne seront pas les seules à être utilisées pour l’échéance olympique de 2022. En effet, le Comité de Candidature promet « une amélioration » des lois et règlementations existantes d’ici le 1er janvier 2020, dans le domaine sensibles de la lutte contre le marketing sauvage (vente à la sauvette…).

Enfin, comme pour sa rivale Almaty, Pékin s’engage à ne pas organiser d’événements internationaux susceptibles de venir porter ombrage à la grand messe olympique au cours de l’année 2022.

  • CONCEPT ET DURABILITÉ DU PROJET

Vue du Nid d'Oiseau lors des Jeux d'été de 2008 (Crédits - Pékin 2022)
Vue du Nid d’Oiseau lors des Jeux d’été de 2008 (Crédits – Pékin 2022)

Reposant sur l’héritage olympique de 2008, la candidature de Pékin 2022 s’appuie aussi sur la notion-clé de développement durable et souhaite organiser des Jeux dans le respect de l’environnement et des territoires.

Pour y parvenir, Pékin a lancé dès le début de l’année 2014, un vaste plan de lutte contre la pollution atmosphérique, fléau des dernières années et symbole de l’industrialisation à grande vitesse de la capitale chinoise et de l’ensemble du pays.

Ce plan comprend pas moins de 85 mesures et devrait mobiliser en ce sens, la bagatelle de 125 milliards de dollars, soit 115,42 milliards d’euros.

D’ores et déjà, plusieurs actions ont été menées et témoignent de la volonté affichée par les autorités politiques de faire de la Chine, l’une des nations les plus performantes en matière d’énergies renouvelables.

Ainsi, la Ville de Pékin a retiré pas moins d’un demi-million de véhicules anciens depuis mars 2015 et entend franchir le seuil de 700 000 véhicules retirés des rues de la cité d’ici la fin de l’année. En outre, quelques 300 usines parmi les plus polluantes de la région devraient fermer leurs portes cette année.

Les différentes actions qui doivent être instaurées font parties intégrantes de deux programmes d’envergure : le Plan d’action stratégique de développement de l’énergie (2014-2020) et le Plan directeur de l’environnement de Pékin (2015-2030).

(Crédits - Pékin 2022
(Crédits – Pékin 2022)

Mais au-delà de ces programmes, Pékin 2022 souhaite profiter de deux autres leviers pour permettre une transition énergétique pertinente et une protection des espaces naturels régionaux.

De fait, la candidature s’engage sur la création d’une « zone nationale de démonstration de la protection de l’environnement, de la croissance économique et de la prospérité des résidents » ainsi que sur la constitution d’une « vallée écologique et une ceinture forestière ».

L’une mettra à contribution les territoires de Zhangjiakou et Yanqing, tandis que l’autre mobilisera les zones proches des lacs artificiels de Guanting et Baihebu.

D’ailleurs, concernant ces deux retenues d’eau, elles pourront être mobilisées dans le cadre de la production de neige artificielle, avec respectivement 4,16 milliards de mètres cubes et 100 millions de mètres cubes disponibles.

Un niveau largement suffisant pour répondre aux besoins éventuels sur les sites des compétitions de neige, qui deviendront par la suite, de hauts lieux pour la pratique des sports d’hiver.

Car au-delà de l’ambition d’accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques une nouvelle fois, la Chine et sa capitale souhaitent profiter de l’élan offert par l’événement mondial, pour assurer la promotion des sports d’hiver et capter l’attention d’au moins 300 millions de Chinois.

Un nombre élevé qui démontre pleinement le potentiel marché des sports d’hiver. Un nombre élevé susceptible d’intéresser les grandes marques ainsi que le CIO soucieux d’assurer la pérennité de l’événement hivernal.

  • SITES DES COMPÉTITIONS

Carte du dispositif chinois (Crédits - Pékin 2022)
Carte du dispositif chinois (Crédits – Pékin 2022)

Pékin 2022 entend mobiliser trois zones à l’occasion des JO 2022 : le Parc Olympique de Pékin, le territoire de Zhangjiakou et le territoire de Yanqing.

Pour le premier site, la capacité organisationnelle n’est pas à démontrer. En effet, en ayant accueilli les JO d’été en 2008, le Parc Olympique – symbolisé par le célèbre « Nid d’Oiseau » – est en mesure de répondre aux exigences des Jeux d’hiver.

Pour les autres sites, des aménagements importants devront être engagés afin de pouvoir prétendre à l’accueil des Jeux et à la gestion des flux de spectateurs.

