Tokyo 2020 : Le CIO se laisse quatre semaines pour prendre une décision

Malgré une pression sans cesse plus forte, le Comité International Olympique (CIO) entend respecter le calendrier qu’il s’est fixé concernant le maintien ou le report des Jeux d’été de Tokyo 2020. De fait, comme l’a annoncé ce soir la Commission Exécutive de l’institution de Lausanne (Suisse), aucune décision ne sera prise avant les quatre prochaines semaines.

Thomas Bach, Président du Comité International Olympique, lors de la cérémonie d’allumage de la flamme des Jeux de Tokyo 2020, le 12 mars 2020 (Crédits – CIO / Greg Martin)

Tout au long de la semaine qui s’achève, de nombreuses réactions ont été partagées sur les réseaux sociaux par des athlètes, des Fédérations sportives, voire même par certains membres du CIO.

Cette pression n’a toutefois pas fait dévier l’institution de sa stratégie qui est, pour l’heure, d’attendre et de ne pas se précipiter sur une décision qui aura, quoiqu’il en soit, d’importantes répercussions. Face à un contexte sanitaire international qu’il sait inédit, le CIO a ainsi rappelé son positionnement à l’issue d’une réunion de la Commission Exécutive qui s’est déroulée ce dimanche 22 mars.

Dans un communiqué adressé aux médias, et dont la teneur intéressera à n’en pas douter athlètes et décideurs sportifs, l’institution indique notamment :

Afin de préserver la santé de toutes les personnes concernées et de contribuer à contenir le Covid-19, la Commission Exécutive du CIO a annoncé aujourd’hui que le CIO allait accélérer la planification de scénarios pour les Jeux de Tokyo 2020.

Au travers de ce propos introductif, l’institution évoque publiquement l’examen de solutions alternatives au maintien des Jeux aux dates prévues, soit à compter du 24 juillet prochain. Cette semaine, le Président du CIO avait déjà fait savoir que les différents acteurs engagés dans le processus d’organisation des Jeux étaient à la tâche pour assurer la tenue de l’événement à un moment ou à un autre, en écartant cependant l’idée d’une annulation pure et simple de la manifestation sportive planétaire.

Aujourd’hui, la Commission Exécutive a abondé dans ce sens. Une surprise ? Certainement pas, tant les conséquences d’une annulation seraient gravissimes pour le CIO, mais surtout pour le Japon.

De gauche à droite, Yuriko Koike, Gouverneure de Tokyo ; Yoshiro Mori, Président du Comité d’Organisation de Tokyo 2020 ; Thomas Bach, Président du Comité International Olympique ; et Shinzo Abe, Premier Ministre du Japon, mercredi 24 juillet 2019 (Crédits – CIO / Greg Martin)

Dès lors, compte-tenu d’une amélioration de la situation sanitaire en Asie et face à l’accroissement des cas en Europe et dans le reste du monde, le CIO et ses partenaires – dont le Comité d’Organisation (TOCOG) ont peu à peu posé les bases d’un report, avec des conditions et des échéances distinctes, dont les modalités devront être affinées dans les jours et les semaines à venir.

Car plus que tout autre événement au monde, l’organisation des Jeux représente un défi aux multiples facettes.

Si elle implique bien sûr des considérations financières, entre les dépenses réalisées depuis sept ans pour l’aménagement des sites et autres infrastructures, et le niveau inédit de partenariats déclenchés sur le sol nippon, l’organisation des Jeux répond aussi à une certaine disposition calendaire.

Premier événement sportif au monde, les Jeux d’été doivent en effet s’intercaler entre les Championnats du Monde – souvent organisés en années impaires pour ne pas impacter l’année olympique – et d’autres manifestations d’envergure. Or, en repoussant l’échéance à un an, voire même à deux ans, le risque serait d’empiéter sur des événements déjà planifiés, comme l’UEFA EURO 2020 – décalé à l’été 2021 -, les Mondiaux d’athlétisme à Eugene (États-Unis), les Mondiaux de natation à Fukuoka (Japon), sans oublier, plus tard, les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Pékin 2022 et la Coupe du Monde de Football de la FIFA au Qatar.

Dans son communiqué, la Commission Exécutive évoque tour à tour certains des challenges à relever et l’impérieuse nécessité d’obtenir l’appui de toutes les parties au projet olympique pour parvenir à une décision convenable et adéquate pour chacun :

Un certain nombre de sites essentiels pour la tenue des Jeux pourraient ne plus être disponibles. La question des millions de nuitées déjà réservées dans les hôtels est extrêmement difficile à gérer, et le calendrier sportif international dans 33 sports olympiques au moins devrait être adapté. Et ce ne sont là que quelques-uns des nombres, très nombreux défis à relever.

Par conséquent, après étude des différents scénarios possibles, il faudrait le total engagement et la pleine coopération du Comité d’Organisation de Tokyo 2020 et des autorités japonaises, ainsi que de toutes les Fédérations Internationales (FI) et de tous les Comités Nationaux Olympiques (CNO). Cela nécessiterait également l’engagement et la collaboration des diffuseurs détenteurs de droits et de nos sponsors TOP dans le cadre de leur soutien continu et précieux au Mouvement Olympique, ainsi que la coopération de tous les partenaires, fournisseurs et autres prestataires des Jeux.

Dès à présent, le CIO va donc poursuivre ses consultations auprès des différents acteurs mobilisés pour affronter une crise sans précédent pour le Mouvement Olympique depuis les deux Guerres Mondiales et les tensions suscitées par la suite durant la Guerre Froide.

A l’aune des recommandations qui seront formulées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et sur la base des discussions et de l’étude menées par le CIO, l’institution prendra alors une décision à l’issue des quatre prochaines semaines, soit à la fin du mois d’avril ou tout au plus, au début du mois de mai.

Thomas Bach, Président du Comité International Olympique (Crédits – CIO / Christophe Moratal)

Pour rassurer les athlètes, dont beaucoup sont actuellement dans une situation de confinement, le Président du CIO a par ailleurs eu un message à destination de ce public particulièrement attentif à l’évolution de la situation, tant sur le plan sanitaire que sportif.

Pour Thomas Bach :

Les vies humaines ont la priorité sur tout, y compris sur la tenue des Jeux. Le CIO veut faire partie de la solution. C’est pourquoi nous avons fait de la protection de la santé de toutes les personnes concernées et de la contribution à l’endiguement du virus notre principe directeur.

Je forme le souhait, et nous travaillons tous dans ce but, que l’espoir exprimé par tant d’athlètes, de CNO et de FI des cinq continents se réalise : que la flamme olympique soit là pour nous montrer la fin de ce tunnel obscur dont nous ne connaissons pas la longueur mais que nous traversons tous ensemble.