JO 2024 / Interview exclusive : « Un flot d’émotions assez difficile à contenir » (Edgar Grospiron)

A l’issue de la cérémonie d’annonce de la candidature olympique de Paris 2024, « Sport & Société » a interrogé Edgar Grospiron, afin de recueillir ses impressions sur cette journée empreinte de symboles et d’émotion.

Celui qui fut Champion Olympique de bosses aux JO d’hiver d’Albertville 1992 puis un temps patron de la candidature d’Annecy 2018, est revenu en détails sur la gestation de nouvelle candidature tricolore ainsi que sur l’implication du Mouvement sportif et de Bernard Lapasset et Tony Estanguet.

(Crédits - Sport & Société)
(Crédits – Sport & Société)

– Quel regard portez-vous sur cette cérémonie d’annonce officielle de la candidature olympique de Paris 2024 ?

Cela m’a terriblement ému, c’est rare, ça m’a tiré les larmes aux yeux. C’est un ensemble : c’est toute l’expérience, ce que représente l’événement olympique pour moi, cela créé un flot d’émotions assez difficile à contenir.

– Quel rôle allez-vous jouer au cours des prochains mois auprès de la candidature ?

En tant que membre des Olympiens, je siège dans l’Association du Comité de Candidature de Paris 2024 et à ce titre, je porte d’une certaine manière la voix des Olympiens français, des athlètes français, au service d’un projet qui est un projet olympique que je connais bien, car j’ai aussi cette expérience à travers la candidature d’Annecy 2018.

Ma volonté et la volonté de l’Association des Olympiens, c’est d’être au service, au soutien, d’amener en permanence une énergie, car ce Comité de Candidature va avoir besoin que l’ensemble des parties prenantes se fédèrent derrière lui, pour pouvoir atteindre le rêve que l’on a tous et qui est d’ailleurs, à Paris, en 2024, les Jeux.

– Est-ce que vous pensez que les enseignements ont été tirés par rapport aux précédentes candidatures – que ce soit Paris ou Annecy – notamment en ce qui concerne la communication ou le lobbying ?

Nous avons un petit fascicule d’environ 150 pages qui détaille les raisons pour lesquelles les candidatures de Paris 2008, Paris 2012 et Annecy 2018 sont passées à côté. C’est un travail extraordinaire qui a été réalisé. Il faut savoir capitaliser sur ce travail-là, pour ne pas reproduire des erreurs qui nous ont été fatales, et en même temps, il faut avoir la juste intelligence de considérer que ce n’est pas la même compétition, nous n’avons pas les mêmes compétiteurs en face.

Vous savez, dans une compétition aux Jeux Olympiques, on ne va pas chercher des points. Il y a plusieurs villes qui sont candidates, qui ont des atouts. On s’inscrit donc dans un contexte global, à la fois sportif, économique et politique, qui est mondialisé avec des candidats qui sont aux États-Unis, en Europe… Donc avec une géopolitique extrêmement différente d’une élection à une autre.
Il faut savoir tenir compte de cela. Nous avons en face de nous, les membres du Comité International Olympique (CIO) qui pour la plupart, étaient là pour Paris 2012 et seront encore là pour Paris 2024 car c’est une institution pérenne qui s’installe dans le temps et qui installe aussi ses membres dans le temps, ce qui permet ainsi de capitaliser sur beaucoup d’expériences.

En fait, ces différents facteurs font que les enseignements que nous avons tiré, nous permettent de savoir, comment dans les grandes lignes nous pouvons aller conquérir les Jeux, sans rougir de nos échecs, avec la vraie ferveur, la vraie passion et notre histoire, parce que nous avons une histoire forte en matière d’Olympisme. Si nous avons perdu précédemment, il y avait aussi de belles raisons pour lesquelles nous étions de très bons candidats et ces vraies belles raisons il faut aussi savoir les mettre en avant. Notre histoire avec l’Olympisme en est une de ces vraies belles raisons et nous allons pouvoir nous projeter.

Comme l’a dit Marie-José Pérec, ce qui compte, ce sont les jeunes.

Tout à l’heure, on m’a dit ‘Quel est ton plus beau souvenir des Jeux ?’

Quand on est Champion Olympique, c’est lorsque l’on franchi la ligne d’arrivée et moi, cela m’a fait passer d’un petit branleur à un grand Champion. Au fond de moi, je n’ai pas changé, mais dans le regard des gens, ça a complètement changé. Et ça, aujourd’hui, grâce à cette candidature, on va donner l’occasion, à la France entière, de croire en elle et de se dire ‘Mais nous ne sommes pas que des petits branleurs, nous ne sommes pas que des gens arrogants !’ On va arrêter de voir les mauvais côtés.

Vous savez, en France, nous sommes très bons pour voir nos mauvais côtés, nous sommes très bons dans le ‘French Bashing’ et donc avec la candidature, on va peut-être commencer à se dire que l’on est capable de faire des choses, plutôt que de se dire ‘C’est trop cher, on en est pas capable, les autres sont meilleurs…’.

Si je résumais mon propos, c’est de dire : on a l’occasion de partir gagnant et d’arrêter d’être perdants à tous les niveaux et ça – putain – c’est un luxe dans le monde dans lequel on est. Ce luxe-là, aujourd’hui, je l’ai vu s’incarner dans les sourires, dans les regards et il faut profiter de cette énergie pour aller tout au bout, et comme l’a dit Teddy Riner, ‘Se dépasser’ et mettre toute notre énergie, car c’est l’addition de l’énergie de chacun qui pourra permettre d’y arriver.

– Que pensez-vous du duo incarné par Bernard Lapasset et Tony Estanguet ?

Ils sont très complémentaires, très compétents.

Tony a une excellente personnalité, c’est un gars dynamique, c’est un gars intelligent, c’est un gars qui est en plus membre du CIO donc il est extrêmement légitime.
A côté de Tony, Bernard Lapasset a une expérience extrêmement forte.

A eux d’eux, ils savent faire adhérer l’ensemble des parties prenantes, que sont évidemment les athlètes – parce que quand Tony lance un appel, nous sommes-là – mais aussi le mouvement politique, également le mouvement économique – nous aurons besoin de nos grands patrons, de nos capitaines d’industries pour être derrière cette candidature – de toutes les forces en présence.

Tony et Bernard ont su démontrer que l’on pouvait y croire. Je suis hyper fier aujourd’hui !

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