Dans les trois cas, les sites seraient implantés dans un rayon de plus ou moins 10 kilomètres. Si la compacité du dispositif paraît optimal, il ne faut pas négliger le fait que le dispositif chinois repose sur trois zones éloignées les unes des autres, d’où la nécessité de construire une ligne à grande vitesse entre Pékin et Zhangjiakou.

A terme, la capitale ne serait plus qu’à 50 minutes de Zhangjiakou, contre 4 à 5h à l’heure actuelle.

Ce chantier – indépendant de l’attribution des Jeux – devrait être réalisé en parallèle des aménagements spécifiques à l’événement sportif.

Sur 12 sites proposés par Pékin 2022, la candidature chinoise peut d’ores et déjà s’appuyer sur l’existence de 6 d’entre eux.

A ces 12 sites, il apparaît nécessaire d’inclure l’existence du Stade Olympique, enceinte qui est aujourd’hui proposée pour les Cérémonies d’ouverture et de clôture en présence de 91 000 spectateurs, soit l’une des capacités les plus élevées jamais proposées pour les Jeux d’hiver.

Vue du Parc Olympique de Pékin, avec au centre, le Stade Olympique construit pour les JO d'été de 2008 (Crédits - Pékin 2022)
Vue du Parc Olympique de Pékin, avec au centre, le Stade Olympique construit pour les JO d’été de 2008 (Crédits – Pékin 2022)

– Zone de Pékin

La zone de Pékin accueillerait à elle seule 5 sites sportifs.

Le tournoi de hockey-sur-glace aurait lieu dans deux installations : le Palais National Omnisports (18 000 places) pour le tournoi masculin et le Centre Sportif de Wukesong (9 000 places) pour le tournoi féminin.

Ces deux équipements sont situés dans l’enceinte du Parc Olympique des JO 2008 et des aménagements mineurs – moins de 35 millions de dollars (32,31 millions d’euros) – seraient nécessaires afin de rendre opérationnelle l’utilisation des sites pour les Jeux d’hiver.

Vue du Cube d'eau (Crédits - Pékin 2022)
Vue du Cube d’eau (Crédits – Pékin 2022)

Le curling prendrait place au sein du Cube d’eau ou Centre National de natation – hôte des épreuves de natation en 2008 – réaménagé pour l’occasion (14,17 millions de dollars soit 13,08 millions d’euros) afin d’offrir une capacité de 4 500 sièges et des équipements adéquats pour la compétition.

Construit dans le milieu des années 1960, le Palais Omnisports de la capitale serait pour sa part mobilisé pour les épreuves de patinage artistique et de patinage de vitesse sur piste courte. Également située dans le Parc Olympique, l’installation exigerait des travaux encore moins importants que ceux des sites de hockey – moins de 10 millions de dollars (9,23 millions d’euros) – et garantirait une capacité maximale de 18 000 places.

Visuel de l'Anneau de patinage de vitesse (Crédits - Pékin 2022)
Visuel de l’Anneau de patinage de vitesse (Crédits – Pékin 2022)

Seule infrastructure sportive pérenne à bâtir dans la capitale chinoise, l’Anneau National de patinage de vitesse sera édifié indépendamment des Jeux et deviendra l’un des centres névralgiques de la pratique des sports d’hiver en Chine.

D’une capacité de 12 000 places, l’Anneau devra être construit sur la base de travaux estimés à 194,56 millions de dollars (179,65 millions d’euros).

Carte des sites de Yanqing (Crédits - Pékin 2022)
Carte des sites de Yanqing (Crédits – Pékin 2022)

– Zone de Yanqing

En dehors de Pékin, le site de Yanqing disposera de deux installations pour les épreuves de ski, de bobsleigh, de skeleton et de luge.

Le Centre National des Sports de glisse, situé à 1 kilomètre du Village Olympique de Yanging, proposera une capacité de 10 000 places, dont 2 000 sièges, et accueillera les compétitions de bobsleigh, luge et skeleton. Après les JO, seules 2 000 places subsisteront sur le site.

Site prévu pour les Jeux d’hiver de 2022, le Centre nécessitera un investissement de l’ordre de 175,64 millions de dollars (162,18 millions d’euros).

Visuel du Centre de ski alpin (Crédits - Pékin 2022)
Visuel du Centre de ski alpin (Crédits – Pékin 2022)

Pour sa part, le Centre National de ski alpin accueillera – comme son nom l’indique – le ski alpin.

Là encore, le site choisi devra être aménagé pour l’occasion (175,80 millions de dollars soit 162,33 millions d’euros) et l’édification de 5 000 places assises et la mise à disposition de 3 500 places supplémentaires. A l’issue des Jeux, les gradins seront démantelés.

