La Turquie va investir 48,5 milliards d’euros dans le développement des sports d’hiver

A l’instar de la Russie, du Kazakhstan ou de la Chine, la Turquie envisage d’investir massivement dans la promotion de la pratique des sports d’hiver et le développement de ses infrastructures.

Ainsi, le Président de la Fédération de Ski de Turquie (FO), Erol Yanar, a récemment dévoilé un vaste et ambitieux projet portant sur quelques 48,5 milliards d’euros échelonnés sur 12 ans.

Ce projet doit permettre à la Turquie de se doter d’installations de classe internationale capables, le cas échéant, d’accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver. Si l’échéance 2026 apparaît comme un potentiel test, l’édition 2030 semble davantage réaliste pour la Turquie, si cette dernière engage les travaux d’aménagement à temps.

Mais en dépit de l’investissement conséquent envisagé et de l’ambition olympique affichée, la Turquie devra être en mesure d’organiser des compétitions continentales et internationales afin de consolider son projet global et rendre possible une candidature aux Jeux.

Cela passera notamment par la retransmission, pour la première fois, de la Turkey Alpine Skiing First League à Erzurum (Est), le 13 décembre prochain, puis par l’accueil de la Coupe du Monde FIS de snowboard, du 19 au 20 décembre 2014 à Istanbul. D’autres événements sont par ailleurs programmés durant l’année 2015.

Turquie - Erzurum

Pour Erol Yanar, « le tourisme lié aux sports d’hiver va contribuer au développement régional.

Les montagnes de Turquie sont appropriées pour la pratique du ski. Il y 166 sommets de plus de 2 000 mètres de haut, 137 sommets de plus de 3 000 mètres et quatre sommets de plus de 4 000 mètres.

Actuellement, notre potentiel n’est pas utilisé comme le démontre notre budget consacré au ski et qui se trouve être l’un des plus faibles d’Europe occidentale avec 2,5 millions d’euros seulement ».

Pour palier ce retard et faciliter le développement rapide du tourisme dans les régions montagneuses, 18,5 milliards d’euros seront injectés dans la construction de 5 000 hôtels à proximité des futures pistes de ski, tandis que 15 milliards seront alloués à l’aménagement d’infrastructures, auxquels s’ajouteront 5 milliards d’euros pour l’achat et l’installation de matériels nécessaires à l’entretien des sites.

Plus de 4,1 milliards d’euros seront par ailleurs destinés à la promotion de la pratique des sports d’hiver, notamment à destination des plus jeunes.

Ces montants considérables sont à rapprocher des sommes déployées par les autorités politiques en marge des précédentes candidatures olympiques d’Istanbul, dont la dernière, pour l’échéance 2020.

Plusieurs milliards d’euros ont ainsi été mobilisés dans la modernisation des infrastructures de transport et d’hébergement et plus de 15 milliards d’euros ont été planifiés dans l’aménagement des sites.

Même si la « Perle du Bosphore » n’a pas été retenue par le Comité International Olympique (CIO), il y a fort à parier que les autorités auront à cœur de maintenir un niveau d’investissements élevé et ce, afin de réaliser le rêve olympique au plus tôt.

Que ce soit pour les Jeux d’été de 2024 ou les Jeux d’hiver à l’horizon 2030.

Illustration : Tremplins de saut à ski de Paladöken, près de la ville d’Erzurum (Crédits – NtvSpor.net)

7 pensées

  1. Une idée pertinente, qui aura au moins le mérite d’appuyer les ambitions nationales sportives.

    À l’image des pays que tu cites en effet, ces investissements seront sans doute profitables à la pratique des sports d’hiver et à un tourisme hivernal nouveau dans des régions du monde pas forcement célèbres pour ces raisons.

    Nul doute que le CIO y sera sensible, ce qui assurerait les espoirs olympiques nationaux (et récompenserait le pays qui a vu se succéder 5 candidatures en 6 olympiades consécutives (de 2000 à 2020). En effet, la pratique et la valeur du sport est une chose primordiale au CIO. Voir les efforts fournis sera un atout majeur turque (si l’on compare à de nombreuses nations européennes qui ne prennent en revanche malheureusement plus la peine de fournir autant de travail et de soutien).

