JO 2024 : Armand de Rendinger : « La communication doit être en toute circonstance coordonnée »

Observateur du Mouvement olympique, Armand de Rendinger a contribué à plusieurs candidatures – françaises et étrangères – au cours des années passés.

Aujourd’hui, il apporte son regard et son point de vue sur l’ambition olympique et paralympique de la France et la volonté de proposer une nouvelle candidature de Paris pour les Jeux d’été de 2024.

Armand de Rendinger - portrait

Le 13 avril 2015 le Conseil de Paris a voté à la quasi-unanimité son soutien pour une candidature à l’organisation de Jeux Olympiques à Paris en 2024. Que vous inspire ce vote ?

Enfin ! Ce qui n’était plus un secret pour personne, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a pu officialiser cette candidature. Cette décision clôt une première séquence politique de décision, bien longue au vu du mouvement olympique qui avait fait son « job » en remettant un dossier de faisabilité et d’opportunité le 12 février dernier. Cette longueur peut se comprendre quand on connaît les réticences maintes fois exprimées par la Maire sur le dossier des JO, pour ne pas dire son opposition, comme elle le fit savoir à New York en mai 2014. Le 23 mars dernier au journal Le Parisien, ne déclarait-elle pas qu’elle était favorable à une candidature et à l’organisation des JO, dans la mesure où celles-ci respectaient 3 exigences : l’éthique, un modèle économique non pénalisant pour le contribuable parisien, une empreinte écologique (dernière exigence incluant le respect des libertés démocratiques, si chères à la France) ? Il semblerait donc que ces exigences ont été levées ces dernières semaines.

Maintenant il ne s’agit plus de ratiociner sur le passé, mais aller de l’avant, en espérant que la communauté internationale ne nous tienne pas rigueur de cette lenteur qui pourrait s’apparenter pour certains à la conséquence de petits calculs politiques et pour d’autres à une sérieuse interrogation de la France quant à l’utilité des JO pour un pays et à la valeur éthique qu’ils véhiculent. Rapidement l’avenir répondra à cette espérance, tant, comme je l’ai toujours répété, la France, qui n’est pas n’importe quel pays dans le concert olympique, est tout particulièrement attendue et scrutée notamment par les décideurs du CIO. Chaque fait, qu’il soit sportif, politique, économique, social ou moral… chaque posture et déclaration relatives aux éléments touchant à l’olympisme font et feront l’objet d’analyses et de jugements de valeur. Sans se donner plus d’importance que nous ne le méritons, il est certain que la concurrence se chargera de les rappeler au CIO si nécessaire.

vote Conseil de Paris

Qu’entendez-vous par posture et en vous entendant commenter dans les médias la fin de cette première phase politique, vous semblez parfois considérer que les éléments de communication priment sur les éléments techniques et financiers dans un projet de candidature ?

Pour être clair sur la question relative à la posture, il est des plus contre-productifs de donner cette impression de vouloir en permanence mener un débat sur le bien-fondé des JO, quand on est la France et ce qui plus est, après 5 échecs. Il est patent et évident que le Comité National Olympique Sportif et Français aurait dû depuis longtemps faire œuvre de promotion et d’éducation auprès de la population sur la question des JO et de l’olympisme. Ne tirant qu’une partie et bien tardivement quelques enseignements des erreurs passées et n’ayant sans doute pas l’autorité et la crédibilité suffisantes pour le faire, le CNOSF a mis les promoteurs du projet des JO dans une situation paradoxale aujourd’hui. Alors que la France est candidate, les promoteurs du projet sont dans l’obligation de convaincre les décideurs du CIO et en même temps d’entrer dans une campagne d’explication auprès de la population, avant même de les mobiliser. Pour le passionné que je suis des JO et qui ne rêvent que d’une chose qui est de voir un jour les JO en France, je trouve cette situation frustrante et particulièrement pénalisante de voir la France s’interroger ainsi et encore sur leur utilité. Je suis certain que nombre de membres du CIO s’étonnent que la France, sorte de « fille ainée » de l’Olympisme soit encore à ce stade de réflexion. Aussi, lorsque ce sont des politiques qui expliquent pourquoi les JO seraient utiles pour un pays, en lieu et place des responsables du mouvement olympique, la situation devient encore plus surréaliste.

