JO 2024 : « Je ne sais pas si la France, aujourd’hui, est capable d’organiser des Jeux »

Le constat est sévère. Il est signé Guy Drut, membre français du Comité International Olympique (CIO).

Au lendemain de l’élection de Tokyo comme Ville Hôte des JO 2020, les regards se tournent progressivement vers l’Olympiade suivante, à savoir celle de 2024 et en particulier vers Paris, la capitale française étant pressentie pour être candidate.

Stade de France - Paris 2012

Toutefois, aucun dirigeant français ne souhaite actuellement se précipiter, surtout pas les membres tricolores du CIO, à commencer par Guy Drut.

Selon l’ancien Champion Olympique du 110m haies (Montréal 1976), « faut pas rêver.

Ça fait deux fois que je fais partie de la Commission d’évaluation, pour les JO 2016 et 2020, j’ai parcouru pas mal de villes.

Je ne sais pas si la France, aujourd’hui, est capable d’organiser des Jeux ».

Il faut dire que depuis 2005 et la dernière tentative française pour les JO d’été, le monde a changé et Paris aussi.

La crise économique est passée par là, modifiant quelque peu les priorités des États, comme en témoigne le retrait de Rome de la course aux Jeux de 2020 ou encore le modèle austère proposé par Madrid.

De fait, la France est-elle aujourd’hui en mesure de fédérer l’ensemble des forces vives du pays autour d’un projet olympique ? La classe politique adhérera-t-elle au projet, de même que le secteur économique, industriel ou encore syndical ?

Paris2012 - Assemblée Nationale

En outre, l’aménagement urbain à Paris a considérablement réduit les possibilités de construction de sites intra-muros. A l’image du quartier des Batignolles, prévu pour accueillir le Village des Athlètes des JO 2012, nombre de quartiers sont désormais occupés ou en cours d’occupation par des infrastructures diverses, ce qui pose la question de l’implantation des sites olympiques en cas de nouvelle candidature parisienne.

Enfin, même si certains projets ont survécu à l’échec de Paris 2012, d’autres en revanche, n’ont pas dépassé le stade de la planification et des images de synthèse. Ainsi, le Centre Aquatique Olympique d’Aubervilliers est encore dans l’attente d’un coup de pouce des principales autorités politiques, tandis que le projet de Superdome de la Porte de La Chapelle (gymnastique) est aujourd’hui abandonné.

Quid également d’infrastructures telles que Roland Garros, dont l’extension est devenue, au fil des ans et des polémiques, un véritable « serpent de mer » ?

Village Olympique - Quartier des Batignolles

Paris a donc beaucoup de travail à faire avant de pouvoir prétendre candidater à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques.

En plus des questions urbanistiques, la capitale française et l’ensemble du mouvement sportif hexagonal, devront se poser la délicate question du lobbying, car aujourd’hui, une chose est sûre, sans financement adéquat et sans un intense travail de lobbying, aucune candidature – même sérieuse – ne peut obtenir les Jeux.

L’échéance municipale de mars 2014 aura peut être vocation à débloquer la situation. Mais selon Guy Drut, « aucun des candidats potentiels [parmi ceux qui ont des chances d’être élus] n’a pris contact avec des membres du CIO, en tout cas pas avec moi ».

Manque de volonté politique, économique et sportive ? Une candidature française aux JO de 2024 ne semble pas encore à l’ordre du jour. Quoiqu’il en soit, Tony Estanguet, triple Champion Olympique de canoë-kayak prévient :

« Il faut que l’on comprenne bien les enjeux, que l’on comprenne vers où va le CIO et comment la France peut participer à cette action là, parce que sinon, on restera à côté de la partie et on regardera les autres jouer sans nous ».

Illustrations : Crédits – Paris 2012 :
– Vue du Stade de France avec le Centre des Médias (à droite), le Centre Aquatique Olympique (à gauche) et les Pavillons multisports (en haut)
Déclaration de soutien des principaux partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale
– Vue du Village Olympique dans le quartier des Batignolles