JO 2024 : Et si le danger pour Boston venait de l’intérieur ?

Actuellement en course pour être sélectionnée comme Ville Requérante par le Comité Olympique des États-Unis (USOC) pour les Jeux d’été de 2024, Boston (Massachusetts) mise sur son projet compact ainsi que sur la vaste mobilisation politique et institutionnel.

Jusqu’à présent, la principale ville de l’État du Massachusetts a réussi à avancer pas à pas sans encombre. D’un petit comité de soutien, la ville s’est dotée d’un Comité de Candidature digne de ce nom et capable de rivaliser avec les dossiers de Washington District of Columbia, Los Angeles (Californie) et San Francisco (Californie).

Néanmoins, en voulant convaincre à tout prix l’USOC, le Comité de Boston 2024 n’aurait-il pas sous-estimé le pouvoir de nuisance des opposants à l’organisation des JO ?

Ces derniers ont publié en février 2014 un rapport portant sur les coûts d’organisation des Jeux. Loin des estimations des partisans de Boston 2024 (4,5 milliards de dollars pour les Jeux et 5 milliards d’investissements supplémentaires), les opposants avancent les chiffres de 10 à 20 milliards de dollars pour permettre l’accueil des JO en 2024. Un montant conséquent qui pourrait en rebuter plus d’un.

Boston 2024 - No Boston Olympics

A chaque candidature, des groupes d’opposition se mettent en place et tâchent – outre de rencontrer les membres de la Commission d’évaluation lors des visites olympiques – de mobiliser une large portion de la population locale afin de contrer les projets portés par les partisans olympiques.

L’un des exemples fameux en la matière n’est autre que Munich 2018. La cité allemande avait souhaité se porter candidate à l’organisation des JO d’hiver mais un groupe d’agriculteurs locaux et d’opposants avait tenté de bloquer l’avancée du projet, en particulier dans la région montagneuse de Garmisch-Partenkirchen.

Un référendum fut d’ailleurs organisé sous la pression des opposants à la candidature. Cette dernière bien qu’affaiblie avait finalement tenu le choc avant de s’incliner face à PyeongChang (Corée du Sud) lors du vote olympique de Durban (Afrique du Sud).

Une initiative comparable fut par la suite mise en place pour la candidature aux JO 2022. Fin 2013, les opposants parvinrent à court-circuiter le projet lors du référendum bavarois.

En ce qui concerne Boston, les opposants souhaiteraient eux-aussi que la parole soit directement donnée à la population locale au travers d’une consultation qui pourrait être organisée en marge des élections américaines de 2016.

Cela suppose néanmoins que la ville soit retenue par l’USOC.

L’institution américaine devrait logiquement se prononcer au début de l’année 2015 et ce, afin d’être dans les temps pour déposer la lettre d’intention auprès du Comité International Olympique, en septembre de la même année.

Co-Président du groupe « Non aux Jeux Olympiques à Boston », Chris Dempsey estime d’ailleurs qu’un référendum local serait une option intéressante à court terme.

Selon lui, « un vote est l’un des outils potentiels dans notre boîte à outils.

Notre mouvement est encouragé dans sa démarche par les résultats des sondages qui démontrent que la plupart des électeurs du Massachusetts s’opposent à la candidature olympique.

Et l’Histoire montre que lorsque les candidatures olympiques n’ont pas le soutien du public, elles sont vouées à l’échec.

Les électeurs du Massachusetts savent qu’il y a des défis beaucoup plus importants auxquels nous devons faire face plutôt que de savoir comment organiser une fête de trois semaines pour l’élite mondiale.

Une consultation populaire pourrait donc être un moyen de leur donner la parole dans un processus qui fonctionne la plupart du temps derrière des portes closes ».

Même si l’optique d’un référendum paraît aujourd’hui peu probable – surtout pour 2016, année électorale majeure pour les États-Unis – les représentants de « No Boston Olympics » espèrent parvenir à faire échec à la candidature en investissant notamment Internet et les réseaux sociaux.

Soit en amont de la décision du CIO, soit après. Un peu à la manière de Denver 1976. L’exemple est encore dans toutes les têtes expertes du Mouvement olympique et démontre toute la nécessité de convaincre une population locale parfois hostile à l’idée de financer un événement de la dimension des Jeux Olympiques.

A l’époque, la ville du Colorado fut désignée Hôte des Jeux d’hiver pour l’année 1976. En ce 12 mai 1970, Denver triomphe de Sion (Suisse) par 39 voix contre 30 et s’apprête donc à débuter les chantiers pour aménager les différents sites des compétitions.

Toutefois, le Comité d’Organisation va rapidement être confronté à une défiance croissante, en particulier en ce qui concerne le coût d’organisation jugé par nombre de citoyens comme étant sous-évalué. L’impact potentiel des Jeux et des sites implantés dans les Montagnes Rocheuses pose également problème ce qui conduit à l’organisation d’un référendum, le 07 novembre 1972.

Avec 60% des suffrages, la population refuse d’accorder une enveloppe budgétaire pourtant nécessaire à la tenue de l’événement olympique. Cela débouchera donc au retrait de Denver et à l’organisation d’un nouveau scrutin olympique. Finalement, ce fut la ville d’Innbruck (Autriche) qui remporta la mise et qui organisa les JO 1976.

Illustrations :
– Capture d’écrin du site officiel de « No Boston Olympics »
– Affiches des partisans et des opposants à Munich 2022
– Capture d’écrin de la page Twitter de « No Boston Olympics »