Concernant la communication, oui je vous le confirme, c’est l’élément déterminant. Le dossier technique est incontournable. Cependant chaque pays candidat a la capacité de présenter des dossiers dont les différences seront marginales. Sur les questions budgétaires, si importantes et à juste titre, pour les politiques, ne nous trompons pas de combat et soyons réalistes et transparents. La plupart des chiffres budgétaires annoncés sont contestables, contestés et incomplets. Classique. Avons-nous par exemple une idée de ce que sera le coût de la sécurité en 2024 et durant toute la phase de préparation des JO, si Paris les obtient en 2017 ? Dire que les JO ne coûteront rien aux contribuables est autant une hérésie de communication qu’une contre-vérité. Les retombées économiques sont nombreuses et diffusent. Elles ne se comptent pas en nombre d’emplois et sont peu crédibles à ce stade pour vouloir justifier les JO. Ceux-ci représentent avant tout un investissement permettant d’accélérer la mise en place d’infrastructures et d’équipements nécessaires d’une part et d’autre part un excellent contributeur au renforcement de l’image d’un pays. Parler du mieux vivre ensemble, d’équilibrage de territoires, de transformation de banlieues, etc., sans en négliger l’importance au plan franco-français, n’est qu’un prétexte à considérer comme la conséquence d’un choix politique premier : veut-on oui ou non les JO ? Si oui, on y met les moyens.

Aujourd’hui j’ai plus que l’impression que ce choix n’a pas été fait et que l’on minimise volontairement les coûts, quitte à présenter un projet « rabougri » et peu valorisant pour le CIO (même si l’on se persuade qu’il répond aux directives de l’Agenda Olympique 2020) pour ne pas dire que ceux-ci deviennent une priorité par rapport à d’autres investissements nécessaires pour le pays. Le doute peut effectivement s’installer quand nous nous trouvons dans une sérieuse crise économique et de confiance. Là encore rapidement les porteurs du projet JO 2024 vont être confrontés à des exigences de transparence avec la population, laquelle sera assurément plus regardante que ses élus. Aussi est-il grand temps de répondre à cette question fondamentale à laquelle le mouvement olympique et politique n’a toujours pas répondu de manière compréhensible et acceptable : Pourquoi et avec quelle ambition Paris et la France veulent-elles les JO ?

Il paraît que la réponse est secrète (pour ne pas informer la concurrence !) et se trouve dans la partie du rapport remis le 12 février et non rendue publique. Ceux qui ont eu accès à celle-ci auront tout le loisir de s’exprimer sur la nature de la réponse qui s’y trouve quand ils le jugeront utiles.

Enfin quand je parle de l’importance et de la primauté de la communication sur le technique, j’évoque un concept global et totalement intégré qui couvre le champ suivant, sous la forme de fonctions indissociables : pourquoi les JO, positionnement du projet, communication nationale, mobilisation nationale, adhésion, promotion internationale, gestion des relais internationaux, gestion des médias et des réseaux sociaux, lobbying global et lobbying individuel.

Stade 2 - plateau

Une question couvrant l’actualité de ce jour. Compte tenu de votre expérience et de votre indépendance à ce jour à l’égard de tous les projets en cours ou à venir pour 2024 et/ou 2028 (même si vous n’hésitez pas à montrer votre souhait de voir les JO au plus tôt en France), que vous inspirent les présentations et les commentaires entendus lors de l’annonce de la décision du Conseil de Paris ce 13 avril 2015 ?