Carte des sites de Zhangjiakou (Crédits - Pékin 2022)
Carte des sites de Zhangjiakou (Crédits – Pékin 2022)

– Zone de Zhangjiakou

Enfin, les cinq autres sites prévus pour accueillir l’événement hivernal en 2022, seront aménagés à Zhangjiakou.

Le Centre de ski nordique et le Stade de biathlon seront situés dans le Comté de Chongli et accueilleront les épreuves de ski de fond, de saut à ski, de combiné nordique et de biathlon.

Le stade de biathlon pourra recevoir un total de 10 000 spectateurs, dont 5 000 places permanentes. Prévu quelque soit le résultat de l’élection de la Ville Hôte des Jeux, le stade sera aménagé pour un coût estimé à 84,23 millions de dollars (77,78 millions d’euros).

Visuel du Centre de ski nordique (Crédits - Pékin 2022)
Visuel du Centre de ski nordique (Crédits – Pékin 2022)

Le Centre de ski nordique se distinguera quant à lui par deux équipements distincts : le site de ski de fond et le site de saut à ski. Le premier pourra recevoir 10 000 spectateurs dans le cadre d’installations prévues à l’occasion des JO pour un investissement de 109,21 millions de dollars (100,84 millions d’euros). Le second pourra accueillir 10 000 places également – dont 5 000 permanentes – pour des travaux chiffrés à 66,60 millions de dollars (61,50 millions d’euros) par le Comité de Candidature.

Les deux derniers sites de la zone de Zhangjiakou seront également installés dans le Comté de Chongli et seront dédiés aux épreuves de ski acrobatique (Parc de neige A) et de snowboard (Parc de neige B).

Le premier Parc de Genting a été construit en 2010 et pourra recevoir jusqu’à 7 500 spectateurs lors des JO 2022, tandis que le second Parc a été édifié en 2013, avec là aussi une capacité maximale de 7 500 personnes.

Quelques aménagements devront toutefois être effectués sur ces deux sites afin de rendre leur accueil adéquat pour les compétiteurs et les spectateurs. Environ 128,2 millions de dollars (118,38 millions d’euros) seront ainsi nécessaires pour optimiser les deux équipements du Parc de Genting.

  • VILLAGES DES ATHLÈTES

Visuel du Village des Athlètes de Pékin (Crédits - Pékin 2022)
Visuel du Village des Athlètes de Pékin (Crédits – Pékin 2022)

A l’instar du projet d’Almaty, la candidature de Pékin 2022 envisage l’édification de trois Villages à destination des athlètes qui participeront aux Jeux. Pékin bien sûr accueillera l’un de ces sites, mais également Yanqing et Zhangjiakou.

Mais que ce soit dans l’une ou l’autre des villes proposées pour les compétitions, le projet chinois possède un incontestable atout en vue de l’aménagement des Villages Olympiques.

Comme le précise ainsi le Dossier de Candidature remis au CIO, « tous les terrains prévus pour la construction des Villages Olympiques sont la propriété de l’État ou de la collectivité ».

Une donnée non-négligeable lorsque l’on sait l’importance de ces installations, tant en ce qui concerne l’investissement que la capacité d’hébergement et de reconversion post-JO.

(Crédits - Pékin 2022)
(Crédits – Pékin 2022)

Implanté à 15 minutes en voiture du Stade Olympique de Pékin et des infrastructures médiatiques (CIRTV / CPP), le principal Village des Athlètes sera situé au Sud du Parc des Jeux, sur une superficie de 24,6 hectares.

Composé de trois zones – Place du Village, zone opérationnelle et zone résidentielle de 560 appartements – le Village sera bâti sur le modèle culturel chinois et rassemblera plusieurs îlots d’immeubles au cœur d’un vaste espace paysager. Au total, le Village de Pékin pourra héberger jusqu’à 2 260 athlètes et accompagnateurs.

Après les Jeux, le site deviendra un nouveau quartier de la capitale chinoise, avec divers services proposés pour toutes les générations, tandis que les appartements seront reconfigurés pour répondre à la forte demande de logements.

Visuel du Village de Zhangjiakou (Crédits - Pékin 2022)
Visuel du Village de Zhangjiakou (Crédits – Pékin 2022)

Pour le Village de Zhangjiakou, la candidature propose un modèle similaire à celui de Pékin. Ainsi, sur 21,9 hectares, trois zones seront aménagées : Place du Village, zone opérationnelle et zone résidentielle d’une capacité de 1 260 appartements (2 640 personnes).

Comme pour celui de la capitale, le Village des Athlètes de Zhangjiakou s’inscrit dans une volonté d’aménagement du territoire, avec la vente ou la location de logements et la mise à disposition de services variés.

