JO 2024 : Pour Paris, l’option Jean-Philippe Gatien

Fin janvier, début février, le Mouvement olympique français dévoilera les conclusions de l’étude d’opportunité qu’il mène actuellement en vue d’une candidature olympique de Paris à l’organisation des Jeux d’été de 2024.

Selon toute vraisemblance, les conditions semblent aujourd’hui réunies pour voir émerger un nouveau projet porté par la capitale, dix ans après l’échec de Paris lors du scrutin olympique de Singapour 2005.

Si tel devait être le cas, les athlètes seraient en première ligne pour promouvoir, défendre et porter la candidature tricolore, ce qui marquera un changement notable par rapport à la gouvernance mise en place lors de la précédente tentative olympique. En 2005, le projet fut ainsi incarné par le Maire de Paris, Bertrand Delanoë. Pour 2024, un athlète devrait être porte-étendard du projet.

Reste à savoir qui. Comme l’a récemment précisé Bernard Lapasset, Président du Comité International du Sport Français (CFSI), cette personnalité aurait été « identifiée » mais ne compte pas dans son palmarès de titre olympique. La liste est donc large mais à la fois restreinte.

Si l’option Tony Estanguet – membre du Comité International Olympique (CIO) – a un temps été évoquée, elle apparaît de fait comme obsolète, de même qu’une éventuelle option Laura Flessel. Parmi les autres personnalités marquantes du sport français, et au-delà de leur engagement respectif actuel, Guy Drut, Jean-Claude Killy – bien qu’en retrait depuis Sotchi 2014 – ou encore David Douillet et Jean-François Lamour sont aussi hors-jeu.

Chacun possède en effet au moins un titre de Champion olympique.

Dès lors, quelques pistes peuvent être explorées : Tony Parler, Stéphane Diagana ou encore Jean-Philippe Gatien.

Tony Parker - Tissot

Âgé de 32 ans, « TP » est incontestablement l’un des sportifs les plus en vogues de ces dernières années, que ce soit à l’échelle nationale, au travers de ses sélections en équipe de France ou de son engagement auprès du club de l’ASVEL / Lyon-Villeurbane, ou internationale, avec sa participation et ses performance au sein des Spurs de San Antonio dans le prestigieux championnat NBA.

Mais son absence de médailles aux Jeux – quart de finaliste à Londres 2012 – pourrait constituer un handicap pour incarner la voix du dossier de Paris, de même que son âge.

Car même si la France souhaite valoriser la jeunesse au travers de son projet olympique, elle devra tout de même compter sur une certaine expérience et un savoir-faire.

CNOSF - Stéphane Diagana

De ce fait, Stéphane Diagana pourrait être un recours intéressant. Athlète connu et reconnu, aujourd’hui consultant pour France Télévisions lors des grands championnats européens et mondiaux, il possède un palmarès non-négligeable : premier français champion du monde en athlétisme (1997 et 2003), Stéphane Diagana demeure, près de 20 ans après, détenteur du record d’Europe du 400m haies. Il possède en outre plusieurs médailles européennes (4) et mondiales (3 avec ses titres) ainsi que huit titres de champion de France.

Stéphane Diagana, 45 ans, est en outre engagé au sein de la lutte antidopage, notamment du fait de sa participation au sein du Comité des Athlètes de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA).

Mais à l’instar de Tony Parker, le tableau blanc en matière olympique est un élément qui devrait l’écarter des rangs pour le poste de leader. Présent aux JO de Barcelone 1992, il ne parvient pas à établir de performance comme Marie-José Pérec puis ne peut concourir aux Jeux d’Atlanta 1996 et Sydney 2000 pour cause de blessures. Il en sera de même pour Athènes 2004.

Jean-Philippe Gatien - FFTT

Reste alors l’option – même si ce n’est pas la seule loin de là – Jean-Philippe Gatien. Pour Sport & Société, ce pongiste de 46 ans possède un profil adéquat pour répondre aux exigences qui incombent à un leader de candidature olympique.

Meilleur joueur français de tennis de table, Jean-Philippe Gatien fut vice-champion olympique lors des Jeux de Barcelone 1992 puis champion du monde l’année suivante à Göteborg, il décroche le bronze olympique en double lors des JO de Sydney 2000. Il possède par ailleurs pas moins de 13 titres de champion de France et plusieurs médailles obtenues lors de rencontres européennes ou internationales, en individuel ou en équipe.

Désigné comme athlète modèle pour le tennis de table lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse d’été de Singapour 2010, Jean-Philippe Gatien est également engagé dans plusieurs causes portées par la Fondation du Sport, notamment dans le domaine de la nutrition ou encore de l’activité physique.

Distinction ultime de son engagement au service du sport, Jean-Philippe Gatien a récemment été élu Président du Conseil d’Administration de l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP), établissement français dirigé par Jean-Pierre de Vincenzi.

Ces différents éléments, ainsi que sa mobilisation derrière le Mouvement olympique français dans le cadre de l’étude d’opportunité, placent Jean-Philippe Gatien comme une option plus que légitime pour porter les couleurs de la candidature olympique de Paris pour les Jeux de 2024.

