JO 2024 : La candidature de Paris compromise

Et s’il n’en restait qu’une…

En annonçant aujourd’hui le soutien de l’État à la candidature de la France à l’organisation de l’Exposition Universelle 2025, le Premier Ministre Manuel Valls a peut-être tiré un trait sur un éventuel projet olympique pour 2024.

Malgré la mobilisation exemplaire du Mouvement sportif français et la mise en œuvre d’une stratégie minutieuse, notamment autour du Comité Français du Sport International (CFSI), le Premier Ministre n’a pas attendu la clôture de l’étude d’opportunité et de faisabilité pour exprimer ce qui semble s’apparenter à un choix.

ExpoFrance 2025

Comment pourrait-il en être autrement ?

Au regard de la complexité organisationnel des deux événements et compte tenu de la situation financière et des contraintes budgétaires actuelles, la France ne peut raisonnablement prétendre à candidater à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 et de l’Expo 2025.

Au cours des derniers mois, la tendance était – il faut le dire – plus en faveur d’une candidature à l’Exposition Universelle. A l’inverse d’une candidature olympique minée par le peu d’enthousiasme de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, le projet d’Expo a rapidement reçu le soutien d’élus locaux, d’entrepreneurs nationaux et même une adhésion populaire importante.

Les voyants étaient donc au vert pour une candidature tricolore à un événement qui a profondément marqué l’Histoire de France à la fin du XIXe siècle, en particulier avec l’édification de majestueux monuments, dont le plus emblématique n’est autre que la Tour Eiffel.

Néanmoins, à l’instar des autres grands événements internationaux, l’Expo Universelle n’est plus ce qu’elle était. Aujourd’hui, elle s’ouvre au monde, comme en témoigne l’organisation somptueuse de l’Expo 2010 de Shanghai et est plus devenue une grande foire d’exposition qu’un défilé de réalisations architecturales pérennes et durables.

Les Jeux Olympiques se sont eux aussi transformés au fil des décennies. D’un rassemblement populaire et festif, les JO sont devenus la grand messe du sport spectacle entre mobilisation de milliers d’athlètes et supporteurs et retombées économiques massives, notamment pour les sponsors.

Paris 2012 - beach volleyy

Toutefois, compte tenu de la puissance et de l’effet d’entraînement des Jeux, il aurait été judicieux pour le Premier Ministre, d’attendre la fin de l’étude d’opportunité et ce, afin de peser le pour et le contre en toute connaissance de cause.

Que ce soit l’Expo 2025 ou la fête olympique 2024, ces deux événements sont de nature à transformer le paysage urbain de la future métropole du Grand Paris. Mais au regard des différents besoins, une candidature olympique aurait permis l’aménagement de sites sportifs de première importance dans et autour de la capitale. Des équipements nouveaux, susceptibles d’être utiliser demain et après-demain par les jeunes générations et les athlètes de haut niveau.

Il est intéressant de penser au futur stade de Roland Garros repensé et réaménagé et bien sûr, au Centre Aquatique Olympique que la natation tricolore attend en vain depuis… le projet olympique de « Paris 2012 ».

Sans doute ce projet fut-il mal préparé, mal vendu auprès des membres du Comité International Olympique (CIO). La présence forte de la sphère politique au sommet de la candidature a été l’un des éléments qui ont conduit à la perte des JO 2012 face à celle qui apparaissait pendant plusieurs mois comme une candidature de façade, Londres 2012.

On ne refait pas l’Histoire, c’est certain.

Paris a perdu, Londres a gagné et a réussi sa promesse d’organiser des Jeux durables, en bâtissant un immense Parc Olympique, symbole du renouveau britannique et de la prise en compte des notions d’héritage olympique et de développement durable.

Mais sans vouloir aller jusqu’au dépôt d’une candidature olympique pour 2024, la France fait sans nul doute une erreur profonde.

Paris 2012 - drapeau

L’anniversaire du Centenaire des derniers JO d’été organisés en France (1924) n’est pas l’argument fondamental, loin de là. Le CIO n’est plus sensible, et depuis longtemps déjà, à cet argument nostalgique.