    Mais en revanche, le CIO verra probablement une mauvaise chose à l’idée d’organiser des JO dans ce pays : la Turquie se classe régulièrement au tableau des médailles au JO d’été (avec 88 médailles au total, en 20 éditions – sur les 27 ayant eu lieu)… Mais malgré ces 15 participations aux JO d’hiver, le pays n’a jamais obtenu la moindre médaille à ces Jeux. En effet, les pays organisateurs de JO finissent régulièrement au classement des 10 meilleurs nations les plus titrées à chaque Jeux.

    Partant de ça, difficile pour la Turquie, « petit concurrent » sur l’échelle des Jeux d’hiver de l’emporter. Il faudra absolument pérenniser la force et le potentiel des athlètes turques dans un premier lieu (grâce à toutes ces dépenses prévues dans les années à venir…), mais ce sera un travail de longue haleine, qui demandera bien plus de 15 ans d’efforts.

    Difficile alors d’imaginer la Turquie décrocher le gros lot des JO d’hiver à moyen-long termes, il faudra plusieurs décennies pour convaincre… Mais cette ambition donnera sans aucun problème plus de force et de crédibilité à Istanbul si elle compte obtenir des JO d’été en revanche.

    1. Au vu du peu de candidats intéressés pour 2018 et 2022, la Turquie représente au contraire une option intéressante pour le CIO à l’Horizon 2026 ou 2030. Après tout, ni la Chine, ni le Kazakhstan, ne sont de véritables terres traditionnelles pour la pratique des sports d’hiver. La Chine qui risque fort de décrocher le gros lot pour 2022 ne se classe pas dans les premières nations au tableau des médailles des JO d’hiver. Et pourtant, l’un de ces deux pays organisera les JO d’hiver dans un peu plus de 7 ans.

      Je ne pense pas que le manque de médailles hivernales soit rédhibitoire. Au contraire, quoi de mieux que de vendre au CIO le fait que la pratique des sports d’hiver puisse augmenter rapidement dans un pays de 70 millions de personnes?

      Erzurum 2026 ou 2030 ne sont pas impossibles.

      1. Les 2 nations n’excellent pas en sport à ski, mais plus ce qui est des sport sur glace, elles savent se distinguer (en particulier la Chine). Cela fait des années que ces 2 nations sont aux classements des médailles, ce qui prouve une certaine force. Même si le Kazakhstan ne nous semblent pas être un pays évident sur les sport d’hiver, il se démarque… La Turquie fait pâle figure en comparaison.

        Et grand risque : les spectateurs ! Comment attirer un public local si le pays n’y est quasiment pas représenté ? La Turquie n’a jamais eu plus de 10 athlètes en compétitions en hiver, et n’en a parfois même pas une poignée. Irions-nous voir des sports que, d’une, nous ne pratiquons pas, et, de deux, il n’y a aucun sportif de notre pays ? Je ne pense pas. Et les Turcs réagiront certainement de la même façon. C’est pourquoi il est d’abord nécessaire d’installer les sports, pour ensuite s’assurer des chances de succès à une candidature olympique hivernale. Sinon, les risques d’échecs financiers (dus à un désintérêt complet de la population, à une méconnaissance des sports et à un manque de sportifs locaux) seront trop importants et les retombées médiatiques bien maigres (ou alors, des retombées néfastes, comme on en a vu avec la Russie quand 30% des billets n’avaient pas été vendus à 2 semaines des Jeux de Sotchi, et les milliers de places vides durant la compétition…)

        De même, l’année dernière, Barcelone (avec la région des Pyrénées côté Catalogne) envisageait une candidature, avant de se désister du fait de la faible pratique des sports d’hiver dans son pays.

        Au final, on en revient toujours au même débat… Ce sont les sportifs qui doivent (d’une certaine façon) apporter les JO, et non l’inverse.

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