JO 2024 : La candidature de San Francisco soulève aussi des doutes

Si la candidature olympique de Boston (Massachusetts) doit actuellement composer avec les critiques formulées par des opposants de plus en plus visibles, le projet de San Francisco (Californie) est également confronté à des doutes et des inquiétudes quant à la faisabilité d’organiser les Jeux en 2024.

Bien que moins organisé et populaire que celui de Boston, le groupement d’opposants à la candidature de San Francisco dispose tout de même d’un site internet rassemblant pas moins de 12 points d’arguments pour s’opposer aux JO.

Considérations financières ou territoriales, les points exposés témoignent en tout cas du scepticisme soulevé par la conception quasi-secrète du projet olympique.

En effet, à l’instar des dirigeants de la candidature pour l’investiture américaine de 2012, les responsables du projet actuel ont élaboré leur plan dans la plus grande discrétion, ce qui n’est pas pour satisfaire aux exigences de transparence et de démocratie.

Car même si les grands axes du projet olympique ainsi que les éléments d’aménagement du Stade Olympique ont été dévoilés, la question du coût budgétaire demeure l’un des points-clés dans l’opposition à la candidature.

SF 2024 - opposition

  • San Francisco n’est pas une aire de jeu pour les riches. La gentrification de San Francisco au cours des dernières années a conduit à faire de notre ville une aire de jeux pour les riches. La croissance de Google et d’autres géants de la technologie ont provoqué une flambée des loyers et des expulsions massives de résidents à faibles revenus. La classe ouvrière est poussée hors des pôles multiculturels où elle a pourtant vécu durant plusieurs générations. Accueillir les Jeux Olympiques de 2024 constituerait le « clou du cercueil » de la ville que nous aimons tous et les locataires se retrouveraient sans doute face à la pression et au harcèlement des propriétaires qui tenterons de tirer profit des Jeux.
  • Le coût moyen des Jeux dépasse de 200% le coût prévisionnel, selon une étude de la London School of Economics and Political Science portant sur les Jeux de 1976 à 2012. Si l’offre de 2024 garde le même modèle, la facture des Jeux de San Francisco s’établira à 13,5 milliards de dollars (11,25 milliards d’euros) au lieu des 4,5 milliards de dollars (3,75 milliards d’euros) présentés aujourd’hui.
  • Les élus municipaux sont tenus de signer une garantie de fonds publics dans le cas de dépassements des coûts.
  • Nous avons d’autres priorités et d’autres domaines où nous pourrions dépenser des milliards de dollars d’argent public. Notre région dispose d’un large éventail de questions sociales et environnementales qui doit être abordé avant de décider de dépenser des milliards pour trois semaines de manifestations olympiques. La lutte contre la pauvreté, la lutte pour le logement ou le renforcement des mesures de protections environnementales sont quelques uns des points de cet éventail.
  • Les électeurs du Colorado ont dit « Non » en 1972.
  • L’organisation de la Coupe de l’America a plombé le budget de la ville de 11,5 millions de dollars (9,58 millions d’euros). Sur les impacts projetés à l’origine, la Coupe de l’America n’a rapporté que 27% de gain économique, 24% de recettes d’impôts et 44% seulement de nouveaux emplois.
  • La corruption du CIO pourrait impacter la région de la Baie de San Francisco.
  • Le système des transports est déjà à bout de souffle. Les Jeux feraient vivre un enfer aux habitants avec des lieux de compétitions éclatés dans une région mal desservi par les transports en commun.
  • Les impacts environnementaux ne correspondent pas aux valeurs de la région de la Baie de San Francisco.
  • L’aménagement d’installations aurait des répercussions sur nos environnements côtiers fragiles.
  • La Californie connaît sa pire sécheresse depuis des décennies. Il ne serait donc pas judicieux d’amener plus de 2 millions de personnes sur notre territoire.
  • Notre région ne possèdent pas l’infrastructure nécessaire pour accueillir les Jeux. Nous ne disposons pas des hôtels, des aéroports et des installations nécessaires pour gérer l’afflux massif de spectateurs.
Illustration : Crédits – San Francisco No 2024

3 pensées

  1. San Francisco a du plomb dans l’aile… Sans être un coup de massue terrible, cela ne va pas aider pour autant.

    La candidature de la ville reste probablement la plus faible face à Los Angeles, Boston et Washington DC, qui ont toutes fait campagne de façon plus active et plus visible.

    Malgré tout, certains points soulignés sont assez vrais : d’un point de vue environnemental, la région de San Francisco a déjà été très touchés par des drames climatiques qui ont fragilisé la zone, et aujourd’hui, les priorités écologiques sont différentes de celles imaginées par le Comité de candidature. Et du côté des infrastructures, la ville est vraiment la moins bien lotie des 4 candidates. Organiser des jeux aurait un gros coût, si on pense aux frais de construction d’aéroport et hôtelier notamment.

    Après, les revendications restent un peu trop « clichés »… Reparler de corruption en 2015 au CIO, c’est faux. Les mauvais jours sont passés depuis longtemps, d’autres organisations sont davantage salies que l’institution olympique aujourd’hui.

    Quant aux votes de 1972 dans un état voisin, il est sans intérêt ! La situation d’il y a 40 ans n’est plus la même en 2015 ! Et le Colorado est bien moins riche que la Californie (qui a, elle, approuvé les JO en 1984, rappelons le !).

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