Non, la France laisse tout simplement passer sa chance d’obtenir à nouveau l’organisation des Jeux. Car même si certains font des États-Unis les grandissimes favoris, un projet français aurait pu apparaître comme une alternative intéressante et pertinente à l’heure où le CIO s’interroge sur son avenir plus que centenaire.

Une telle démarche aurait pu replacer la France au cœur de la stratégie olympique et ce, après les échecs plus ou moins cuisants de Paris 1992, Lille 2004, Paris 2008, Paris 2012 et Annecy 2018.

Surtout, une telle démarche aurait permis d’avoir l’espoir d’accueillir sur le sol hexagonal la plus grande manifestation sportive de la planète au moment où cette dernière s’ouvre au monde et notamment aux puissances émergentes. Car ne nous leurrons pas. Après Rio 2016, le CIO a souhaité la sécurité avec Tokyo 2020 mais pourrait probablement être à nouveau tenté par l’aventure expansionniste, en accordant les Jeux à l’Afrique ou au Moyen-Orient à l’horizon 2028.

De fait, en reculant sur le calendrier olympique, la France s’apprête à faire un trait sur les Jeux pour la décennie à venir. Depuis 1992 et les JO d’hiver d’Albertville, nombreuses sont pourtant les personnes qui n’ont pas eu la chance et le plaisir d’accueillir les Jeux en France. Il faudra encore patienter.

Et s’il n’en restait qu’une… ce sera sans doute l’Expo 2025.

Illustrations :
– Logo officiel de la candidature de la France à l’organisation de l’Exposition Universelle 2025 (Crédits – Site officiel)
– Visuel du projet d’aménagement du stade de beach-volley pour les Jeux de 2012
– Drapeau de la candidature de Paris 2012 (Crédits – Mairie de Paris / L’Internaute)

11 pensées

  1. Autant dire adieu, aux JO tous court, car imaginons, l’expo 2025 est remportée par la ville de…Londres car cette dernière serait encore une fois la rivale de Paris, la France ne pourra plus se tourner sur une autre candidature olympique à l’avenir. Encore une fois le CIO ne le prendra pas forcement bien.

    Et surtout oublions les jeux européens ou les jo de la jeunesse se serait ridicule.

  2. Mais surtout, posons nous les questions du soutient si rapide du Premier Ministre à l’Expo Universelle :

    – Les coûts des jeux, jugés trop cher ?

    Oui car, si l’on regarde bien les sommes ajoutées lors des derniers jeux olympiques d’été et d’hiver, elles ont une nouvelle fois gonflées. La situation économique catastrophique de l’Europe actuellement, ne permet plus à ces nations de voir les choses plus aisément.

    – La France a t-elle toujours été une « passionnée » de sport ?

    Oui et Non. Oui car pour l’organisation d’événements passé, elle a sue mobilisée les énergies(entreprises, sportifs) mais surtout, les foules. Mais grâce à quoi spécialement ? Aux résultats sportifs ! Je ne pense pas, que si la France au mondial 1998 n’avait pas passée le premier tour ou s’était arrêtée en 8 ème, les gens si seraient encore intéressés, les politiques en premier.

    Et soyons réaliste, NON, le sport n’est pas une philosophie pour les français et française en général, car si cela avait été le cas, nous aurions par exemple eu déjà une piscine national pour nos sportifs et d’autre équipements sans l’afflux systématique d’associations ne voulant pas leurs édifications, etc… Nous sommes très loin de la Grande Bretagne, de l’Espagne ou encore de l’Allemagne.

    -Le trauma de Paris 2012 s’est elle envolée ?

    Apparemment… non, car la Mairie de Paris et spécialement Mme Hidalgo ne semble pas vouloir se mouiller du simple fait qu’un possible nouvel échec parisien serait une grande et difficiles « honte » à surmonter de nouveau.

    Maintenant l’erreur de se présenter aussi rapidement à l’Expo avant de réfléchir :

    -Comme je l’ai marqué sur l’autre commentaire la ville de Londres semble également intéresser à cette organisation, d’autres villes du Moyen Orient lorgnent également dessus. Sommes nous sûr de ne pas subir une nouvelle débâcle alors que l’Expo Universelle n’est plus revenu depuis si longtemps en Grande Bretagne ?