Quand on veut gagner une candidature, il est certainement utile de montrer de l’enthousiasme, de respecter ses promesses, de parler franchement et si possible, au stade où nous en sommes encore aujourd’hui, sans langue de bois. Ma réponse à votre question en 9 points :

  1. Paris, même si cela n’est pas encore officiel pour des raisons protocolaires, est candidate : Enfin et tant mieux.
  2. La qualité de la décision prise par le Conseil de Paris ne se retrouve pas dans la forme de présentation : confiance communicative, enthousiasme et jeunesse.
  3. L’affirmation de « trêve politique » dans l’environnement olympique est un terme inapproprié, comme si nos querelles politiques franco-françaises vont s’arrêter par enchantement dans les temps qui courent et surtout il n’est pas bon d’assimiler celles-ci aux conflits internationaux qu’évoquent les responsables du CIO à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des JO.
  4. A peine la Maire de Paris avait terminé sa présentation en insistant sur le consensus politique et l’ardente obligation de mettre le mouvement sportif en avant, nous n’avons vu et entendu dans les médias pratiquement que des politiques, représentant toutes les strates administratives et de sensibilités politiques, s’exprimer. Concernant l’insistance de la mise en avant du mouvement sportif, je ne peux que recommander à vos lecteurs de se plonger dans les archives relatant l’annonce que Paris était candidate aux JO de 2008 et 2012, vous serez surpris de voir combien on retrouve les mêmes intentions et déclarations. On a vu ce qu’a été en fait la réalité !
  5. Le mouvement sportif en avant (en fait cela doit être le mouvement olympique) est effectivement une nécessité. Alors pourquoi ses décisionnaires assistent sans broncher sur les doléances de différentes villes réclamant une partie de l’organisation des JO, quitte à remettre en cause l’autorité de ces mêmes décisionnaires et la qualité du dossier technique ?
  6. Le souci légitime de la recherche du consensus politique, justifie-t-il des déclarations immédiates comme celle du grand champion et du politique qu’est Jean-François Lamour, annonçant que si on ne gagne pas cette fois ci, autant renoncer à toute candidature ultérieurement ? Certes cette sentence peut être interprétée comme une pression politique franco-française pour éviter que la candidature ne soit qu’une simple candidature de témoignage faute de moyens attribués, quand d’autres pourrait l’interpréter, à notre corps défendant, comme une forme de chantage vis-à-vis du CIO. A chacun son interprétation, mais en attendant la communication doit être en toute circonstance coordonnée.
  7. Au-delà de l’image politique, il est intéressant que la gouvernance du projet semble enfin se décider avec Tony Estanguet et Bernard Lapasset. Encore me semble-t-il important que cet attelage intègre Guy Drut, en tant que membre du CIO. Ne pas le faire serait une grave erreur et non pas pour une simple question d’image.
  8. Concernant un référendum ou une consultation populaire, j’avoue que le débat sémantique dans lequel s’est mise la candidature me paraît tout aussi invraisemblable. Je ne vois pas comment celle-ci pourrait y échapper. Si pour des raisons politiques on décidait au final de ne rien faire en la matière, après toutes les promesses effectuées, la puissance des réseaux sociaux et des médias notamment risque de se faire entendre, et pas obligatoirement de façon positive.
  9. Enfin, comme il est de l’intérêt du CIO d’avoir un maximum de candidatures, il est urgent de ne pas se satisfaire des déclarations habituelles consistant à dire que la France serait une excellente candidature, comme nous l’avons encore entendu récemment. Ce discours, nous l’entendons depuis 30 ans et ce à chaque nouvelle olympiade. En attendant c’est une excellente nouvelle que le Président Thomas Bach reçoive le Président François Hollande, accompagné des 2 membres français du CIO et du président du CNOSF, le 16 avril prochain à l’occasion de sa visite en Suisse. Il n’aura échappé cependant à personne que cette visite se fait dans le respect de règles protocolaires voulues par le CIO.

