LA 2028 : Le Long Beach Marine Stadium comme alternative pour l’aviron

Si le Comité d’Organisation de Los Angeles 2028 est en contact régulier avec le Comité International Olympique – la récente visite de Gene Sykes à Thomas Bach en a d’ailleurs été l’illustration parfaite – les échanges réguliers avec les Fédérations Internationales visent à affiner progressivement le concept des Jeux de 2028.

Ce mois-ci, la Fédération Internationale d’Aviron (World Rowing) a d’ailleurs inscrit à l’ordre du jour de l’une de ses réunions, une proposition concernant une alternative au site initialement sélectionné pour abriter les épreuves dans neuf ans.

Au cours du Conseil, qui s’est réuni du 09 au 11 février 2019, World Rowing s’est en effet vu soumettre une proposition pour étudier la possibilité de délocaliser les épreuves d’aviron de Lake Perris en direction de Long Beach. En lieu et place du site initial, LA 2028 a ainsi formulé l’idée d’établir les épreuves sur un autre site, en l’occurrence, le Long Beach Marine Stadium.

Vue du Long Beach Marine Stadium (Crédits – US Rowing)

Construit au milieu des années 1920, ce site fut hôte des entraînements et des épreuves d’aviron lors des Jeux de 1932, les premiers organisés dans la région de Los Angeles. Cette année-là, les athlètes avaient pu bénéficier d’équipements de qualité et avaient aussi profité de la proximité avec les spectateurs.

Comme le précise à ce sujet le Rapport officiel des Jeux Olympiques de 1932 :

Ici, une étendue d’eau de mer calme de deux mille mètres était bordée de rivages sablonneux, sur lesquels des milliers de spectateurs pouvaient s’asseoir et profiter des compétitions, à seulement quelques mètres des participants.

Durant ces Jeux, le site disposait d’une capacité d’accueil de 5 000 places fixes, avec 12 000 sièges temporaires en complément.

Tout au long des sessions, pas moins de 94 863 spectateurs furent présents pour assister aux différentes épreuves, ce qui avait permis d’engendrer des recettes de l’ordre de 84 740,50 dollars, soit 1,55 million de dollars en valeur actuelle (1,36 million d’euros).

Après les Jeux de 1932, le site est resté un équipement d’entraînement pour les athlètes américains, tout en accueillant des compétitions régulières de sports nautiques, notamment à l’initiative du Southern California Speedboat Club (SCSC). Outre sa vocation de site de compétitions, l’installation aménagée au cœur de Long Beach accueille également le public qui peut y pratiquer l’aviron et le ski nautique.

Aujourd’hui, une nouvelle vie est potentiellement en train de se dessiner pour le Long Beach Marine Stadium.

L’éventualité d’y implanter les épreuves d’aviron des Jeux de 2028 permettrait au site de revivre l’effervescence olympique, à l’instar d’une autre structure mythique, à savoir le Los Angeles Memorial Coliseum qui accueillera ses troisièmes Jeux après ceux de 1932 et 1984.

Épreuve d’aviron sur le Long Beach Marine Stadium lors des Jeux Olympiques de 1932 (Crédits – Rapport officiel des Jeux Olympiques de Los Angeles 1932)

Dans le cadre de sa candidature aux Jeux de 2024, puis après avoir accepté de concourir pour la seule échéance de 2028, Los Angeles avait pourtant mis en avant le site de Lake Perris :

Le Lac Perris offre aux athlètes un lieu de compétition de haut niveau, ainsi qu’un accès et des services adéquats pour toutes les parties prenantes au projet.

Néanmoins, l’installation des épreuves d’aviron – ainsi qu’une partie des épreuves de canoë – à Lake Perris pourrait constituer une charge dans le budget d’organisation des Jeux.

En effet, la distance séparant Lake Perris du campus de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) – site choisi pour abriter le Village des Athlètes – obligerait les organisateurs à prévoir un Village secondaire à proximité du site sportif. Des aménagements spécifiques devraient par ailleurs être réalisés à Lake Perris afin d’adapter l’installation à la venue d’athlètes et de milliers de spectateurs.

Au total, et selon les données compilées dans le dossier de candidature de LA 2028, de tels aménagements sur le Lake Perris nécessiteraient un investissement de l’ordre de 23,9 millions de dollars (21,01 millions d’euros), dont 11,8 millions pour les seules structures liées à l’aviron (10,37 millions d’euros), et ce, sans compter le coût de mobilisation d’un Village secondaire sur le campus de l’Université de Californie à Riverside (UCR).

Visuel du site de Lake Perris (Crédits – LA 2028)

L’option de Long Beach pourrait dès lors constituer un triple avantage pour le Comité d’Organisation.

Elle permettrait tout d’abord de réaliser de potentielles économies sur les aménagements à entreprendre avec, sinon la suppression de l’idée d’un Village secondaire, tout du moins la réduction du nombre de places à mobiliser pour les athlètes.

Elle permettrait ensuite aux compétiteurs d’être logés au sein même du Village de UCLA qui se trouve à environ 55,5 kilomètres du Long Beach Marine Stadium, alors que la distance entre le campus principal et Lake Perris avoisine les 140 kilomètres.

Elle permettrait enfin de consolider la place de Long Beach comme pôle majeur des compétitions de LA 2028.

Conformément aux engagements de la candidature, la cité portuaire est en effet sollicitée pour accueillir le BMX, la natation en eau libre, la voile, le triathlon, le handball et le water-polo durant les Jeux Olympiques, puis le triathlon durant les Jeux Paralympiques. L’ajout de l’aviron renforcerait donc le concept du Long Beach Sports Park pour lequel des travaux sont déjà envisagés par les autorités locales.

Visuel du Long Beach Sports Park (Crédits – LA 2028)

Néanmoins, comme toute proposition, des contraintes peuvent aussi se faire jour.

Soumis à l’aléa des marées, le bassin pourrait ainsi pénaliser les organisateurs et avoir des répercussions sur la tenue des courses. En outre, la présence d’un pont au dessus dudit bassin pourrait constituer une faiblesse pour la proposition de Long Beach. En faisant le choix de ce site, World Rowing et les organisateurs de LA 2028 pourraient conserver la distance standard de 2 000 mètres, mais avec un nombre de lignes de courses réduit à quatre, ou alors prendre la décision d’abaisser la distance à moins de 1 700 mètres afin de préserver six lignes de courses.

Pour évaluer l’impact d’un changement de site et afin de mesurer les avantages et les inconvénients de chaque option, la Fédération World Rowing a en tout cas indiqué qu’elle mènerait prochainement des études approfondies.

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