    -L’événement passionnera t-elle vraiment les français et attirera plus de touristes ou d’entreprises sur notre sol ? Car l’autre enjeux de tous cela est qu’elle doit nous rapporter des bénéfices et non pas des problèmes. Je pense qu’il aurait fallut d’abord regarder ce que Milan l’année prochaine nous fera, pour être mieux éclairer.

    -Cette Expo Universelle sera t-elle plus économes et moi pharaonique que les JO ? Je pense que beaucoup on oublié que si Sotchi a été l’affreuse exemple de ce qu’il ne faillait plus faire, Shanghai en 2010 nous la bien faite également. Surtout qu’en 2017 et 2020 les pays que sont le Kazakhstan (déjà) et les Emirats Arabes Unis, nous en « ferons voir de toutes les couleurs ».

    Maintenant si il s’agit d’une stratégie pour se représenter en 2028 voir 2032, elle est encore pour moi une grossière erreur.

  3. J’avoue ne pas bien comprendre vos réactions à ce discours de Manuel Valls. En quoi a-t-il dit que la France et Paris ne seront pas candidats aux JO? L’étude de faisabilité n’est pas terminée. Croyez-vous vraiment qu’il pouvait à ce moment-ci déclarer que Paris est candidate ou y faire une allusion appuyée??? Des gens travaillent fort sur ce dossier depuis des mois, voire des années pour certains et aucune décision n’a été prise. Si tel était le cas, on le saurait déjà car les comités auraient été dissous et des gens auraient coulé de l’info dans la presse! Il n’a en rien enterré le projet olympique de Paris 2024!

    La France peut très bien être candidate pour les Jeux de 2024 et l’Expo de 2025. Où est le problème? Je balaie du revers de la main les arguments que le pays n’en a pas les moyens. Les investissements consentis créeront de l’emploi et de la richesse. Pour ce qui est des JO, l’essentiel des infrastructures est déjà là. Il ne reste que le village, la piscine et quelques autres constructions à réaliser. Sans parler de celles déjà planifiées, comme l’Arena 92, la reconstruction de Bercy et du Parc, celle de Roland-Garros, le Grand Stade de rugby. Quant à l’Expo, vous oubliez que les coûts de construction des pavillon sont à la charge des pays participants, ce qui change la donne également.

    Les États-Unis favoris de la course pour 2024? Euh, pourquoi? Rien n’est moins sûr. Et si c’est le cas, autant leur donner les Jeux sans processus de candidature. C’est exactement le genre de scénario que le CIO voudra éviter, après la débâcle de 2022. Et ce qui laissera de grandes chances à l’Europe de s’imposer. Depuis des mois, j’écris ici que les JO 2022 iront à Beijing et ce, bien avant le retrait d’Oslo notamment. Je suis également persuadé que les JO de 2024 seront organisés par l’Europe. Reste à savoir où. L’Afrique va se positionner pour 2028, ce qui veut dire que si les E-U gagnent 2024, l’Europe n’aura aucune chance pour 2028. D’ailleurs, accorder à nouveau les JO aux E-U en 2024 serait une très mauvaise stratégie pour le CIO. Cela découragerait les Européens et le CIO en subirait des conséquences inattendues. Je vois mal Istanbul être à nouveau de la partie pour 2028 et/ou 2032 si elle perd à nouveau 2024.

    Le Moyen-Orient pour 2025? Dubai organisera l’Expo en 2020. Il y a donc peu de chances que celle-ci y retourne 5 ans plus tard. 2025 est ouvert. Londres est loin d’être imbattable, Paris l’a récemment battu pour les Gay Games de 2018. La mentalité française est parfois déroutante…

    Alors, Keep Calm and hope for a parisian bid!

