JO 2024 : La candidature parisienne et l’incidence éventuelle des mouvements sociaux

Deux jours après l’annonce de la candidature olympique de Paris 2024, force est de constater que la France renvoie – une fois de plus – l’image d’un pays sclérosé par les grèves et les mouvements sociaux.

Cette image, régulièrement commentée à l’étranger, n’est pas nouvelle et rappelle d’ailleurs l’inquiétude soulevée par le Comité de Candidature de Paris 2012 en marge de la visite de la Commission d’évaluation du Comité International Olympique (CIO), début mars 2005.

A l’époque, les principaux syndicats du pays avaient en effet choisi la date du 10 mars – durant le deuxième jour de visite officielle – pour manifester dans les rues de Paris et exprimer une opposition franche vis-à-vis de la politique du Gouvernement d’alors.

Si la CFDT avait affiché une relative compréhension face aux répercussions d’un tel mouvement sur le CIO, d’autres intersyndicales n’avaient pas eu le même discours, à commencer par FO.

« Si on doit considérer que les Jeux Olympiques ne peuvent avoir lieu que dans un pays où il n’y a pas de manifestations et de grèves, ça signifie que les Jeux ne peuvent pas avoir lieu dans une démocratie.

Une démocratie, ça vit et ça respire, y compris quand il y a des mouvements sociaux, or les Jeux Olympiques, c’est dans sept ans » avait ainsi affirmé Jean-Claude Mailly.

Dix ans plus tard, la contestation sociale est différente mais elle gronde toujours avec des incidences qui peuvent contribuer à maintenir l’image d’une France conservatrice par excellence (blocage sur la réforme de la SNCF, du collège, Loi Macron…).

Car au-delà de la simple question des répercutions éventuelles d’un tel mouvement à l’égard de la candidature et du projet pour l’organisation des JO, le mouvement engagé depuis quelques semaines – parfois violemment – par les chauffeurs de taxis contre l’application UberPop pose une autre problématique bien plus complexe.

Les différents acteurs de ce feuilleton politico-économique démontrent en effet que le chemin est encore long avant de pouvoir rétablir et maintenir durable le dialogue social qui fait aujourd’hui tant défaut à la France et qui contribue à donner l’impression d’un pays sans cesse bloqué et paralysé.

Une impression d’autant plus importante auprès des touristes et des voyageurs de transit, ceux-là même qui pourraient venir garnir les avenues parisiennes et franciliennes à l’occasion des JO 2024…

5 pensées

  1. Oui mais, si l’on devait regarder les cinq candidates, chacune à un problème important à régler : Paris (les manifs), Boston et les plus le pays que la ville en général (agressions à caractère raciste), Rome (corruption), Budapest (liberté d’expression) seul Hambourg échappe à ces histoires… et encore. Il ne s’agit là que d’un problème « temporaire » et la confiance viendra. Sinon, pourquoi avoir obtenu la CDM 1998 (enlevons le problème FIFA, hein 😉 ), la CDM de Rugby 2007, l’Euro de Foot et j’en passe… ?

    1. Le fonctionnement et l’état d’esprit du Comité International Olympique (CIO) ne sont pas les mêmes que ceux des autres institutions sportives.

      Déjà pour 2012, le CIO s’était inquiété de la « démocratie à la française » avant la visite de la Commission d’évaluation, d’où l’importance – et ce bien au-delà de la seule considération des intérêts sportifs et olympiques – de rétablir le dialogue social.

  2. Je trouve ça un peu paradoxal, voir même hypocrite. En effet, on ne peut pas défendre les droits de l’Homme tout en refusant les grèves. Même si il est vrai qu’en France, on a un gros problème avec le dialogue social.

    1. Mon propos a peut-être été mal compris.

      Je ne vise pas les grèves mais l’absence de dialogue social efficace. Le droit de grève est inscrit dans le marbre de notre Bloc de Constitutionnalité depuis 1946, mais il est aussi anormal de constater que le dialogue social n’est pas un élément permettant de résoudre les mouvements sociaux, notamment dans le domaine – stratégique à divers points de vue – des transports.

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