Dans le cadre d’une candidature olympique, l’adhésion populaire est un élément primordial pour la réussite et le succès d’un tel projet. Tokyo fut l’un des exemples de ces dernières années.
Malgré un dossier technique de haute tenue, la capitale japonaise fut éliminée au second tour de l’élection de la Ville Organisatrice des Jeux d’été de 2016. A l’époque, en 2009, le taux de soutien à la candidature nippone n’était alors que de 55% au Japon et 56% à Tokyo. Un score clivant.
Quelques années plus tard, reprenant les grandes lignes de son projet pour 2016, Tokyo se décida à présenter une nouvelle candidature olympique. Cette fois-ci, les Japonais réussirent un sans faute : dossier de grande qualité technique, projet durable et héritage pris en considération et taux de soutien élevé (92%).
Aujourd’hui, cette problématique demeure pour les villes désireuses de se porter candidates aux JO 2024.
Les cités allemandes de Hambourg et Berlin ont d’ailleurs parfaitement compris cet élément puisque l’une et l’autre ont donné la parole à leurs citoyens durant l’été. Dans les deux cas, plus de 10 000 personnes ont participé à l’enquête mise en ligne sur les sites internet des villes.
Si elle souhaite porter une ambition olympique, la France devra elle aussi analyser, travailler et convaincre l’opinion publique et ce, en dépit d’une situation économique et financière critique.
A l’heure actuelle, et selon un sondage réalisé en mars dernier, près de 52% des Français souhaitent une candidature de l’Hexagone. Un chiffre bas. Un chiffre similaire à celui rencontrer par la capitale allemande. Deux villes qui garantissent pourtant l’existence des principales infrastructures nécessaires à la tenue des Jeux mais deux villes qui sont de fait handicapées par un enthousiasme aux abonnés absents.
Les choses pourraient néanmoins être amenées à évoluer dans les prochains mois. En effet, si Paris présente sa candidature, la population francilienne – et plus largement française – sera consultée et mobilisée sur les réseaux sociaux et sur une plate-forme numérique dédiée et un référendum local pourrait même être imaginé.
Le contexte économique et social est sans nul doute l’un des éléments qui explique une telle méfiance – certains parleront même de défiance – à l’égard des Jeux Olympiques et de l’immense défi que représente l’organisation de l’événement pour une ville et un territoire. La capitale norvégienne est d’ailleurs confrontée à cette méfiance pour les Jeux d’hiver 2022, les sondages indiquant, mois après mois, une baisse significative des partisans. Malgré un solide dossier technique, Oslo pourrait en conséquence payer le prix de ce désamour et perdre la course face à Pékin (Chine) ou Almaty (Kazakhstan), deux nations qui n’ont pourtant pas la même approche et la même tradition des sports d’hiver que la Norvège.
Mais à l’image de Barcelone en 1992 ou plus récemment de Londres en 2012, les Jeux peuvent pourtant permettre de redynamiser un territoire urbain, d’en modifier la nature et de surcroît, d’en assurer la transformation sur le long terme.
Le succès récent de l’ouverture au public du Queen Elizabeth Olympic Park va d’ailleurs dans ce sens et ce, alors même que la plan de régénération urbaine est loin d’être achevé puisqu’il se compose de plusieurs étapes s’échelonnant sur une vingtaine d’années.
Cette considération de “l’après-JO”, que la Grèce et Athènes ont immanquablement négligée, est primordiale elle-aussi afin d’assurer le succès d’une candidature et plus globalement, la réussite organisationnelle.
Là encore, si la France et Paris décident de se lancer dans la course olympique, la planification devra se faire avec minutie et précision afin de permettre une reconversion et une utilisation adéquates des sites sportifs et une parfaite intégration des nouveaux équipements, en termes de logements (héritage du Village Olympique) ou de transports (prise en compte du Grand Paris Express).
Ces deux éléments que sont l’opinion publique et la planification olympique sont et seront sans aucun doute au cœur des réflexions que mènera le Comité International Olympique (CIO) dans le cadre de sa réforme “Agenda 2020”.
Car aujourd’hui, plus qu’hier, toutes les villes du monde ne peuvent prétendre accueillir un événement aussi important sur le plan économique, logistique et humain. Mais celles qui le peuvent, doivent et devront le faire bien.
L’avenir olympique en dépend dès maintenant.
15 pensées