Visuel du Village de Yanqing (Crédits - Pékin 2022)
Visuel du Village de Yanqing (Crédits – Pékin 2022)

Enfin, le dernier Village sera bâti à Yanging sur un terrain plus modeste que les deux précédentes installations. Sur 14,4 hectares, trois zones seront toutefois délimitées, dont des immeubles pouvant héberger jusqu’à 1 430 personnes (760 appartements).

A l’issue des JO 2022, ce Village pourrait devenir un site d’hébergement à destination des touristes que le projet de Pékin 2022 entend attirer et capter afin de permettre le développement de toute la région montagneuse.

L’obtention des Jeux sera d’ailleurs déterminante pour cette ambition. En effet, le Village de Yanqing ne devrait être construit qu’à la condition que Pékin décroche l’organisation de l’événement et ce, à l’inverse des équipements de la capitale et de Zhangjiakou, prévus indépendamment des JO d’hiver.

De fait, le Village de Pékin nécessitera un investissement conséquent de 305,58 millions de dollars (282,17 millions d’euros), tandis que celui de Zhangjiakou fera appel à la mobilisation de 125,43 millions de dollars (115,82 millions d’euros). De son côté, en cas d’attribution des Jeux, le Village des Athlètes de Yanqing serait construit sur la base d’une enveloppe budgétaire de quelques 119,2 millions de dollars (110,07 millions d’euros).

A titre de comparaison, les trois Villages proposés dans le dispositif d’Almaty sont estimés à 348 millions de dollars (321,34 millions d’euros), dont 271 millions (250,24 millions d’euros) uniquement dédiés au Village central.

  • FINANCEMENT ET MARKETING

Tableau de répartition des dépenses hors-COJO (Crédits - Pékin 2022)
Tableau de répartition des dépenses hors-COJO (Crédits – Pékin 2022)

Afin de concevoir le projet olympique ainsi que le financement de celui-ci, le Comité de Candidature de Pékin 2022 a judicieusement fait appel à des personnalités ayant apporté leur expertise pour l’organisation des Jeux d’été de Pékin 2008.

Si cette édition des Jeux n’a pas brillé par son côté économe – plus de 20 milliards d’euros de dépenses – l’édition 2022 devrait ramener le seuil des investissements à un niveau plus raisonnable, compte-tenu de l’importance des équipements existants, sportifs et non-sportifs, directement hérités des JO 2008.

En revanche, l’aménagement d’infrastructures indépendantes mais néanmoins indispensables à la bonne tenue des Jeux – comme la ligne à grande vitesse entre Pékin et Zhangjiakou – est de nature à alourdir la facture globale de plusieurs centaines de millions d’euros, voire de quelques milliards.

En ce qui concerne précisément les budgets des JO, le Comité de Candidature table sur des dépenses de l’ordre de 1,558 milliard de dollars (1,438 milliard d’euros) pour la partie COJO et 1,511 milliard de dollars (1,395 milliard d’euros) pour la partie hors-COJO.

Dans le cadre des dépenses du Comité d’Organisation (COJO), Pékin 2022 prévoit notamment la mobilisation de 161,85 millions de dollars (149,45 millions d’euros) pour les sites des compétitions, 27,9 millions de dollars (25,76 millions d’euros) pour l’aménagement des Villages des Athlètes et 70 millions (64,64 millions d’euros) pour le volet culturel des Jeux et la mise en œuvre des Cérémonies.

Dans le cadre des dépenses hors-COJO, la candidature chinoise entend fortement faire appel au secteur privé. Ainsi, sur un budget estimé à 1,511 milliard de dollars, pas moins de 977,4 millions (902,54 millions d’euros) devraient provenir de l’apport d’entreprises et de partenaires privés.

Une ambition qui n’est pas sans risque, d’où le soutien sans équivoque des pouvoirs publics à l’égard de la candidature et de l’organisation éventuelle de l’événement.

Pour comparaison légitime, le projet de Pékin se fonde sur un investissement global – COJO et hors-COJO – de 3,069 milliards de dollars (2,834 milliards d’euros), alors que celui d’Almaty prévoit des dépenses totales de 3,495 milliards de dollars (3,227 milliards d’euros).

(Crédits - Pékin 2022)
(Crédits – Pékin 2022)

Afin de couvrir les différentes dépenses qui rentreront dans le cadre des Jeux – et en sachant que le CIO contribuera ne manière importante – Pékin 2022 envisage de mettre en place un programme de partenariat et de sponsoring pouvant lui rapporter jusqu’à 660 millions de dollars (609,48 millions d’euros), soit légèrement mieux que celui prévu par Almaty (600 millions de dollars soit 554,04 millions d’euros).