Illustrations :
– Campagne de Tony Parker pour les montres Tissot (Crédits – Site officiel)
– Stéphane Diagana à la tribune du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), début novembre 2014 (Crédits – Sport & Société)
– Jean-Philippe Gatien (Crédits – FFTT)

7 pensées

  1. Salut,
    Ghani Yalouz possède également un profil intéressant. Médaillé olympique, ex-lutteur qui développe avec un certain succès un projet pour l’athlétisme français, aisance relationnelle et médiatique, PS compatible (ça peut paraitre bête mais ça compte).
    Il ne représente pas l’élite française quinqua et stéréotypée. Les sportifs l’apprécient et apprécient sa méthode, sa culture de la gagne et du dépassement. Seul bémol, quid de son expérience et de sa notoriété à l’international? A surveillé.
    Question pour Kevin; Ghani Yalouz était-il présent lors du point d’étape sur l’étude d’opportunité?

    1. Bonjour,

      Effectivement, il s’agit d’un profil intéressant mais avec toutefois un manque de notoriété à l’échelle internationale, en particulier au sein des instances décisionnelles.

      Concernant le point d’étape relatif à l’étude d’opportunité, je n’ai pas souvenir d’avoir aperçu Ghani Yalouz. Il faut dire que nous étions plus de 150 personnes rassemblées dans l’amphithéâtre du CNOSF 🙂

      En revanche, Stéphane Diagana et Jean-Philippe Gatien étaient présents lors de ce rendez-vous, chacun ayant d’ailleurs pris la parole pour intervenir sur quelques points du dossier.

      1. Tu sembles avoir une grosse intuition sur Jean-Philippe Gatien. Comme ce n’est pas le premier nom qui me serait venu à l’esprit, tu dois avoir quelques indices concomitants. 🙂

        A titre personnel, j’aime beaucoup Stéphane Diagana mais son côté douce brebis m’effraie un peu dans l’univers de la diplomatie olympique.

        Je trouve tout de même un peu dommage, bien que compréhensible, de vouloir à tout prix trouver un clone de Sebastian Coe. Pourquoi ne pas miser sur un autre aspect de l’olympisme, l’expertise médiatique dans la diffusion et la promotion du sport et des jeux (axe majeur de l’agenda 2020 du CIO) avec un porte étendard comme Nathalie Iannetta. On s’éloignerait du portait robot mais je trouve l’idée séduisante bien que risquée.

      2. Non non Damien, nul indice concernant Jean-Philippe Gatien 🙂 Il s’agit simplement d’un avis personnel, étayé et argumenté.

        Je pense en effet qu’il pourrait avoir le profil adéquat pour le « job », au regard de son expérience olympique et de ses engagements actuels.

        La question du leadership est primordiale pour Paris : il ne faut pas refaire l’erreur, de présenter un solide projet, sans un leader qui arrive à parler avec le Mouvement sportif et le Mouvement olympique en général.
        En outre, la représentation des athlètes au premier plan apparaît comme un impératif depuis l’adoption de la réforme Agenda 2020 qui consacre, enfin, l’expérience des athlètes comme un indicateur que les Villes Requérantes / Candidates devront développer.

        Mais au-delà d’une simple personnalité, c’est bien la gouvernance en elle-même qui devra être clairement définie dès le lancement de la candidature tricolore et ce, afin d’éviter les errements passés et sur ce point là, je pense notamment à Annecy 2018 qui a été un fiasco absolu en terme de gouvernance du projet.

  2. « Annecy 2018 qui a été un fiasco absolu en terme de gouvernance du projet ».
    Sans vouloir me faire l’avocat du diable, les errements du dossier de ville requérante puis de ville candidate d’Annecy sont le fait majoritaire des erreurs stratégiques du CNOSF et du mouvement sportif. L’option d’animer le mouvement olympique et paralympique par des candidatures testimoniales c’est un choix respectable à condition qu’elles soient sérieuses, crédibles et qu’elles préparent réellement l’échéance suivante.
    Je suis très surpris lorsque je lis depuis 9 ou 10 ans que les politiques ne comprennent rien à rien et qu’ils gangrènent les dossiers par leur présence trop importante. Un peu trop facile cet argumentaire qui revient de manière lancinante.
    Il ne faut pas oublier que lorsque Coe prend en main la candidature de Londres c’est certes un athlète olympique disposant d’une aura sportive internationale mais c’est surtout un homme politique confirmé.
    L’équilibre des forces au sein de la gouvernance sera le maitre-mot.

    1. Oui, il faut un certain équilibre. Mais justement, il paraît opportun de renforcer la place des athlètes. Une image demeure : celle de la délégation française dans l’attente du résultat pour les JO 2012. Bertrand Delanoë (aucun palmarès sportif ou olympique), Arnaud Lagardère… Certes, il y avait bien Jean-François Lamour, ancien champion olympique ou d’autres, mais qui n’ont jamais véritablement eu la représentation qui aurait dû être la leur.

      Pour mener à bien une candidature aux Jeux, l’exemple d’Albertville 1992 – Killy / Barnier – est un bon enseignement, de même que Sebastian Coe pour Londres 2012, qui a su ramener la candidature britannique sur le devant après des débuts difficiles.

      C’est une conception très anglo-saxonne qu’il faut adopter, ou tout du moins prendre en considération et s’en inspirer, que ce soit pour la gouvernance ou bien sûr pour la promotion du projet et le lobbying 🙂

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