Rio 2016 : L’influence des chaînes de télévision sur la programmation des épreuves

« En 1936, date de retransmission de la première manifestation sportive, les Jeux Olympiques de Berlin avaient mobilisé l’attention de 200 000 téléspectateurs privilégiés.

Un demi-siècle plus tard, les JO de Barcelone 1992 en ont réuni, au même moment, 3,5 milliards, devenant ainsi un ‘village global’ selon la formule de Marshall McHulan ».

Dans « Le point sur les coûts des retransmissions sportives », Jean-François Bourg avait rappelé à juste titre l’importance croissante du média télévisé dans le cadre de la diffusion et de la retransmission des événements sportifs internationaux et ce, depuis maintenant plusieurs décennies.

Les dernières éditions olympiques n’ont pas dérogé à la règle – bien au contraire -, et le développement des réseaux sociaux et des nouvelles technologies contribuent d’ailleurs à accroître encore davantage l’importance de l’image et les retombées potentielles attendues.

Rio - Maracana

Dans le cadre des prochains Jeux d’été de Rio 2016, le Comité d’Organisation compte s’appuyer sur l’engagement de quelques 2 000 bénévoles qui seront chargés d’épauler les services spécialisés dans le domaine de la télécommunication et des technologies informatiques. Mais outre ces personnels, l’événement olympique sera aussi et surtout une occasion rêvée offerte aux grandes chaînes de télévision du monde entier.

De fait, rien d’étonnant à ce que les diffuseurs exclusifs essayent d’influencer sur la programmation et l’organisation des compétitions à tel ou tel moment de la quinzaine olympique voire même à tel ou tel instant de la journée.

L’un des exemples frappants de ces dernières années s’était déroulé aux Jeux de Pékin, en 2008.

A cette date, la chaîne américaine NBC avait réussi à convaincre l’institution olympique de programmer les finales de natation dans la matinée et ce, afin que le décalage horaire entre la Chine et les États-Unis puisse permettre une retransmission des épreuves aquatiques en ‘prime time’. Un choix à l’époque discuté mais qui devrait à nouveau se présenter pour les prochains JO.

Des discussions sont en cours entre le Comité International Olympique (CIO), la Fédération Internationale de Natation (FINA) et le diffuseur américain NBC, afin de programmer les finales de natation entre 22h et minuit, ce qui ne convient évidemment pas à certains.

L’Australien John Coates, vice-président du CIO estime ainsi que l’idée est « déraisonnable ».

Mais outre la natation, l’une des autres compétitions phares des Jeux Olympiques sera aussi concernée par ces choix stratégiques : l’athlétisme.

Ainsi, le Conseil de la Fédération Internationale d’Athlétisme (IAAF) a approuvé la décision de Rio 2016 et des diffuseurs des Jeux, de programmer huit finales d’athlétisme en cours de matinée au Stade João Havelange, en plus des cinq finales se disputant sur route (marathon féminin et masculin, 20km féminin, 20 et 50km masculin).

Rio - Barra

Ce choix, qui devrait – à l’inverse des autres programmations – favoriser les téléspectateurs européens en raison du décalage horaire avec le Brésil, est avant tout dicté par les grandes holding de la télévision.

La diffusion des Jeux représente une manne financière considérable et les derniers contrats illustrent d’ailleurs l’importance de la télévision dans les revenus du CIO.

Alors que pour les JO de Rome 1960, les droits de télévision avaient été accordés pour la modique somme de 1,2 million de francs (183 000 euros), dont 500 000 francs (76 000 euros) à la charge du diffuseur américain de l’époque, CBS, les montants actuels se chiffrent en milliards d’euros.

Ainsi, le groupe américain NBC a conservé les droits de diffusion de l’événement pour la période 2014-2020 pour la somme de 4,38 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) et a récemment obtenu les droits pour 2020-2032 en déboursant quelques 7,65 milliards de dollars (6,18 milliards d’euros).

Un prix exorbitant. Rien d’étonnant dès lors, à ce que le principal bailleur de fonds de l’institution, la chaîne NBC, puisse avoir la capacité d’influer sur les choix horaires des programmations olympiques.

Illustrations : Stade Maracana et plage de Barra (Crédits – Rio 2016)

4 pensées

  1. En principe, si NBC fait « pression » sur le comité d’organisation pour influencer l’heure de diffusion de ces compétitions phares des Jeux, l’Europe ne pourra guère en profiter : vu les décalage horaire, les compétitions devraient avoir lieu tardivement, pour favoriser une diffusion aux USA en Prime-time…

    Mais en Europe, cela signifie voir l’événement vers 2h00/4h00 du matin ! À l’inverse, si l’Europe est favoriser, avec une diffusion en fin de journée/compétition matinale au Brésil, les USA devront se lever aux aurores pour regarder les compétitions… Sans parler de l’Asie de l’Est et de l’Australie, qui aimeraient probablement bien profiter d’une diffusion aussi agréable que possible !

    Il va falloir préparer du café pour voir ces Jeux au final ^^ ! Et en attendant, on verra les médias s’arracher l’événement. Reste à voir qui en bénéficiera le plus !

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