Ce jeudi 12 février, le Mouvement sportif et olympique français et la Maire de Paris, Anne Hidalgo, avaient convié la presse ainsi que les participants aux différents ateliers « Ambition olympique », afin de livrer les conclusions de l’étude d’opportunité d’une candidature olympique française pour 2024.
Si aucune annonce officielle n’a été formulée ce jour, plusieurs pistes ont toutefois été évoquées.
Premier à prendre la parole, le Président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) a ainsi rappeler l’importance d’une candidature de même que les moyens à mettre en œuvre pour garantir son succès.
Pour Denis Masseglia, « nous disposons aujourd’hui des bases nécessaires pour bâtir un projet. Cette étape est un élément majeur dans le processus décisionnel et nous pouvons imaginer et initier une large campagne de financement participatif.
A l’heure actuelle, 42% des Français seraient prêts à participer à une telle entreprise ».
Fin 2014, le Président du CNOSF avait déjà abordé la question du financement de la candidature, tablant notamment sur une sorte de « Téléthon » olympique diffusé dans le courant de l’été sur les chaînes du groupe France Télévisions.
Cette dimension participative, que ce soit pour le financement ou pour l’élaborer de l’étude d’opportunité, a également été au cœur du propos de Bernard Lapasset, possible homme fort d’une candidature de Paris 2024.
Car en effet, la stature et la renommée à l’échelle internationale – il a particulièrement contribué à l’arrivée du rugby à 7 dans le programme olympique – font de l’actuel patron de la Fédération Internationale de Rugby (World Rugby), un potentiel président de candidature.
Selon lui, « la dimension participative des ateliers thématiques peut contribuer à valoriser cet événement unique et à construire la France de demain.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont un événement rassembleur d’énergies, notamment autour de la notion de volontariat. Nous avons l’exemple de Londres 2012. Nous pouvons faire mieux avec Paris 2024.
Nous devons permettre la participation active de la jeunesse. Nous avons un fort taux démographique, il faut en profiter ».
Présentant ensuite un rappel des chiffres des Jeux d’été de Londres – 11 millions de billets vendus… – Bernard Lapasset n’est toutefois pas entré dans le détail d’un éventuel projet français.
« Pourquoi peu d’éléments techniques à l’heure actuelle ? Parce que nous sommes en compétition et nous souhaitons les réserver au Comité International Olympique (CIO) » avec lequel nous devrons coopérer dans le cadre du processus d’invitation à destination des villes intéressées par les JO d’été.
Malgré l’absence d’éléments probants, plusieurs pistes et axes de réflexion avancés ont néanmoins été exposés par le Président du CFSI.
Ainsi, « nous avons délimité quatre principes de faisabilité : la qualité de nos infrastructures ; l’inscription de la démarche dans des projets existants, notamment en ce qui concerne le développement des transports via le Grand Paris ; la valorisation et la mise en scène du patrimoine, car rappelons-le, Paris est une ville mondiale ; et enfin, la volonté de créer de l’utile et du nécessaire pour le territoire ».
Ces quatre éléments imbriqués les uns aux autres ont de fait permis de dégager plusieurs possibilités d’implantation des sites.
Les enceintes sportives existantes seront évidemment intégrées à un projet olympique, que ce soit le Stade de France pour les Cérémonies d’ouverture et de clôture ainsi que les épreuves d’athlétisme, ou le Stade de Roland Garros pour le tennis. Mais d’autres installations pourraient également faire partie intégrante d’une candidature de Paris.
Pourquoi ne pas imaginer l’organisation des compétitions d’escrime sous la verrière monumentale du Grand Palais ou encore les épreuves de tir-à-l’arc sur l’Esplanade des Invalides ?
Quoiqu’il en soit, plusieurs sites « ont été référencés sur Paris métropole et quelque soit l’option envisagée, 80% des athlètes seraient à moins de 30 minutes du Village Olympique ».
Concernant le budget, celui-ci serait maîtrisé en raison de l’importance des équipements d’ores et déjà existants et opérationnels.
De fait, seules quelques infrastructures devront être aménagées dans le cadre d’une candidature : un Village de 17 000 lits, un Centre aquatique (12 000 sièges minimums pour la natation et 5 000 pour le water-polo), un stand de tir et un stade de hockey-sur-gazon (10 000 places).
Comme l’a rappelé Bernard Lapasset, hormis le Village des Athlètes qui serait remanié en logements, les autres équipements pourront être pérennes, semi-pérennes ou entièrement démantelés à l’issue des festivités olympiques.
De ce fait, le budget du Comité d’Organisation (COJO) est estimé à 3,2 milliards d’euros, sachant que 97% de ce montant proviendra de financements privés. Pour le budget hors-COJO, 3 milliards d’euros seraient nécessaires dont 1 milliard pour des infrastructures spécifiques aux JO (rénovation du Stade de France, aménagement du Centre aquatique…). Sur cette somme, le Mouvement olympique français espère une participation à 50/50 des pouvoirs publics et du secteur privé.
Sur ce point précis, Bernard Lapasset s’est voulu enthousiaste, soulignant qu’aujourd’hui, « 80% du monde économique considèrent les JO comme un investissement encourageant pour le pays ».
Au regard de l’ensemble de ces éléments, Bernard Lapasset espère le lancement prochain d’une candidature de Paris, ville olympique pour 2024.
Pour lui, « le contexte international est évolutif. Les projets vont évoluer, il y aura une bataille, mais nous aimons la compétition.
Oui, la France peut concevoir un projet porteur de sens puisqu’elle dispose de réels atouts face à la concurrence mondiale ».
Après une chaleureuse accolade et la remise officielle de l’étude d’opportunité – environ 300 pages – à la Maire de Paris, Bernard Lapasset a donc laissé la parole à Anne Hidalgo.
Cette dernière a tenu au préalable à remercier l’investissement des participants et du Mouvement olympique à cette étude d’opportunité.
Échaudée par les échecs passés (2008, 2012 sans compter 1992), Anne Hidalgo ne conçoit pas « la candidature comme une candidature de témoignage.
Dès aujourd’hui, je réunirai les Maires d’arrondissements de Paris puis demain, les Maires de la métropole et de l’Île-de-France, car il faut de la cohésion et un esprit d’équipe.
Fin mars, je soumettrai la décision d’une candidature olympique aux Maires d’arrondissements et fin avril, devant le Conseil de Paris.
D’ici-là, il nous faudra réfléchir à un modèle de gouvernance, car j’ai retenu les leçons du passé. Le Mouvement sportif doit être devant et doit tirer la candidature ».
La Maire de Paris donne donc rendez-vous fin mars puis fin avril concernant l’éventuelle et désormais probable candidature aux Jeux. Les semaines qui viennent seront consacrées à divers rendez-vous et plusieurs rencontres avec les acteurs concernés par un tel projet, que ce soit les élus locaux et régionaux ou encore le monde économique francilien.
Ce jeudi, la France a en tous cas fait un pas de plus vers un retour sur la scène olympique, quatre ans après la déroute cinglante d’Annecy dans la course aux JO d’hiver de 2018 et dix ans après l’échec de Paris 2012.
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