Paris 2024 : Le renouveau annoncé de la Tour Eiffel et de ses alentours

Dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024, la Ville de Paris a engagé d’importants chantiers de transformation de l’espace urbain pour profiter de l’accélérateur offert par l’organisation future de l’événement planétaire.

Aujourd’hui, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, et ses équipes veulent aller plus loin encore et entendent proposer une métamorphose de grande ampleur pour l’un des quartiers de la capitale les plus fréquentés par les touristes mais, paradoxalement, quelque peu délaissés par les Parisiens.

(Crédits – Sport & Société)

Lancé en 2018, le projet Site Tour Eiffel a atteint une étape essentielle en vue de sa mise en application concrète. Ce mardi 21 mai 2019, la Ville de Paris a ainsi dévoilé le lauréat dudit projet pour repenser les usages du vaste espace allant de la Place du Trocadéro au Plateau Joffre, au fond du Champ-de-Mars, face à l’École Militaire.

Sur quelques 54 hectares, le cabinet d’architectes Gustafson Porter + Bowman – avec la participation de Chartier Corbasson, SATHY Architecture Urbanisme, Atelier Monchecourt & Co Architectes du patrimoine , MA-GEO Morel Associés, D&A Devillers & Associés et Ariane Dienstag – veut écrire une nouvelle page de la riche histoire et du patrimoine architectural et paysager de ce quartier.

Concrètement, le projet OnE I de Kathryn Gustafson prévoit de se baser sur l’impressionnante perspective reliant les différents monuments pour établir ce qui deviendra l’un des plus grands jardins de la Ville Lumière. L’espace urbain sera ainsi requalifié de part et d’autre de la Seine avec à chaque fois une empreinte paysagère marquée et la volonté de permettre aux habitants et aux touristes de flâner et de se déplacer sans devoir penser à la sécurité liée au passage des véhicules.

Visuel du projet de réaménagement, avec au premier plan la Place du Trocadéro (Crédits – GP+B)

Au niveau de la Place du Trocadéro, OnE I propose par exemple de réaménager le rond-point existant afin d’en faire un amphithéâtre de verdure en mesure de recevoir jusqu’à 12 000 personnes. La circulation automobile sera dès lors organisée en double sens et uniquement sur la partie extérieure de la Place.

Pour l’esplanade du Trocadéro, la perspective jusqu’à la Tour Eiffel demeurera inchangée.

Visuel de la Fontaine du Trocadéro et ses abords réhabilités (Crédits – GP+B)

Les aménagements paysagers se focaliseront en effet sur la partie basse du Trocadéro, avec en particulier la rénovation des plantations et des abords de la Fontaine de Varsovie, ainsi que le réaménagement des allées latérales pour assurer fluidité et facilité de circulation des piétons.

Des kiosques d’information et des stands de restauration devraient par ailleurs être installés sur l’esplanade et dans les jardins, notamment près de la Place de Varsovie qui sera elle-aussi requalifiée juste devant le Pont d’Iéna.

Le Pont d’Iéna et sa future promenade plantée et arborée face à la Tour Eiffel (Crédits – MIR for GP+B)

Ce dernier aura droit à un lifting inédit avec l’aménagement d’une coulée verte en son centre et d’arbres sur ses côtés.

Ce changement important transformera l’ouvrage en promenade piétonne, offrant la possibilité aux promeneurs d’enjamber la Seine et de rejoindre sereinement le parvis de la Tour Eiffel. Seuls les véhicules de secours et les bus pourront alors emprunter le pont sur l’emplacement des trottoirs actuels.

Visuel du parvis de la Tour Eiffel réaménagé (Crédits – MIR for GP+B)

Concernant la Tour Eiffel, les porteurs du projet prévoient un embellissement des jardins qui bordent aujourd’hui l’imposant édifice et les piliers de celui-ci.

L’accueil des visiteurs sera également repensé pour une meilleure fluidité et un confort accru, avec aussi l’aménagement de deux bagageries à l’entrée du parvis.