  4. À choisir entre les deux, autant doubler nos chances et proposer deux candidatures ! Le grand public (et les politiciens avec, cela va sans dire !) a souvent tendance en confondre Candidature et Organisation. Même si une candidature aura un coût certes non négligeable, avec un risque d’échec de l’une des candidatures à la clé, il faut quand même se donner les moyens de réussir ! À défaut d’être une réussite sur tous les plans, cela donnera le ton sur les ambitions françaises à l’échelle internationale. Clairement, les pays d’Asie de l’Est et ceux du Golfe ont de grands rêves… Et ça finit par porter ses fruits. Le Brésil aussi a osé multiplié les candidatures : CM en 2014, JO en 2016, un doublé impressionnant (qui fait oublié l’échec de la candidature pour l’Expo Universelle 2020). Evidemment, il y a des grands risques financiers (probablement dû à de trop grandes ambitions pas forcement toujours stratégiques, mais est-ce que le Brésil va s’effondrer ? Bien sûr que non ! La Chine a pu enchaîner JO en 2008, Expo Universelle de Shanghai en 2010, et la course se poursuivra encore avec les Mondiaux d’athlétisme en 2015 (sans parler de la candidature olympique pour 2022, et la liste pourrait encore être allongée !). Idem on pourrait parler de la Russie qui se bat pour les événements mondiaux (là encore, JO 2014, des Championnats du Monde à tire-larigot tous les ans, avec encore le Mondial de Foot 2018, et plusieurs matchs de l’Euro 2020 à St Peterzbourg – sans oublier la candidature de cette même ville à l’Expo Universelle 2020 également !).

    Alors certes, on peut aussi bien faire une Encyclopédie des critiques à faire à ces 3 pays (tout trois membres des BRIC au passage, seule l’Inde est plus discrète, à l’heure actuelle en tout cas…), mais ceux sont des pays qui osent quand même ! Et sur tous les fronts.

    Pourquoi la France demande-t-elle autant d’événements incroyables, et se prive du dessert sacré, les JO ? C’est incohérent… Autant doubler nos chances d’une victoire en cumulant les deux candidatures, et adviennent que pourra ! Ce sera certes bien difficile, mais pas infaisable ! L’Espagne a réussi un exploit en 1992 en accueillant à la fois les JO à Barcelone et l’Expo Universelle à Séville (et pour entrer encore plus dans le détail anecdotique, Madrid célébrait même les 500 de la découverte de la l’Amérique !!!) et il en est sortit grandi et plus fort (au moins jusqu’à la Crise…). La Chine a aussi réussi ce pari (comme du précédemment…). Et on peut même reparlé de l’Italie a osé (de façon plus large, je l’avoue), avec JO 2006 à Turin et Expo 2015 à Milan… Et rêve encore de JO pour 2024 cette fois (affaire à suivre, évidemment…)

    Après, concernant les coûts de l’Expo Universelle, ils sont bien trop sous-estimés par le Gouvernement français (rappelons que Shanghai 2010 a coûté dans les 40-50 Milliards, que Milan 2015 est estimé à 20 milliards d’euros, et que Dubaï table actuellement sur 13,5 milliards de dollars en 2020 (et que le pays a les moyens de faire bien plus ! )… Par quelle magie la France croit-elle faire une Expo à 3 ou 4 milliards d’euros (Sachant que ce pourrait être ce même budget avec des JO bien pensés) ? Il n’y a bien que les Français et nos médias pour croire naïvement que la culture coûtera bien moins cher que le sport ! Alors oui en 2000 Hanovre a bien eu un projet à 1,8 milliards d’euros (si on convertis les francs et Deutsch Mark de l’époque)… Mais ce fut un flop touristique et économique, avec 1,2 milliards de déficit, et moitié moins de visiteurs que prévu… Et pourtant on était en Allemagne ! C’est signe qu’une Expo comporte des risques malgré tout ! Pas sûr qu’une Expo, du simple fait qu’elle soit en France, et à Paris, soit un succès évident d’un point de vue touristique, encore moins venus de l’international (seulement 12% d’étrangers à Hanovre, alors que 25% étaient attendus). Les entreprises soutiendront peut-être l’effort… Mais celles-ci encouragent plutôt le sport et donc l’olympisme.

    Si on y regarde bien, les deux événements comportent d’énormes risques, mais avec une bonne stratégie, des choix judicieux et économiques, et une bonne organisation, le résultat jouera à 100% en faveur de la France… Donc autant se donner les moyens de nos ambitions, et oser candidater, quitte à connaître 50% d’échec !

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