Dernière question pour aujourd’hui. Pensez-vous que l’on est tiré tous les enseignements de toutes nos erreurs passées et que faudrait-il faire dans l’immédiat pour renforcer nos chances de succès ?

Difficile de répondre et je n’aurai pas la prétention de me muer en donneur de leçons ou de mettre en doute la parole des porteurs du projet 2024, lesquels sont convaincus de la justesse de leur démarche. Laissons les œuvrer et mettre en place tout ce qu’ils ont promis d’effectuer. Je pense que certains d’entre eux ont lu mon livre « La tentation olympique française ». Répondrons-t-ils aux questions qui leur sont posées ? Je sais que les convictions et le désintéressement de ceux-ci peuvent s’accompagner de courage et de volonté pour y répondre avec discernement et efficience.

Il est clair cependant que tous les enseignements de toutes les erreurs du passé n’ont pas été tirés. Mais rien n’est définitif et rédhibitoire. Chaque olympiade est originale, même s’il existe des règles immuables à suivre pour au moins éviter le sentiment de certitude qu’une fois de plus l’on va perdre. L’optimisme et la lucidité doivent être les 2 maîtres-mots. En attendant, si je peux me permettre trois conseils de bon sens : activer la formalisation du discours franco-français de mobilisation, en parallèle rattraper le temps perdu en matière d’écoute et de souhaits du CIO et de ses décideurs et enfin savoir garder le cap indépendamment des rebondissements politiques qui se développerons inexorablement dans et autour de la candidature.

De cela et de la situation de la concurrence, on aura l’occasion d’en parler plus en détail ultérieurement et tout au long de ce long parcours que représente une candidature.

12 pensées

  1. « Je suis certain que nombre de membres du CIO s’étonnent que la France, sorte de « fille ainée » de l’Olympisme soit encore à ce stade de réflexion… »

    Il me semble préférable de prendre le temps de la réflexion justement. La date limite de dépôt des candidatures pour les villes requérantes est le 15 septembre.

    D’autres se sont précipités pour annoncer qu’ils entraient dans la course et on en voit le résultat aujourd’hui avec Boston par exemple qui peine considérablement à convaincre sa population. Rome ne suscite pas tellement plus d’enthousiasme et Hambourg doit encore passer le test d’une consultation populaire. Sans compter que dans un passé récent, bien des villes ont jeté l’éponge après s’être lancées tête baissée dans une candidature, sans avoir justement pris ce temps de réflexion nécessaire à la constitution d’un dossier solide (Munich, Oslo, Stockholm, Cracovie, Saint-Moritz pour 2022 notamment).

    Partir le premier ne veut pas dire finir en tête, loin s’en faut! C’est un marathon qui attend Paris, pas un sprint.

    1. Plusieurs points concernant la réflexion autour de la candidature olympique.

      – Pour Paris, il a fallu attendre plusieurs années (2012) avant qu’un audit ne soit réalisé – par KENEO – afin de comprendre ou tenter de comprendre les raisons des échecs des candidatures françaises des trente dernières années (Paris 1992, Lille 2004, Paris 2008, Paris 2012, Annecy 2018).
      – Entre 2012 et 2014, presque rien n’a été fait ou formulé en ce qui concerne l’idée de candidature pour les Jeux de 2024 et cela appel plusieurs critiques : d’une part, la France au travers du CNOSF n’a fait que conforté l’idée selon laquelle le pays de Pierre de Coubertin attend les Jeux, demande les Jeux, sans s’impliquer dans l’Olympisme. A l’inverse de plusieurs pays, la France n’a pas brillé par sa persévérance ou son engagement au cours des dernières années : pourquoi ne pas avoir candidater, comme je le mentionnais il y a plusieurs mois, dans la course aux JO d’hiver 2022 (http://sportetsociete.org/2014/05/03/jo-2022-labsence-francaise/) ? Pourquoi ne pas avoir tenté l’aventure olympique pour 2016 ou 2020 et ce, dans un souci de persévérance et d’apport mutuel entre la France et le CIO ?

