JO 2024 : « Un budget de 60 millions d’euros sur deux ans » pour une candidature de Paris

Après avoir remis l’étude d’opportunité pour une candidature olympique de Paris à la Maire de la capitale, Anne Hidalgo, puis aux élus régionaux, les représentants du Mouvement sportif français se sont rendus hier soir à l’Hôtel de Broglie (VIIe arrondissement) afin de remettre le document à Patrick Kanner, Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports et à Thierry Braillard, Secrétaire d’État aux Sports.

Comme ils l’ont démontré au cours des derniers mois, les deux hommes politiques sont largement favorables à une candidature parisienne pour l’échéance olympique de 2024.

Pour Patrick Kanner, « la France est aujourd’hui capable de présenter au Comité International Olympique (CIO), un dossier de très très grande qualité, si bien sûr la démarche va jusqu’où bout, parce que bien sûr, nous sommes encore à l’état de faisabilité du dossier et qu’il faudra le confirmer par une candidature officielle.

Vous savez, moi j’écoute toujours mon Secrétaire d’État et il a dit ce matin, ‘une candidature à 90%’ mais il y a encore 10% et donc même si les Français sont très favorables – chacun l’a bien compris – au dépôt de cette candidature, il faut que nous allions jusqu’au bout de la conviction.

Il faut encore convaincre quelques mois, avec nos amis ici présent, pour aller au bout de la démarche, mais en tous cas je peux vous dire qu’au niveau de l’État, du gouvernement, de la présidence de la République, il y a un engouement qui est certain, un encouragement qui s’est déjà manifesté et surtout, nous allons accompagner cette candidature tout en restant à notre place.

La première place, c’est d’abord celle du Mouvement sportif, ensuite il y a la Mairie de Paris et l’ensemble des élus de la Région et nous, nous serons des facilitateurs.

Cette candidature doit être placée dans une énorme énergie de toute la France. Il faut que les Français soient fiers de leur pays et fiers de leur capacité à pouvoir porter de tels événements. C’est quand même l’événement le plus important au monde : 4 milliards de téléspectateurs, 20 000 journalistes, 15 000 sportifs… et pourtant une candidature qui reste raisonnable et donc nous, notre conviction, c’est de dire aux Français, ‘attention, nous avons déjà échoué, mais cette fois-ci on participe comme disait Coubertin, mais on participe pour gagner’.

Quand on pose des candidatures, on regarde ce qui n’a pas marché avant et je suis convaincu que dans le rapport, nous retrouverons non pas une auto-critique mais il est vrai que nous avons parfois failli dans la qualité de nos candidatures ou parfois été maladroits, je le dis très simplement.

Nous sommes maintenant plus forts pour aller jusqu’au bout, nous avons bien sûr beaucoup de respect pour nos amis des États-Unis, pour nos amis Italiens, pour nos amis Allemands par exemple, mais je pense que cette fois-ci, nous irons vers la victoire, si bien sûr encore une fois, la candidature est déposée, vous voyez que je reste prudent.

Paris a la possibilité d’être la capitale du monde pendant ces JO de 2024 et surtout d’offrir un dispositif d’équipements sportifs qui est déjà très largement assuré, je crois que c’est cela qui fait l’originalité de cette candidature, c’est qu’en dehors du Stade nautique, en dehors du Village Olympique mais qui restera quoiqu’il arrive utile aux Parisiens au regard des problèmes de logements que nous connaissons en Ile-de-France, et bien la candidature parisienne au sens large du terme, repose déjà sur des équipements de très très haute qualité. Heureusement que nous avons fait des stades de football avec Thierry Braillard pour l’Euro 2016. Nous allons être ensemble à Saint-Quentin-en-Yvelines pour le Vélodrome, qui va aussi accueillir le golf et la piste de BMX. Tout ceci, c’est du bonus et je pourrais aussi vous parler de Paris Bercy ou encore de Roland Garros.

Aujourd’hui, nous avons donc une candidature sérieuse, responsable, éthique, qui préserve le développement durable et qui correspond au calendrier de la Maire de Paris. Nous pouvons dire que tous les astres sont alignés pour que nous allions le plus loin possible ».

Cette véritable démonstration de l’engagement des autorités en faveur d’un projet porté par le Mouvement sportif tricolore s’était d’ailleurs exprimé dans l’après-midi, lors de la présentation au Conseil Régional. Le Président Jean-Paul Huchon avait ainsi affirmé son enthousiasme à l’idée de coopérer à l’émergence et au succès d’une nouvelle candidature olympique de Paris.

Paris 2024 - Ministère

Sur la question du financement de cette dernière, Bernard Lapasset, Président du Comité Français du Sport International (CFSI) et porteur de l’étude, a voulu être très précis, tant en ce qui concerne le mode d’élaboration du budget que du montant de celui-ci pour les deux ans de campagne.