A plus longue échéance, d’ici 2030, la métamorphose du quartier gagnera le Champ-de-Mars, avec, pour ce secteur, le développement de plantations, l’engazonnement des jardins et une refonte des systèmes de drainage et d’éclairage, sans oublier la mise en place d’installations événementielles à vocation artistique et culturelle. L’accès au site depuis la station de métro École Militaire sera également réétudié.

Outre la perspective historique entre le Trocadéro et le Champ-de-Mars, les porteurs du projet OnE I ont aussi intégré deux autres composantes du quartier, à savoir le site Émile Anthoine et le Quai Branly.

Pour le premier, une réhabilitation est prévue pour établir un nouvel espace jeune, une Villa Médicis / Résidence de la Haute Gastronomie et un club house. Pour une totale intégration dans le dispositif d’accueil des visiteurs des nouveaux espaces, le site verra par ailleurs la création d’une Place Émile Anthoine, porte d’entrée pour les personnes arrivant de la station de métro Bir Hakeim.

Pour le second, une promenade continue entre Bir Hakeim et la Tour Eiffel, et jusqu’au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac sera proposée aux visiteurs qui pourront ainsi bénéficier d’une piste cyclable dans un cadre végétalisé, comme un point de départ du Parc Rives de Seine qui sillonne ensuite une partie des berges du fleuve. Des espaces d’information, de restauration et des boutiques seront aussi installées sur cette promenade.

Pour la réalisation de cet imposant chantier urbain, 72 millions d’euros devraient être nécessaires. Cette somme sera issue de la redevance versée à la Ville de Paris par la Société d’Exploitation de la Tour Eiffel (SETE).

Au cours des semaines qui viennent, une concertation publique sera instaurée pour présenter le projet. Cette étape se déroulera entre le 05 juin et le 12 juillet 2019 et permettra par la suite de nourrir les échanges en vue d’une modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU).

Le dépôt des autorisations est ensuite espéré pour le premier trimestre 2020 avant la mise en œuvre du chantier – dans sa phase pré-olympique – entre 2021 et 2023. Si l’échéance des Jeux constitue une évidente date-butoir, l’échéance des élections municipales du printemps 2020 n’en est pas pour autant moins importante.

La prochaine majorité municipale pourrait en effet revoir tout ou partie des ambitions de ce colossal projet, si bien sûr la majorité actuelle menée par Anne Hidalgo venait à ne pas être reconduite à la tête de la capitale.

Visuel de l’amphithéâtre de verdure de la Place du Trocadéro et vue sur la Tour Eiffel (Crédits – MIR for GP+B)

Quoiqu’il en soit, la mutation urbaine des alentours de la Tour Eiffel prendra forme, au moins temporairement, à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Cet été-là, plusieurs épreuves seront en effet organisées sur le Champ-de-Mars et en contrebas de la Tour Eiffel.

La Dame de Fer veillera ainsi à la tenue des épreuves de marche, du marathon et du triathlon (nage en eau libre). Lesdites épreuves pourront être suivies in situ grâce à des tribunes temporaires d’une capacité globale de 13 390 places installées le long du fleuve.

Sur le Champ-de-Mars, le tournoi de beach-volley prendra place au cœur d’une arène éphémère de 12 860 places, tandis que les épreuves de judo et de lutte seront hébergées au sein d’un Grand Palais éphémère qui sera implanté au niveau du Plateau Joffre. D’une superficie de 13 500 m², cet équipement temporaire pourra recevoir jusqu’à 9 000 spectateurs.

Outre des épreuves olympiques, le site du Champ-de-Mars devrait aussi être le cadre d’épreuves paralympiques. Avant confirmation plus tard cette année des sites définis par le Comité d’Organisation (COJO) et le Comité International Paralympique (IPC), il est envisagé d’organiser dans ce quartier les épreuves paralympiques du marathon, du para-triathlon, du football à cinq (ou cécifoot), ainsi que du para-cyclisme sur route (départ et arrivée).

En plus des compétitions sportives, le quartier verra aussi l’installation d’un live-site au niveau du Trocadéro.

Conjugués aux aménagements du projet OnE I, les installations prévues pour les Jeux permettraient d’accueillir au mieux les épreuves pré-citées, tout en offrant aux médias et aux téléspectateurs du monde entier, une image renouvelée de l’un des sites emblématiques de Paris.

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