JO 2022 : L’absence française…

Dans la course aux Jeux d’hiver de 2022, le scénario d’un duel final entre Almaty (Kazakhstan) et Pékin (Chine) se précise chaque semaine davantage, au regard des difficultés rencontrées par les trois autres Villes Requérantes, notamment celle qui faisait figure de favorite, Oslo.

Pourtant, rien ne permettait d’imaginer un tel duel il y a encore quelques mois.

Répondant à la règle tacite de rotation des continents, l’édition 2022 aurait du autre acquise à l’Europe en l’absence d’une candidature américaine.

Aujourd’hui, les cartes sont rebattues et la France pourrait regretter de ne pas avoir porté une candidature. Car malgré l’échec cuisant – mais logique compte-tenu de la préparation et d’un mauvais timing – rencontré par Annecy pour l’édition 2018, le pays avait des raisons d’espérer.

Annecy-2018

Au regard des atouts naturels de l’Hexagone – avec notamment la qualité et la renommée des domaines skiables alpins – un dossier tricolore aurait en effet pu être redoutable sur la scène internationale.

Sans vouloir minimiser les chances des villes actuellement en course, Nice voire Grenoble auraient sans doute été des rivales pertinentes pour prétendre accueillir l’événement sportif planétaire.

La première, du fait de sa situation géographique unique, aurait présenté un projet intéressant bien que similaire dans le concept mer/montagne avec l’organisation des JO de Sotchi 2014 et celle à venir de PyeongChang 2018.

La seconde se serait basée sur son expérience olympique des Jeux de 1968 et l’héritage qui en a découlé, pour fondé un projet sportif de grande qualité pour les Alpes et l’Isère.

Mais des deux villes, seule Nice avait véritablement démontré un intérêt pour l’échéance olympique de 2022, quelques semaines seulement après l’échec d’Annecy dans la course aux Jeux de 2018.

JO 2018 - Nice

Il faut dire que le Maire de la cité varoise a été particulièrement actif dans la promotion du projet olympique, mentionnant à juste titre les nombreuses qualités de Nice et ses environs.

Lors de la présentation officielle et du grand oral devant le Comité National et Sportif Français (CNOSF), Christian Estrosi avait ainsi précisé que Nice avait en sa possession, « le projet le plus concentré, avec tous les sites réunis dans un rayon de 50 kilomètres.

Nous avons tous les moyens de transport, une gare TGV, TER, le second aéroport international de France après Roissy, mais devant Orly ».

Ancien athlète, le Maire de Nice avait fait de la thématique des transports une priorité et même, l’un des éléments-clés de son projet.

« J’ai vécu suffisamment de Jeux Olympiques pour savoir que la question des transports peut être un enfer. Nous aurons une voie olympique qui traversera tout, du premier au dernier site ».

Christian Estrosi avait bien entendu placé l’hébergement comme un autre élément fondamental du dossier niçois.

« Notre capacité d’hébergement est de 140 000 lits.

L’événementiel est notre cœur de métier. Nous organisons des événements toute l’année. Ça représente 55% de notre chiffre d’affaires.

Nous sommes la deuxième destination touristique après Paris.

Nous ne sommes pas au bord de la mer, nous sommes au bord de la montagne. La mer, c’est notre décor ! »

Comme le mentionnait le Rapport de la Commission d’évaluation du CNOSF, la ville de Nice proposait l’aménagement de 13 sites (dont 10 existants) pour un budget de construction de 371,6 millions d’euros.

Deux pôles étaient prévus : un pôle glace à Nice (6 sites) d’une part, avec notamment le grand stade comme lieu des Cérémonies olympiques, des épreuves de patinage artistique et de hockey-sur-glace et un pôle neige autour des stations de Beuil/Valberg (épreuves nordiques), Auron/Saint-Étienne de Tinée (ski alpin) et Isola 2000 (snowboard et freestyle) d’autre part.

Nice 2018 - logo

Alors ce projet n’a finalement pas vu le jour et ne verra pas le jour ni en 2022, ni en 2026, le CNOSF ayant préféré misé sur une éventuelle candidature olympique française à l’organisation des Jeux d’été.

Néanmoins, patrie du Baron Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux Olympiques, et terre de sports par excellence, la France ne devrait pas écarter ainsi l’occasion de pouvoir démontrer à nouveau au monde entier, son savoir-faire et son expertise en matière de grands événements sportifs.

Surtout, la France doit oser et s’imposer pour revenir au centre des décisions avant d’être durablement évincée de la scène sportive hivernale par des puissances émergentes dans ce secteur. A l’image du Kazakhstan ou de la Chine

Illustrations :
– Logo officiel d’Annecy 2018
– Charte graphique du dossier de candidature de Nice 2018 (Crédits – Drims Creative)
– Logo officiel de Nice 2018

3 pensées

  1. La France n’ose pas s’imposer, et c’est malheureusement pas le seul problème. D’un côté, les institutions ne veulent pas tenter le coup, et de l’autre le grand public ne soutient pas assez ces projets et les critique énormément.

    Si on avait su que l’Europe serait si peu présente, peut-être aurait-on davantage oser candidater, et s’assurer une forte chance de victoire… Cela aurait pu même inciter d’autres pays à poser une candidature, comme l’Espagne avec Barcelone. Alors évidemment, 2024 à été privilégier à 2022, et ceci explique peut-être cela. Mais la France sait pourtant que 2024 est une échéance plus complexe, avec davantage de concurrence (particulièrement européenne !) et donc moins de chance. Et visiblement, elle n’envisage pas de le faire, même en 2026… Seuls les JO d’été semblent l’intéresser… Certes, la France a déjà organisé plusieurs JO d’hiver (24′, 68′ et 92′) que de JO d’été (1900 et 1924), et il y aurait plus de logique et de symbolisme à viser des Jeux d’été, mais visiblement, on écarte volontairement des opportunités importantes, ce qui n’est pas logique…

    Et d’un autre côté, la France s’absente car elle n’est pas assez soutenu par les Français, n’y voyant que des mauvais côtés… Evidemment des Jeux coûtent chers, mais à quoi bon préférer des événements comme une Coupe d’Europe de football (à 2 milliards d’euros, où l’on construit de nouveaux stades alors qu’on en a déjà des TAS !) ou des Expo universelles (quand on voit les coûts de celles-ci : 42 milliard d’euros pour Shanghai 2010, Milan 2015 sera à près de 15 milliard, et Dubai au moins 13.5 milliards… Les gens estiment que la culture est moins coûteuse que les JO apparemment)… Et du coût la France favorise d’autres événements aux JO…

  2. Article intéressant, tout comme le commentaire de Fabien.

    De mon côté, je pense que la grande erreur de la France ces dernières années est d’avoir présenté Annecy pour 2018 et de ne s’être pas lancée dans la course pour les JO de 2020 avec Paris. Peut-être qu’avoir été bons perdants en 2012 et être ensuite resté connecté avec le CIO pour l’échéance de 2020 aurait permis à Paris de s’imposer. Je le crois. Annecy a été un choix très mal compris par le monde olympique.

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