      Mais au-delà de ces questions, la France semble ne pas avoir pleinement répondu aux questions qu’elle aurait dû se poser depuis 2005, notamment celle relative à ce qu’elle peut amener pour le Mouvement olympique, ce qu’elle peut engendrer pour ledit Mouvement et pour la nouvelle génération d’athlètes.

      Bref, le CNOSF a une part importante de responsabilité dans cette absence – au contours multiples il faut en convenir – mais rien n’est joué, bien au contraire.

      En choisissant Bernard Lapasset et en s’appuyant pleinement sur Tony Estanguet et Guy Drut, les deux membres français du CIO, la candidature pourra être performante et rivaliser avec la concurrence internationale. Mais là encore, deux éléments devront être remplis : que le Mouvement olympique français est une liberté optimale dans le choix des sites – et ce, même si la volonté des élus politiques ne sera pas respectée – et que la campagne de communication / lobbying soit la plus efficace possible et ce, en se rappelant des échecs passés et en misant sur l’expérience de Bernard Lapasset dans ce domaine (campagne d’intégration du rugby au programme olympique 2016).

      Pour ce qui est de Boston, la ville américaine n’a pas l’expérience de ses ex-rivales internes (Los Angeles hôte par deux fois des JO, San Francisco et Washington DC ayant postulé pour 2012) mais est partie relativement tôt dans la course, se préparant dès 2013 pour une ouverture de la procédure en 2015.

      Pour relever la tête, Boston 2024 devra sans doute faire appel à une personnalité reconnue pour remplacer John Fish à la tête du Comité de Candidature. Le mois de septembre et le dépôt des lettres d’intention des villes intéressées pourrait à cet effet constituer une fenêtre de tir adéquate.

      1. Il me semble que l’Italie, les États-Unis et l’Allemagne n’ont pas franchement brillé par leur persévérance non plus.

        Rome a jeté l’éponge pour 2020 à la toute dernière minute avant le dépôt des dossiers. Et l’Allemagne vient de connaître une belle déroute avec Munich 2022, sans compter que Munich 2018 n’a récolté que 25 suffrages…

        L’Italie n’a plus été sur les rangs depuis 2004, l’Allemagne depuis 2012, tout comme la France et les USA.

      2. Oui, mais je parlais spécifiquement de la France et de la relation de celle-ci avec le CIO. Car comme chacun le sait, la France garde une filiation particulière avec le CIO… 🙂

      3. Pour ce qui concerne l’Italie, la situation économique de Rome devrait handicaper la candidature.

        Selon moi, Hambourg est vraiment – l’heure actuelle – une candidature compétitive. A voir désormais sur la durée, la course olympique ne s’achevant qu’à l’été 2017 !

  2. Suis d’accord avec toi sur ce dernier point. Hambourg m’apparaît comme LA rivale de Paris pour 2024 à l’heure où l’on se parle. Mais je pense que cette ville a des handicaps non négligeables.

    – Le fait que Thomas Bach soit allemand n’aidera pas forcément la ville. Certains des membres du CIO pourraient penser que cela ferait beaucoup pour un même pays. Et dans l’état où le CIO se trouve face aux opinions occidentales, cela pourrait même éventuellement être très mal perçu si d’aventure l’Allemagne s’imposait. Sans oublier que les rivales d’Hambourg vont sans doute exploiter ce thème en coulisses. Londres l’aurait sans doute fait à plein régime…

    – Ce n’est pas une ville connue au point de vue international, même si elle représente la 2e agglomération allemande. Cela peut être assez rédhibitoire. Aucune ville de second rang n’a emporté les Jeux. Barcelone était bien plus connue qu’elle, ou encore Sydney. Et entre aller passer 15 jours à Rome (ou Paris, ou encore Boston) ou à Hambourg, je pense que le choix de nombreux membres du CIO sera vite fait. Il ne faut pas oublier cette donnée dans l’équation. De ce côté-là, Paris et Rome partent avec un boulevard d’avance.

