JO 2032-2036 : Saint-Pétersbourg envisage une candidature

Au cours des dernières années, et à de multiples occasions, la perspective d’une candidature olympique et paralympique de la Russie à l’organisation des Jeux d’été a été évoquée par des dirigeants sportifs et politiques.

Profitant de l’élan donné par l’organisation des Jeux d’hiver de Sotchi 2014, l’idée de soumettre par la suite une candidature aux Jeux d’été a pris corps autour de villes comme Kazan, Moscou, et surtout Saint-Pétersbourg.

Cérémonie de clôture des Jeux d’hiver de Sotchi 2014 (Crédits – CIO / Matthew Stockman / Getty Images)

L’ancienne capitale des Tsars de Russie a ainsi multiplié les appels du pied depuis 2013.

Cette année-là, les autorités locales profitèrent de l’accueil de la SportAccord Convention – rassemblant les leaders sportifs internationaux et des membres du Comité International Olympique (CIO) – pour évoquer la possibilité d’un projet en mai 2013. Cette perspective fut reprise dès octobre de la même année par le Gouverneur de Saint-Pétersbourg, Georgy Poltavchenko. Enthousiaste, ce dernier avait alors affirmé :

« Dans un avenir très proche, Saint-Pétersbourg ne sera pas une étape intermédiaire sur le relais de la flamme olympique, mais sera sa destination finale ».

Par ce propos, plus qu’explicite, le Gouverneur s’était fait l’ambassadeur d’une possible candidature de la ville pour l’accueil des Jeux de 2024 voire de 2028.

Aujourd’hui cependant, les deux échéances précitées ayant été attribuées à Paris (France) et à Los Angeles (États-Unis), la ville de Saint-Pétersbourg pourrait concentrer ses efforts sur l’Olympiade 2032 ou 2036 en fonction bien sûr des objectifs qui seront fixés par les autorités fédérales.

Cette semaine, une « source haut placée » a d’ailleurs remis en avant la possibilité d’une candidature estivale auprès de l’agence de presse russe Ria Novosti :

« Saint-Pétersbourg a proposé d’examiner la question de l’accueil des Jeux d’été dans la ville, mais il n’y a pas encore de décision ferme ».

Car il faut en convenir : à l’image de la candidature et de l’organisation de Sotchi 2014, et plus récemment de la Coupe du Monde de football 2018, un projet sportif d’envergure ne pourra être porté sur la scène internationale sans l’aval du Kremlin et donc du Président Vladimir Poutine.

Artisan des candidatures aux Jeux de 2014 et pour la Coupe du Monde de football 2018, Vladimir Poutine a fait du sport un vecteur majeur de sa politique et de sa communication. Cette stratégie est à l’évidence un moyen d’asseoir la place de la Russie sur l’échiquier international et ce, en dépit des sanctions infligées par la Fédération Internationale d’Athlétisme (IAAF), et des décisions du Mouvement Olympique et Paralympique actées en amont des Jeux de Rio 2016 concernant les soupçons de dopage.

Aussi, en tenant compte du mandat actuel du maître du Kremlin – qui doit s’achever en 2024 – l’échéance olympique de 2032 pourrait être une ligne d’horizon optimale pour une candidature russe. En effet, 2024 sera année Olympique à plus d’un titre, avec d’une part l’organisation des Jeux à Paris et d’autre part le déroulement théorique de la phase de candidature, un an avant l’élection de la Ville Hôte des Jeux de 2032.

Il faudra néanmoins surveiller les prochaines décisions du CIO quant à ce timing qui pourrait évoluer, compte-tenu de l’attribution des Jeux de 2028 plus tôt que prévu et des récentes refontes dans les conditions de candidatures pour palier aux défections.

Vladimir Poutine lors d’une parade militaire sur la Place Rouge, le 09 mai 2016 (Crédits – Présidence de la Fédération de Russie)

Quoiqu’il en soit, le projet de Saint-Pétersbourg pourrait s’inspirer de certains éléments qui figuraient dans le cadre de la candidature aux Jeux de 2004.

Bien que non-retenu par le CIO sur la short-list finale, le dossier de la cité russe – élaboré par le Comité Olympique de Russie (RNOC) et le Bureau du Maire de l’époque, Anatoly Sobtchak – faisait alors mention d’une entreprise estimée à 3 milliards de dollars, avec la rénovation de 16 enceintes sportives et la construction de 10 nouveaux sites.

Ainsi, le plan de la candidature prévoyait notamment l’édification d’un Centre Aquatique et d’un bassin d’aviron dans le secteur du Polezhayevsky Park. Le Village des Athlètes aurait pour sa part pu être aménagé selon trois plans distincts, dans le quartier Vasileostrokskiy (1), dans le quartier Novo-Izmailovsky (2) ou près de la Kosmonavtov Street (3).

En dessous du Stade Krestovski, les trois propositions pour l’implantation du Village des Athlètes dans la candidature aux Jeux d’été de 2004 (Crédits – Capture d’écran Sport & Société / Google Maps)

Inexistant à l’époque de la dernière candidature de Saint-Pétersbourg, le Stade Krestovski – conçu par le cabinet nippon Kisho Kurokawa Architect & Associates – serait en toute logique sélectionné comme Stade Olympique d’un nouveau projet olympique et paralympique.

Édifié pour la Coupe des Confédérations 2017, ce stade de 68 200 places et doté d’un impressionnant toit rétractable, a ensuite accueilli sept rencontres de la dernière Coupe du Monde de football, dont la demie-finale entre la France et la Belgique.

L’expérience d’accueil de grands événements s’enrichira également dans deux ans, le Stade Krestovski devant abriter une partie des matchs de l’UEFA Euro 2020, parmi lesquels un quart de finale.

(Crédits – Zenit Football Club / Site officiel)

Si une candidature russe venait à se confirmer au cours des prochains mois et des prochaines années, elle pourrait se retrouver en concurrence avec Berlin (Allemagne) – écartée de la course interne face à Hambourg pour les Jeux de 2024 – mais aussi avec des villes africaines (Casablanca, Durban) ou asiatiques (New Delhi), sans oublier, peut-être, des villes sud-américaines (Buenos Aires, Lima) ou australiennes (Brisbane).