JO 2024 : La problématique du Village Olympique

Comme pour toute candidature olympique, l’un des points les plus épineux n’est autre que le choix d’emplacement du Village des Athlètes. Ce choix est en effet stratégique à plus d’un titre.

L’implantation implique la prise en compte d’une exigence logistique mais aussi urbaine et sociale.

Grenoble - Village Olympique - Août 2014

– L’aspect logistique

Le Village Olympique est le lieu d’hébergement et, d’une certaine manière, de préparation psychologique des athlètes avant le début des compétitions. Il se doit donc de répondre aux attentes de confort et de quiétude des athlètes engagés, que ce soit lors des Jeux Olympiques ou lors des Jeux Paralympiques.

Structure majeure des Jeux, le Village dispose ainsi d’une multitude de services et de prestations (restaurants, centre médical et hospitalier, librairie, bureau de poste…).

Pouvant héberger jusqu’à 17 500 personnes – athlètes et accompagnateurs – tout en garantissant un espace relativement vaste pour ne pas donner une impression de lourdeur et d’étouffement, l’infrastructure doit mobiliser plusieurs hectares, ce qui n’est pas tâche facile dans un environnement urbain toujours plus dense.

Barcelone 1992 - Village Olympique

– L’aspect social et urbain

La nécessité de disposer d’une vaste zone implique toutefois de réfléchir à la reconversion post-olympique des différents immeubles édifiés pour l’événement.

Si la chose paraît aisée, il est en réalité plus délicat de composer avec cette double exigence.

Au regard du coût traditionnel du Village Olympique – environ 1 milliard d’euros – son implantation doit intégrer une logique urbaine de réhabilitation d’un quartier ou d’un territoire en friche. Ce fut le cas pour Barcelone 1992 et le réaménagement ambitieux du front de mer de la capitale catalane. Ce fut plus récemment le cas avec Londres 2012 et l’édification d’un nouveau quartier dans l’East End.

Ce type d’aménagement permet ainsi d’apporter une réponse crédible au projet olympique parfois décrié mais aussi de garantir la location ou la vente de plusieurs milliers d’appartements reconfigurés à l’issue des festivités olympiques.

Village Olympique - Paris 1992

Dans le cas de Paris…

En ce qui concerne une éventuelle candidature olympique de Paris, l’implantation du Village des Athlètes est une problématique qui ne date pas d’hier. La question fut posée pour l’élaboration du dossier de Paris 1992 puis lors du lancement de candidature de Paris 2008 et enfin au moment de la présentation du projet de Paris 2012.

A chaque fois, et sur le même modèle que le Centre Aquatique Olympique, les responsables sportifs et politiques français ont avancé une proposition différente : quartier parisien de Bercy-Tolbiac pour 1992, quartier de Saint-Denis pour 2008 et quartier parisien des Batignolles pour 2012.

Ces trois sites sont aujourd’hui aménagés et ne pourraient donc pas répondre aux besoins d’une candidature de Paris à l’organisation des Jeux d’été de 2024.

Dès lors, une nouvelle réflexion devra être menée et les prémices de celle-ci semblent d’ailleurs déjà d’actualité.

Le Comité Français du Sport International (CFSI), qui a récemment lancé un appel d’offres pour l’utilisation des sites, cherche ainsi un emplacement adéquat d’une quarantaine d’hectares, près de la capitale, pour édifier un potentiel Village Olympique.

La ville de Colombes pourrait être une solution. Possédant un passé olympique glorieux – hôte des Jeux de 1924 – elle présente la possibilité d’aménager un quartier résidentiel pour les athlètes près du Stade de France (22 minutes) – potentiel Stade Olympique de 80 000 places – et de nouveaux logements en proche périphérie de Paris.

Sur ce point, le député des Hauts-de-Seine, Alexis Bachelay, s’était exprimé à la fin de l’année 2013.

Comme il l’avait alors rappelé, « Colombes a accueilli le Stade et le Village Olympique en 1924, mais je ne suis pas là pour défendre un territoire plutôt qu’un autre mais pour dire : pourquoi pas !

Le débat mérite d’être ouvert ».

Autre ville, autre solution possible (12 minutes) : La Courneuve. Ville de la banlieue de Paris, La Courneuve pourrait elle aussi répondre aux exigences olympiques et offrir une reconversion assurée aux immeubles aménagées pour l’événement.

Un quartier moderne et fonctionnel serait ainsi établi dans une ville qui pourrait dès lors profiter de l’impact des Jeux pour redynamiser son territoire et ses installations existantes.

Une troisième solution – mais ce n’est bien sûr pas la seule – pourrait cependant être avancée avec le développement soutenu du Sud de la capitale et notamment du Val-de-Marne. Ce département, candidat à l’accueil du futur Grand Stade de rugby, pourrait en effet s’engager dans la construction d’un Village Olympique.

Comme l’a récemment précisé le site « 94 Citoyens », « le Président du Conseil Général du Val-de-Marne, Christian Favier, a confirmé ce jeudi 25 septembre, lors d’une séance de questions-réponses à la presse, qu’un Village Olympique pourrait éventuellement être installé dans le département et qu’il y était favorable.

Le Sénateur PCF a motivé sa réponse par le caractère accélérateur de développement et d’investissement de ce type d’événement ».

Cette troisième possibilité aurait néanmoins – contrairement aux deux précédents territoires – l’inconvénient de ne pas être proche des principales installations olympiques et en particulier du Stade de France (45 minutes).

Une chose est sûre aujourd’hui. Le Village Olympique ne pourra pas être édifié dans Paris intra-muros. Un handicap pour la candidature française, mais pourquoi pas un avantage si le choix d’emplacement apparaît en adéquation avec la dynamique du projet et des impératifs olympiques.

Illustrations :
– Vue des immeubles du Village Olympique des Jeux de 1968 (Crédits – Village Olympique Grenoble / Août 2014)
– Vue aérienne du Village Olympique des Jeux de 1992 (Crédits – Barcelona Olimpica)
– Projet d’aménagement du Village Olympique des Jeux de 1992 dans le quartier parisien de Bercy Tolbiac (Crédits – Dossier de candidature de Paris 1992)

21 pensées

  1. Pour moi je pense que l’idée de le faire à Colombes est justement une très bonne idée. Pas loin du Stade de France et du possible Centre Aquatique (Si construit un jour) et situer pas loin non plus du Bois de Boulogne autre principal lieux de compétitions (environ 18 min).

    Maintenant le problème est que les athlètes accepteront ils de faire 22 min ou 18 min pour arriver au stade ou au village (en plus d’éventuels problèmes de circulation) sans être fatiguer.

    Barcelone, Sydney, Londres ont eu l’avantage de bénéficier d’un « Parc Olympique » avec le village tous juste à coté. Paris n’aura pas trop cette possibilité.

    1. Certes, sauf à l’idée de faire du futur Grand Stade de rugby (82 000 places), le Stade Olympique et construire ainsi le Village à proximité. Mais situé près d’Evry, cet ensemble serait encore plus éloigné du reste des principales installations (Boulogne, Bercy Arena, Roland Garros, Grand Palais…).

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