Du côté de la billetterie, le Comité de Candidature espère vendre 96% des billets d’accès aux Jeux Olympiques, soit 2,05 millions de billets, et 80% des billets d’accès aux Jeux Paralympiques, soit 390 000 billets. Pour ce qui concerne les revenus issus de la billetterie, Pékin 2022 table sur 118 millions de dollars (108,96 millions d’euros), soit bien moins que sa rivale kazakh (206 millions de dollars soit 190,22 millions d’euros).

Mais alors que la mise en place d’une loterie olympique est régulièrement proposée par les Villes Hôtes des Jeux, Pékin 2022 n’entend pas proposer cette option, laissant ainsi de côté des revenus potentiels supplémentaires.

La capitale chinoise veut néanmoins mettre à disposition des collectionneurs, divers objets (monnaies et timbres) pour des revenus estimés à près de 100 millions de dollars (92,34 millions d’euros). Ces objets seraient réalisés par la Banque Populaire de Chine, le Bureau National de la Poste de Chine et la Société Philatélique Nationale de Chine.

(Crédits - Pékin 2022)
(Crédits – Pékin 2022)

En ce qui concerne les retombées en provenance de la vente des produits sous licence, Pékin 2022 estime que l’organisation des Jeux pourrait rapporter au moins 72 millions de dollars (66,48 millions d’euros). Là-encore, les estimations sont inférieures à celles présentées par Almaty 2022 (150 millions de dollars soit 138,51 millions d’euros).

  • CONCLUSION

Indéniablement, Pékin 2022 offre des possibilités intéressantes au regard du formidable héritage des Jeux d’été de 2008.

Les équipements sportifs conçus pour cette Olympiade seraient parfaitement réutilisés pour les Jeux d’hiver et permettraient de faciliter la promotion des sports d’hiver dans la capitale chinoise. De même, les installations prévues dans les zones de Yanqing et Zhangjiakou, sont de nature à garantir un accès optimal aux sites montagneux.

Toutefois, malgré ces aspects plus que positifs, la candidature chinoise repose sur plusieurs éléments susceptibles d’accroître plus ou moins lourdement les dépenses nécessaires à l’accueil des Jeux. Car même si certaines infrastructures seront aménagées indépendamment des JO, d’autres sont intrinsèquement liées à l’attribution de l’événement.

(Crédits - Wikipedia)
(Crédits – Wikipedia)

De fait, le financement de la ligne à grande vitesse devra rapidement être dévoilé afin de garantir la réalisation dans les temps de cet équipement qui demeure l’un des points clés du projet mais aussi – et paradoxalement – l’une de ses faiblesses.

En effet, sans l’aménagement de cette voie rapide, les Jeux n’auraient pas la même portée et représenteraient un défi particulièrement lourd à supporter pour les autorités, sachant que les sites de Yanqing et Zhangjiakou sont actuellement distants de ceux de Pékin de 4 à 5h.

L’autre point problématique du projet reste celui de la pollution atmosphérique. Des mesures ont certes été adoptées et la situation à Almaty n’est pas forcément meilleure qu’à Pékin, mais la capitale chinoise devra redoubler d’efforts pour assurer une qualité de l’air suffisante, en particulier dans les zones montagneuses.

Quoiqu’il en soit, nul doute que les membres du CIO auront la possibilité d’interroger les représentants de la candidature chinoise, le 31 juillet prochain, avant de procéder au vote final.

Les réponses qui seront alors apportées pourraient être déterminantes pour le résultat du scrutin olympique.

29 pensées

  1. Félicitation, comme vous l’avez fait pour Almaty, ce dossier est très complet.
    Cependant, je m’interroge sur l’enneigement des sites des sports de neige. Ce problème peut-il être soulever lors des dernières questions et avoir un impact sur le vote final du 31 juillet?

    1. Je vous remercie pour ce commentaire.

      Effectivement, la question de l’enneigement est une problématique certaine pour Pékin. Mais le Comité de Candidature a trouvé la parade de deux manières :
      – Les récentes chutes de neige dans les régions concernées par le projet olympique,
      – La disponibilité d’au moins 5 réservoirs – d’autres sont en construction – dont deux qui disposent d’une capacité de 4,6 milliards de mètres cubes et 100 millions de mètres cubes d’eau afin de permettre la production de neige artificielle.

      Mais il est évident qu’à l’inverse du projet d’Almaty qui bénéficie de la proximité immédiate de montagnes enneigées, le projet chinois ne répond pas pleinement aux exigences des JO d’hiver comme on peut le concevoir…

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