    – Mais le problème le plus important qu’Hambourg pourrait être amené à affronter est la forte volonté de la fédération allemande de football d’organiser l’Euro la même année. Il faudra choisir et je ne serai pas surpris qu’après l’entrée en lice de Paris, l’Allemagne décide finalement de privilégier l’option Euro, surtout que cela ne lui coûterait pas très cher puisque tous les stades nécessaires sont construits.

    Quant à Rome, elle sera plombée par la situation économique italienne, c’est certain. Sans oublier que si l’Expo universelle de Milan ne rencontre pas le succès escompté, cela n’aidera en rien la candidature olympique. Mais n’oublions pas Turin qui a ravi les Jeux de 2006 à Sion alors que personne ne s’y attendait…pas même le maire de la ville à l’époque.

    Et Boston va devoir compter avec ce fameux référendum en 2016. On parle de novembre de cette année-là. Ce qui veut dire que l’équipe de candidature, si elle parvient à maintenir le dossier à flot jusqu’au 15 septembre 2015, va vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête pendant plus d’un an! Largement de quoi laisser le champ libre aux lobbyistes des autres candidatures de démolir la proposition américaine. Toutefois, si le référendum est un succès, Boston pourrait revenir fort dans la course. Mais au vu des sondages, rien ne laisse présager une victoire à ce référendum. Évidemment, septembre 2015 et novembre 2016 sont encore loin, mais tout de même la tendance est lourde.

  3. Votre débat est intéressant et constructif. Evidemment il est nécessaire de réfléchir avant de candidater et ce n’est pas le premier parti le premier arrivé. Beaucoup de rebondissements arriveront avant juillet 2017. Le point majeur pour la France est que, le CNOSF notamment n’ayant pas lancé un vaste plan permanent de promotion et d’information de ce que sont l’olympisme et les JO auprès de la population depuis au moins 2005, le CIO assiste maintenant, alors que la France est candidate, à des politiques qui remettent en cause ces deux valeurs. Pas facile de candidater, de convaincre le CIO, tout en informant et mobilisant les populations. Une séquence des actions aurait été plus aisée. Cependant rien n’est rédhibitoire, puisqu’au final c’est la ville, parmi d’autres critères bien précis (cf. mon dernier livre), commettant le moins d’erreurs, qui gagnera

    1. Exact !

      Et cela revient d’ailleurs à cette manie bien franco-française de débattre d’un sujet interne (mobilisation de la population, place des politiques, valeurs de l’Olympisme…) sur la place publique alors que, comme l’ont pourtant rappelé les premiers concernés, « le CIO regarde et observe »… 🙂

      1. Oui, et il ne faut pas oublier que le CIO n’est plus dans une situation très favorable. Au contraire de 2012. De toute façon, la candidature parfaite n’existe pas.

      2. Le CIO conserve une situation plus que favorable sur le plan des finances, mais c’est au niveau de l’intérêt des candidatures que cela se corse.

        La course aux JO 2022 en est le parfait exemple avec deux candidatures seulement.

        La mise en oeuvre de l’Agenda Olympique 2020 permettra d’y voir plus clair pour la course aux JO 2024. Mais il est certain que ce serait un échec si peu de candidatures démontrent un intérêt et ce, alors même que le CIO tente de convaincre de la pertinence d’une réduction des coûts de candidatures et d’organisation.

        Mais là-encore, cette lutte contre le « gigantisme » ne date pas d’hier. Souvenons-nous les propos de Jacques Rogge fraîchement élu à la tête de l’institution et qui promettait de faire de cette lutte, son principal cheval de bataille. On a vu le résultat par la suite…

  4. Oui, Kevin, je parlais de l’intérêt porté par les villes du monde à se porter candidates. Pas de la situation financière de l’instance olympique.

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