« Sur ce budget de campagne, nous avons convenu qu’il était important que nous fixions un cap. Nous parlions autrefois de budget de 80 millions, 120 millions…

Non ! Ce ne sera pas dans ces hauteurs là. Nous serons sur un budget de 60 millions d’euros sur deux ans, 30 millions par an, de façon à donner un retour extrêmement précis sur les conditions dans lesquelles nous allons mener un environnement de lobbying, comme on dit dans le monde britannique, qui doit correspondre à l’attente de chacun des Franciliens pour réussir à convaincre les membres du CIO sur la qualité du projet.

Sur ce financement, nous souhaitons effectivement une participation à trois niveaux : l’État aura sa part, le monde des entreprises doit avoir le sien – elles sont parties prenantes dans ces investissements sur lesquels nous allons gager l’avenir de certaines entreprises, alimenter le tissu économique dont nous avons besoin – et en même temps avec un troisième tiers, le Mouvement sportif lui-même.

On a besoin d’un dispositif d’accompagnement, Denis Masseglia travaille déjà sur un certain nombre de projets, nous sommes en réflexion sur un projet un peu plus large, de façon à pouvoir rapidement monter un dispositif dans lequel la responsabilité est aussi assurée par le Mouvement sportif.

Voilà le schéma dans lequel nous sommes. Il y a encore des précisions à apporter mais en tous cas, l’orientation est prise pour être participatif au sens le plus large ».

Pour la Présidente du Comité Paralympique et Sportif Français, Emmanuelle Assmann, l’unité de la candidature est un autre facteur essentiel qui doit être souligné, notamment en ce qui concerne l’apport des Jeux sur la société.

« Nous sommes unis dans cette candidature. Il est vrai que nous sommes vraiment heureux d’avoir cette unité du Mouvement sportif, alors oui la candidature française va s’attacher à montrer qu’il y a deux facettes sur une seule pièce – les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques – mais il n’y a qu’une seule candidature, qu’une seule ville et deux événements qui vont se faire dans un même état d’esprit.

Je crois aussi que nous avons des enjeux sociétaux à défendre, et notamment toute la partie sur le changement du regard porté sur la différence, de l’accessibilité de toute la région Île-de-France au niveau des transports par exemple mais aussi des infrastructures.

Je crois que ce sont des sujets qui tiennent à cœur le Mouvement sportif dans son ensemble. Nous sommes tous ensemble sur cette candidature. Nous sommes une équipe unie et soudée.

Je crois à ce pouvoir du sport d’être un vecteur de changement, un accélérateur. Je l’ai vécu car je dois avouer que ce n’est pas le handicap qui a changé ma vie, c’est vraiment le sport. Du coup, je pense que le sport a vraiment un potentiel pour améliorer la vie des gens. On parle de santé, mais c’est aussi une question d’estime de soi, de dépassement de soi, d’esprit d’équipe.

Si on fais venir les Jeux Olympiques et Paralympiques nous aurons des spectateurs en situation de handicap et il faudra les emmener jusqu’au stade. On a la dedans, un enjeu en terme de transports ».

Pour sa part, le Président du Comité National Olympique et Sportif Français, Denis Masseglia, a rappelé la méthode qui a été adoptée pour préparer l’étude d’opportunité et de fait, le pré-projet de candidature olympique.

« On s’est laissé le temps, ça a parfois été interprété comme si nous faisions preuve de frilosité.

Mais en fait en prenant notre temps, nous avons gagné du temps parce que nous avons maintenant un dossier sur lequel on peut s’appuyer, qui va permettre de rassembler ceux qui ont envie de porter ce projet, qui va permettre de fixer le cap et puis je pense aussi, qui va permettre de convaincre pour que demain nous aillons l’engouement auquel on est attaché et qui doit rassembler tous les publics, à tous les âges de la vie.

Parce que c’est un vrai projet de société et avec l’immense espoir que demain, le sport soit au cœur de l’activité sociétale et ça, les Jeux peuvent le permettre ».

Enfin, Tony Estanguet, membre français du CIO et probable homme fort – avec Bernard Lapasset – d’une candidature française, a salué l’engagement des autorités ministérielles et le travail effectué jusqu’à présent.

« C’est vraiment important que l’État s’approprie ce dossier mais reconnaisse en même temps que le Mouvement sportif soit porteur du projet. Je crois qu’il y a eu des enseignements retenus des anciennes candidatures.

Le deuxième aspect que je tenais à souligner ce soir, c’est l’importance de positionner ce projet avec une vraie dynamique internationale.

Nous devons montrer notre ouverture sur des enjeux nationaux et même surtout internationaux et c’est ce qu’a fait Bernard Lapasset dans ses travaux au cours des derniers mois, en apportant à cette étude, les bons arguments pour être capable de positionner une éventuelle candidature dès le départ sur un projet fédérateur et surtout partagé par les différents intervenants ».

Illustration : Crédits – Sport & Société

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