JO 2024 : La candidature de Boston « semble perdre du terrain dans sa relation avec la population »

Depuis sa désignation par le Comité Olympique des États-Unis (USOC) – au détriment de Los Angeles, Washington District of Columbia et San Francisco – la candidature de Boston essuie des sondages critiques et une opposition présente sur le terrain et sur les réseaux sociaux.

D’ailleurs, la mobilisation des opposants ne semblent pas faiblir et ce, en dépit des moyens déployés par le Comité de Candidature et la Ville de Boston pour inverser la tendance. Ainsi, quelques jours après la publication du sondage MassINC pour WBUR, une nouvelle enquête démontre un taux de soutien faible, bien inférieur à 50%.

Boston 2024 - pont et passerelle

Selon un sondage de Western New England University*, 40% des citoyens du Massachusetts sont favorables à la candidature de Boston, tandis que 46% se déclarent opposés à une telle ambition.

Si l’opposition se fait forte dans l’État du Massachusetts, elle l’est encore davantage dans Boston et sa proche périphérie. Ainsi 48% des citoyens sont opposés à la candidature de leur ville, alors que 35% seulement y sont favorables.

Mais au-delà de ce double constat, un élément est de nature à inquiéter les porteurs de la candidature olympique.

En effet, plus les citoyens sont informés sur les contours du projet olympique, plus ils se positionnent contre ce même projet. Paradoxal au moment où la Ville de Boston vient de décider d’ajouter 4 réunions supplémentaires aux 28 rendez-vous publics déjà programmés jusqu’au mois de septembre.

Selon les chiffres de Western New England University, parmi les personnes qui ont affirmé avoir obtenu beaucoup d’informations sur le projet de Boston 2024, 62% des personnes s’opposent à la candidature. Parmi celles qui ont obtenu quelques informations, 39% s’opposent au projet et 45% approuvent la démarche. Enfin, parmi les personnes qui n’ont pas obtenu ou entendu d’informations sur le sujet, 29% seulement sont opposés à la candidature et 51% y sont favorables.

« Lorsque vous essayez de gagner le soutien du public sur un projet, vous espérez évidemment que votre information soit convaincante auprès des citoyens.

Mais les résultats d’aujourd’hui suggèrent que les gens qui ont obtenu des informations sont susceptibles de ne pas soutenir la candidature.

Boston 2024 semble perdre du terrain dans sa relation avec la population. La stratégie visant à renforcer la présence de la candidature sur le terrain ne semble pas fonctionner.

Un nombre important de citoyens ne sont pas convaincus que les contribuables seront protégés contre le risque financier que représente l’organisation des Jeux Olympiques » selon Tim Vercellotti, Directeur de l’institut de sondage et professeur de Sciences Politiques.

Boston 2024 - carte

Mais si la bataille de l’opinion est mal engagée, tout n’est peut-être pas perdu pour Boston 2024.

Ainsi, une autre donnée du sondage apporte un enseignement intéressant. Dans un souci de durabilité et d’économie, les citoyens semblent partager l’idée d’un répartition des sites et donc des épreuves sur l’ensemble du Massachusetts.

L’éclatement du concept olympique serait donc de nature à créer un engouement populaire plus important qu’il ne l’est actuellement. 72% des sondés souhaiteraient voir une telle répartition et 36% affirment qu’ils pourraient changer d’avis sur le projet, autrement dit, qu’ils pourraient soutenir la candidature olympique de Boston.

* Sondage téléphonique mené entre le 06 et le 14 avril 2015 auprès de 427 citoyens du Massachusetts. Marge d’erreur de plus ou moins 5 points.
Illustrations : Crédits – Boston 2024

9 pensées

  1. J’ai travaillé dans le cadre de 4 campagnes électorales, en tant que staff politique ou militant, et je peux dire qu’il n’y a rien de plus terrible en politique que de s’apercevoir, que quoi que l’on fasse, on travaille implicitement pour l’adversaire.

    Ici, toutes les initiatives des pro-olympiques pour améliorer le soutien à Boston 2024 semble donner des munitions aux adversaires de la candidature. Cela veut tout simplement dire qu’il y a une tendance lourde qui s’est installée et que quelque chose de majeur n’a pas été fait en amont. Peut-être que Boston n’a pas assez réfléchi au fait d’impliquer la population dans le processus dès le départ, avant même de solliciter l’investiture américaine. Peut-être que la communication qui a visé l’USOC était déconnectée de la réalité du terrain.

    Mais au-delà des responsabilités de l’équipe de Boston, celle de l’USOC est également majeure. Il y a certainement eu là aussi un travail qui n’a pas été fait. Boson 2024 n’est pas entièrement responsable de la situation actuelle.

    Surtout, le message envoyé aux instances du CIO est terrible. La candidature patauge et ne peut pas se concentrer sur le lobbysme international. De plus l’USOC est dans une situation très délicate. Rejeter Boston serait reconnaître une erreur de jugement manifeste qui ne sera pas du goût du CIO et tenter de repêcher une autre ville pourrait être vu comme une tentative de sauver les meubles. D’ailleurs, il reste à voir si Los Angeles par exemple est toujours disposée à se lancer…

    1. Le choix de Boston a été pris par l’USOC de manière éclairée et parfaitement assumée.

      Le Comité Olympique des États-Unis porte donc une lourde responsabilité dans la situation actuelle, d’autant plus que l’opposition ne date pas du début d’année 2015, bien au contraire… Des opposants avaient par exemple tenté de perturber à plusieurs reprises la tenue de réunions de l’USOC avec les villes intéressées par l’investiture américaine.

      Éliminée Boston et choisir Los Angeles aujourd’hui reviendrait à reconnaître un échec certes, mais signifierait aussi que la nouvelle ville sélectionnée n’est qu’un second choix… Le message serait donc désastreux en matière de communication (justification…).

      Les derniers sondages montrent un tassement de l’opposition, mais pas pour autant une réelle augmentation en faveur de la candidature.

      Deux éléments pourraient permettre d’y voir plus clair :
      – L’impression laissée par la candidature lors du Marathon qui aura lieu ce lundi (cf. mon dernier article à la Une),
      – Le prochain sondage mensuel MassINC pour WBUR.

      Si les spectateurs n’accordent pas un crédit suffisant à la candidature olympique demain, alors qu’il s’agit d’un événement sportif de premier ordre et d’une candidature pour une manifestation d’envergure internationale, le message sera évident, d’une réelle défiance vis-à-vis des porteurs de la candidature.
      Si évidemment la prochaine vague sondagière confirme la tendance des derniers mois, je n’ose imaginer la situation de Boston 2024 en septembre, au moment de déposer la lettre d’intention auprès du CIO…

      1. Effectivement, pour l’USOC, ce sera Boston ou rien. Je ne suis pas certain que Los Angeles voit d’un bon œil le fait d’être considérée comme un 2e choix. Sans compter les réactions du CIO.

        Retirer la candidature américaine avant septembre permettrait de limiter les dégâts auprès du CIO. Et préserver les chances du pays pour les futures échéances.

Laisser un commentaire